violées, elles attendent leur procès depuis 7 ans
Posté : 06 mars 2012 10:46
Cela fait 7 ans qu’elles attendent en vain le procès de leurs violeurs. En 2005, Stéphanie et Elsa (les prénoms ont été changés) ont déposé plainte pour des viols collectifs dont elles ont été victimes dès l’âge de 16 ans entre 1998 et 2002 dans leur cité HLM de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Les 19 auteurs présumés du crime, qui reconnaissent les faits mais disent qu’elles étaient consentantes, ont été mis en examen mais n’ont jamais été condamnés et sont donc toujours libres. Les deux jeunes femmes lancent aujourd’hui un appel à la justice pour qu’ils soient jugés au plus vite.
«T’es la pute du quartier, on t’as bien baisé !»
D’autant que même si elle a déménagé, Stéphanie continue de se rendre trois fois par semaine dans cette cité pour s’occuper de son père malade. Elle y croise régulièrement ceux qui l’ont violé. « Ils habitent toujours au même endroit » raconte Stéphanie sur RMC. « J’y vais avec la peur au ventre. A chaque fois j’ai droit à des insultes et des intimidations : "t'es la pute du quartier, on t'as bien baisé, si tu veux pas niquer avec nous ça va recommencer". Ma mère a été agressée 6 fois. Mon père a retrouvé une balle de 9mm dans sa boîte aux lettres. C’est bien beau de porter plainte, mais si derrière il ne se passe rien… ».
« Je suis maman et donc j’essaie de me reconstruire, mais j’ai déjà fait 7 tentatives de suicides. Ce qu'on attend d’un procès avec Elsa ? J'espère que cela va nous permettre d'être reconnues en tant que victimes. Que ceux qui nous ont violés prennent conscience que ce n'est pas normal, que ce n'est pas parce qu'on est des "filles de cités" que l'on a le droit de dire oui à tout. Je veux qu'ils paient ».
Plusieurs raisons expliquent le retard pris dans l’instruction. D’abord la loi du silence dans la cité. Ensuite, les 19 jeunes mis en examen utilisent tous les recours pour retarder le procès. Enfin, la cour d’assises de Créteil est déjà complètement surchargée par d’autres affaires. Mais pour Me Clotilde Lepetit, l'avocate des deux jeunes femmes, il y a urgence : « Plus le temps passe, moins la peine aura de sens. Et puis les auteurs des faits vont pouvoir démontrer que depuis ils se sont réinsérés et qu’ils ont changé. Le risque, c’est que la peine ne soit pas à la hauteur de la gravité énorme des faits ».