Caddie, en manque de trésorerie, que font les banques ?
Posté : 06 mars 2012 11:27
Le fabricant des célèbres chariots de supermarché Caddie, en cessation de paiement, a été placé, lundi 5 mars, en redressement judiciaire par la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg.
La société s'était déclarée en cessation de paiement vendredi, a indiqué Stéphane Dedieu, PDG de Caddie, dont le siège se trouve à Schiltigheim et le principal site de production à Drusenheim (Bas-Rhin). L'entreprise emploie 500 personnes en France. Les salaires du mois de février, qui n'ont pas été payés, devraient être pris en charge par le régime de garantie des salaires.
15 MILLIONS D'EUROS À TROUVER
Caddie accuse un sérieux manque de trésorerie. Fin février, l'intersyndicale a écrit au président de la République. Elle lui soumettait l'équation, pour l'instant sans solution, posée à l'entreprise : alors que son carnet de commandes est rempli et qu'elle gagne des parts de marché, elle manque cruellement d'argent frais pour ses investissements.
Il lui faudrait trouver, écrivait l'intersyndicale, environ 15 millions d'euros début mars. Sinon, prévenait-elle, le risque existait d'un "dépôt de bilan".
Caddie a en effet engagé un déménagement de ses activités industrielles de son site historique de Schiltigheim, dans l'agglomération de Strasbourg, vers Drusenheim, vingt-cinq kilomètres plus au nord, sur un site de 43 hectares où la firme a construit une usine largement robotisée. Mais cette évolution est freinée, semble-t-il, par la difficulté à emprunter sur un marché du crédit en crise.
L'intersyndicale déplore cette frilosité des banques, alors même que l'entreprise possède un patrimoine important – notamment son site de Schiltigheim.
La situation se complique d'une complexe transmission de l'entreprise créée en 1928, sous le nom des Ateliers réunis, qui fabriquait alors des mangeoires pour oiseaux et des égouttoirs. La marque déposée Caddie – dont l'entreprise n'apprécie guère l'usage commun (antonomase) – existe depuis 1957.
ORGANISATION D'UN TOUR DE TABLE
Soixante-six pour cent des parts de l'entreprise appartiennent à Alice Deppen-Joseph, fille adoptive du fondateur, qui cherche à vendre. L'actuel directeur général, Stéphane Dedieu, un ancien de la maison, revenu il y a deux ans et qui a la confiance des syndicats, tente d'organiser un tour de table assurant la poursuite de l'activité.
Des contacts avec un industriel britannique, puis avec le fonds stratégique d'investissement, ont été évoqués, sans avoir, semble-t-il, pour l'instant abouti. Le conseil régional d'Alsace pourrait, par l'intermédiaire d'une société de capital-investissement, s'engager également dans ce montage, qui, dans un second temps, pourrait aussi inclure les 33 % appartenant à une autre branche de la famille.
Les Ateliers réunis Caddie emploient aujourd'hui environ 1000 personnes dans le monde, dont la moitié en Alsace. Des sites de production existent au Portugal et en Chine et le groupe est présent commercialement dans 130 pays.
Il fabrique environ un million de chariots par an, pour les hypermarchés, mais aussi l'hôtellerie, les aéroports, etc. Ses derniers-nés, les chariots de la gamme Wind, équipés de supports pour les sacs en plastique, auxquels peuvent être adaptés des modules à écran tactile, seraient bien placés sur le marché allemand.