Hollande perd des voix au profit du FN.
Posté : 15 septembre 2016 12:31
LE FAIT DU JOUR. Fonctionnaires, classes populaires : à huit mois de la présidentielle la gauche apparaît de plus en plus coupée de ses fiefs traditionnels.
C'est un dîner d'été un peu particulier qui s'est tenu au soir du 31 août au ministère de la Fonction publique, rue de Lille (Paris VIIe). Autour d'Annick Girardin, la ministre, ont pris place des politologues et des spécialistes du Front national. Au menu : comment stopper l'impressionnante montée du FN chez les fonctionnaires ? Et, plus encore, reprendre pied dans ce fief traditionnellement acquis à la gauche. Il y a urgence, à voir une enquête électorale du Cevipof (centre de recherche de Sciences-po) qui a créé l'émoi au gouvernement. Au point qu'une note interne sur ce sujet a circulé dans le ministère, appelant à une réaction rapide.
« Depuis 2012, Marine Le Pen n'a cessé d'accroître son score chez les fonctionnaires, pointe Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS et auteur de l'étude. Une percée indéniable dans un milieu qui ne lui est pas favorable par nature. » Le chercheur figure justement parmi les convives ce soir-là.
Son constat paraît d'autant plus alarmiste que, ces derniers mois, François Hollande n'a pourtant pas été avare de « cadeaux » aux fonctionnaires. Revalorisation en mars dernier du point d'indice salarial gelé en 2010, hausse des primes des professeurs des écoles... Las, rien n'y fait, entre janvier et mai 2016, révèle l'enquête Cevipof, les intentions de vote pour Hollande reculent de 6 points chez les fonctionnaires (toutes catégories confondues). « Le fait d'avoir lâché sur ces points n'a pas changé leur regard sur le gouvernement », tranche Luc Rouban.
Alors, comment tenter de renouer avec cet électorat vital pour la gauche ? « La gauche pense toujours que les fonctionnaires votent pour elle, alors qu'aujourd'hui on en est très loin, admet Annick Girardin. Quand je les rencontre sur le terrain, je ressens une détresse face à la question de la laïcité pour laquelle ils ne sont pas formés, et face aux difficultés sociales qu'ils rencontrent. Ils souffrent d'un manque de reconnaissance de leur travail : nous devons leur envoyer des signaux en ce sens. » Ses services listent des pistes d'actions, comme l'attribution de logements aux agents les plus défavorisés. Un début de plan de reconquête ? Un autre participant au dîner, le politologue Jean-Yves Camus, est circonspect. « Je ne suis pas sûr qu'il faille traiter les fonctionnaires autrement que les autres électeurs », a-t-il fait valoir à la ministre.
Mais s'il n'y avait que les fonctionnaires ! C'est aussi avec les classes ouvrières que le divorce — entamé sous Jospin — paraît consommé. Ainsi l'épisode Alstom-Belfort résonne-t-il comme un écho aux désillusions, il y a trois ans, des sidérurgistes de Florange. Après la fermeture des hauts-fourneaux malgré les promesses de Hollande, une « stèle de la trahison » avait été dressée sur le site. Résultat, aujourd'hui, les salariés de l'usine de locomotives de Belfort ne croient pas aux engagements du président... et nombreux prêtent l'oreille aux sirènes frontistes.
Si le plan de reconquête des fonctionnaires paraît déjà « mission impossible », une stratégie équivalente en direction des classes populaires semble, elle, à huit mois de la présidentielle, totalement illusoire. Pour le président candidat — officieux pour l'instant,le constat est rude.
Source:Le Parisien.
C'est un dîner d'été un peu particulier qui s'est tenu au soir du 31 août au ministère de la Fonction publique, rue de Lille (Paris VIIe). Autour d'Annick Girardin, la ministre, ont pris place des politologues et des spécialistes du Front national. Au menu : comment stopper l'impressionnante montée du FN chez les fonctionnaires ? Et, plus encore, reprendre pied dans ce fief traditionnellement acquis à la gauche. Il y a urgence, à voir une enquête électorale du Cevipof (centre de recherche de Sciences-po) qui a créé l'émoi au gouvernement. Au point qu'une note interne sur ce sujet a circulé dans le ministère, appelant à une réaction rapide.
« Depuis 2012, Marine Le Pen n'a cessé d'accroître son score chez les fonctionnaires, pointe Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS et auteur de l'étude. Une percée indéniable dans un milieu qui ne lui est pas favorable par nature. » Le chercheur figure justement parmi les convives ce soir-là.
Son constat paraît d'autant plus alarmiste que, ces derniers mois, François Hollande n'a pourtant pas été avare de « cadeaux » aux fonctionnaires. Revalorisation en mars dernier du point d'indice salarial gelé en 2010, hausse des primes des professeurs des écoles... Las, rien n'y fait, entre janvier et mai 2016, révèle l'enquête Cevipof, les intentions de vote pour Hollande reculent de 6 points chez les fonctionnaires (toutes catégories confondues). « Le fait d'avoir lâché sur ces points n'a pas changé leur regard sur le gouvernement », tranche Luc Rouban.
Alors, comment tenter de renouer avec cet électorat vital pour la gauche ? « La gauche pense toujours que les fonctionnaires votent pour elle, alors qu'aujourd'hui on en est très loin, admet Annick Girardin. Quand je les rencontre sur le terrain, je ressens une détresse face à la question de la laïcité pour laquelle ils ne sont pas formés, et face aux difficultés sociales qu'ils rencontrent. Ils souffrent d'un manque de reconnaissance de leur travail : nous devons leur envoyer des signaux en ce sens. » Ses services listent des pistes d'actions, comme l'attribution de logements aux agents les plus défavorisés. Un début de plan de reconquête ? Un autre participant au dîner, le politologue Jean-Yves Camus, est circonspect. « Je ne suis pas sûr qu'il faille traiter les fonctionnaires autrement que les autres électeurs », a-t-il fait valoir à la ministre.
Mais s'il n'y avait que les fonctionnaires ! C'est aussi avec les classes ouvrières que le divorce — entamé sous Jospin — paraît consommé. Ainsi l'épisode Alstom-Belfort résonne-t-il comme un écho aux désillusions, il y a trois ans, des sidérurgistes de Florange. Après la fermeture des hauts-fourneaux malgré les promesses de Hollande, une « stèle de la trahison » avait été dressée sur le site. Résultat, aujourd'hui, les salariés de l'usine de locomotives de Belfort ne croient pas aux engagements du président... et nombreux prêtent l'oreille aux sirènes frontistes.
Si le plan de reconquête des fonctionnaires paraît déjà « mission impossible », une stratégie équivalente en direction des classes populaires semble, elle, à huit mois de la présidentielle, totalement illusoire. Pour le président candidat — officieux pour l'instant,le constat est rude.
Source:Le Parisien.