"Union européenne. Droite et extrême droite snobent le nouvel organisme d’éthique
Secoué par plusieurs affaires d’ingérences étrangères, le Parlement européen a approuvé, ce jeudi 25 avril, la création d’un organisme interinstitutionnel chargé de veiller au respect des règles éthiques par les élus.
La corruption est sa bête noire. Ex-employé de l’ONG Transparency International, l’eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund a dû batailler au Parlement pour voir enfin créé un organisme chargé des normes éthiques. Ce garde-fou, voué à traquer tout abus des élus, était une promesse de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (PPE, droite), en 2019. Il a pourtant fallu, note son compatriote Verts, attendre le scandale du Qatargate [2022] pour qu’elle agisse enfin. Et la dernière session du Parlement pour que cet organisme interinstitutionnel soit enfin adopté, hier (301 pour, 216 contre et 24 abstentions).
Au premier rang de ses détracteurs : le groupe d’extrême droite ID (où siège le Rassemblement national) et la droite PPE (Les Républicains, Centristes). Quant au Conseil européen, qui réunit les dirigeants des États membres, il ne s’y soumettra pas. Ce refus est incompréhensible pour Daniel Freund, alors que huit autres institutions de l’UE ont accepté ce contrôle, dont la Commission, le Conseil des ministres des 27, etc.
La chasse aux conflits d’intérêts
L’accord trouvé n’est pas parfait, convient le Français Gilles Boyer (Renew, majorité présidentielle), mais cet organisme a le mérite d’instaurer une culture commune de l’intégrité, du contrôle et de la transparence .
Pas de pouvoir d’enquête et de sanctions pour les cinq experts indépendants qui seront nommés. Leur mission se limitera, sur recommandation de la Commission, à vérifier si les élus respectent les règles. Dans leur viseur : cadeaux, réunions avec les lobbyistes, revenus annexes, actions, participations dans des entreprises… Objectif : S’assurer qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts entre leurs activités externes et parlementaires , précise Daniel Freund.
Ces experts devront toutefois se contenter de biens maigres moyens : 404 000 € par an. C’est moins que les pactoles en liquide retrouvés chez certains élus mis en cause dans le Qatargate…
C’est un début… Et un bon signal envoyé aux citoyens avant les élections : nous avons compris qu’il fallait agir pour éviter de nouveaux scandales, résume l’eurodéputée allemande Gabriele Bischoff (S & D, sociale démocrate).
Pas du goût de la droite. L’Allemand Sven Simon (PPE) se dit choqué . Il dénonce une violation flagrante du principe de séparation des pouvoirs. La Commission va nous contrôler alors que c’est supposé être l’inverse.
Il est applaudi par la Française du Rassemblement national, Marie Dauchy, qui juge cette proposition pour plus d’éthique absurde et totalement inutile : toujours plus de normes, de procédures, pour, au final, toujours plus d’inefficacité. Daniel Freund ne se départ pas de son sourire : Avez-vous peur qu’un député de votre groupe atterrisse devant cet organisme ?"
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