Hydroxychloroquine contre le Covid : Didier Raoult condamné à une interdiction d’exercer la médecine pendant deux ans
Posté : 03 octobre 2024 14:05
Le Santon non pas des pieds mais de Marseille doit l'avoir mauvaise.
Pour avoir vanté la prétendue efficacité du traitement sans confirmation scientifique, le très controversé professeur marseillais écope a été lourdement sanctionné en appel, selon une décision de la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins révélée ce jeudi 3 octobre.
Une sanction largement alourdie. La chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins a décidé en appel d’interdire à Didier Raoult d’exercer la médecine pendant deux ans, pour avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine pendant la crise du Covid, selon une décision consultée par Libération ce jeudi 3 octobre, confirmation une information du Parisien. Dans un premier temps, l’égérie des antivax avait écopé dans simple blâme. La décision a été prise lors d’une audience qui s’est tenue le 21 juin dernier, mais dont le contenu a été rendu public mercredi 2 octobre. Elle s’appliquera à compter du 1er février prochain.
Selon le Dr Gilles Munier, représentant de l’Ordre des médecins, le blâme reçu par le microbiologiste marseillais en décembre 2021 – signifiant dans le jardon médical que le médecin s’était «mal conduit» – était en effet une sanction «trop indulgente au regard des manquements retenus». Car concrètement, il était reproché à Didier Raoult d’avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine afin de traiter le Covid-19, et cela «sans données scientifiques établies». «Ce qui s’apparente à du charlatanisme», avait ainsi affirmé la rapporteure de la chambre disciplinaire lors de l’audience. Il était aussi mis en cause pour avoir enfreint de nombreux articles du code de santé publique.
Ce faisant, le médecin marseillais controversé «ne s’est pas fondé dans ses prises de position publiques sur des données confirmées, n’a pas fait preuve de prudence et a promu un traitement insuffisamment éprouvé», peut-on lire dans la décision. Le praticien des Hôpitaux Universitaires de Marseille - AP-HM est accusé d’avoir mené une étude clinique qualifiée de «sauvage» sur des milliers de patients, le tout sans aucun feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament.
La chambre disciplinaire nationale condamne aussi le professeur pour «non-confraternité» en tenant «des propos dépassant le cadre de la liberté d’expression». Il aurait alors «nui par des propos dénués de pondération aux mesures prises par les autorités sanitaires aux fins de protection de la santé publique», détaille la décision.
Toutefois, le président de la chambre disciplinaire nationale juge que Didier Raoult n’a pas fait «courir de risque injustifié» aux patients à qui il a prescrit cette molécule, puisqu’il «a sciemment écarté du traitement ceux qui présentaient les facteurs de risque les plus élevés». Ecarté depuis septembre 2022 de la direction de l’IHU de Marseille, Didier Raoult reste par ailleurs visé par une enquête judiciaire concernant ces mêmes essais cliniques «sauvages».
«Problèmes de formes», selon l’avocat de Raoult
Joint par Libération, Me Fabrice Di Vizio, avocat de Didier Raoult, affirme ne pas avoir eu accès à cette décision à l’heure actuelle. Toutefois, alors qu’il a pu prendre connaissance de certains de ses éléments dans la presse, l’avocat juge qu’elle présente des «problèmes de formes». «Cette décision nous explique que Didier Raoult a fait des essais cliniques sauvages. Mais cet argument n’a jamais été évoqué en première instance. Il se voit donc condamné pour quelque chose qui n’est pas dans la plainte initiale. Il aurait logiquement fallu redéposer une nouvelle plainte, ce qui n’a pas été le cas», avance-t-il savoir.
Me Fabrice Di Vizio assure enfin que cette décision présente «au moins deux motifs de pourvoi en cassation». D’abord, selon l’avocat, l’Ordre des médecins «juge Didier Raoult coupable pour une enquête pénale qui est toutefois toujours en cours, et pour laquelle le professeur n’a pas encore été convoqué». «Ce n’est pas acceptable», avance-t-il. L’avocat ajoute également que l’instance «ne tient pas compte des explications orales» du microbiologiste, un autre motif. Me Di Vizio affirme qu’il s’entretiendra «dans la journée» avec son client au sujet d’un éventuel pourvoi en cassation.
https://www.liberation.fr/societe/polic ... W5MPWI544/
Pour avoir vanté la prétendue efficacité du traitement sans confirmation scientifique, le très controversé professeur marseillais écope a été lourdement sanctionné en appel, selon une décision de la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins révélée ce jeudi 3 octobre.
Une sanction largement alourdie. La chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des médecins a décidé en appel d’interdire à Didier Raoult d’exercer la médecine pendant deux ans, pour avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine pendant la crise du Covid, selon une décision consultée par Libération ce jeudi 3 octobre, confirmation une information du Parisien. Dans un premier temps, l’égérie des antivax avait écopé dans simple blâme. La décision a été prise lors d’une audience qui s’est tenue le 21 juin dernier, mais dont le contenu a été rendu public mercredi 2 octobre. Elle s’appliquera à compter du 1er février prochain.
Selon le Dr Gilles Munier, représentant de l’Ordre des médecins, le blâme reçu par le microbiologiste marseillais en décembre 2021 – signifiant dans le jardon médical que le médecin s’était «mal conduit» – était en effet une sanction «trop indulgente au regard des manquements retenus». Car concrètement, il était reproché à Didier Raoult d’avoir fait la promotion de l’hydroxychloroquine afin de traiter le Covid-19, et cela «sans données scientifiques établies». «Ce qui s’apparente à du charlatanisme», avait ainsi affirmé la rapporteure de la chambre disciplinaire lors de l’audience. Il était aussi mis en cause pour avoir enfreint de nombreux articles du code de santé publique.
Ce faisant, le médecin marseillais controversé «ne s’est pas fondé dans ses prises de position publiques sur des données confirmées, n’a pas fait preuve de prudence et a promu un traitement insuffisamment éprouvé», peut-on lire dans la décision. Le praticien des Hôpitaux Universitaires de Marseille - AP-HM est accusé d’avoir mené une étude clinique qualifiée de «sauvage» sur des milliers de patients, le tout sans aucun feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament.
La chambre disciplinaire nationale condamne aussi le professeur pour «non-confraternité» en tenant «des propos dépassant le cadre de la liberté d’expression». Il aurait alors «nui par des propos dénués de pondération aux mesures prises par les autorités sanitaires aux fins de protection de la santé publique», détaille la décision.
Toutefois, le président de la chambre disciplinaire nationale juge que Didier Raoult n’a pas fait «courir de risque injustifié» aux patients à qui il a prescrit cette molécule, puisqu’il «a sciemment écarté du traitement ceux qui présentaient les facteurs de risque les plus élevés». Ecarté depuis septembre 2022 de la direction de l’IHU de Marseille, Didier Raoult reste par ailleurs visé par une enquête judiciaire concernant ces mêmes essais cliniques «sauvages».
«Problèmes de formes», selon l’avocat de Raoult
Joint par Libération, Me Fabrice Di Vizio, avocat de Didier Raoult, affirme ne pas avoir eu accès à cette décision à l’heure actuelle. Toutefois, alors qu’il a pu prendre connaissance de certains de ses éléments dans la presse, l’avocat juge qu’elle présente des «problèmes de formes». «Cette décision nous explique que Didier Raoult a fait des essais cliniques sauvages. Mais cet argument n’a jamais été évoqué en première instance. Il se voit donc condamné pour quelque chose qui n’est pas dans la plainte initiale. Il aurait logiquement fallu redéposer une nouvelle plainte, ce qui n’a pas été le cas», avance-t-il savoir.
Me Fabrice Di Vizio assure enfin que cette décision présente «au moins deux motifs de pourvoi en cassation». D’abord, selon l’avocat, l’Ordre des médecins «juge Didier Raoult coupable pour une enquête pénale qui est toutefois toujours en cours, et pour laquelle le professeur n’a pas encore été convoqué». «Ce n’est pas acceptable», avance-t-il. L’avocat ajoute également que l’instance «ne tient pas compte des explications orales» du microbiologiste, un autre motif. Me Di Vizio affirme qu’il s’entretiendra «dans la journée» avec son client au sujet d’un éventuel pourvoi en cassation.
https://www.liberation.fr/societe/polic ... W5MPWI544/