Mark Perlmutter«Je ne peux pas sauver la vie de ces enfants si je ne vous transmets pas la vérité, ce que j’ai vu»
Posté : 09 octobre 2024 12:08
Témoignage
Mark Perlmutter, chirurgien volontaire à Gaza
Le médecin américain, de confession juive, a passé trois semaines à l’hôpital européen de Gaza à essayer de soigner les victimes des bombardements. Il en est revenu profondément choqué et se démène pour tenter d’alerter l’opinion publique, au prix d’amitiés brisées et d’un déferlement de haine.
Parfois les larmes lui viennent. Mais jamais à l’évocation de l’effroi qui fut le sien, et qui l’accompagne depuis ces trois semaines du printemps passées à voir affluer, dans les couloirs de l’hôpital européen de Gaza, tout le spectre de la douleur et de l’horreur déchaînées depuis un an sur l’enclave palestinienne et ses captifs. Non, quand le Dr Mark Perlmutter se surprend à s’émouvoir encore tandis qu’il nous livre son récit, ce n’est pas tant de l’épouvante dont il a été le témoin, mais de ce qu’il en a laissé derrière lui, et de son impuissance à en infléchir le cours.
Déjà début avril, sur place, il avait commencé à poster sur le réseau social X, en interpellant un à un certains des promoteurs les plus visibles d’une réplique aveugle et impitoyable d’Israël contre Gaza après l’attaque du Hamas le 7 octobre. Des discours auxquels il opposait son témoignage et les images crues de la litanie d’enfants suppliciés depuis son bloc opératoire, brandissant à chaque fois, en guise d’accréditations, à la fois sa géolocalisation, son aura de vice-président du Collège international des chirurgiens et son «héritage juif» – lui dont la jumelle a suivi la voie d’un judaïsme orthodoxe. Il avait alors été un temps banni «de la plateforme qu’Elon Musk jurait de rendre sans filtre», pour diffusion de contenu «choquant et gratuit» : «Choquant oui, mais gratuit, non !» s’emporte-t-il des mois plus tard, les paumes claquées sur les tempes, ce matin d’octobre où il reçoit à la clinique de Rocky Mount, en Caroline du Nord, où il exerce à l’année.
Souvenirs et photos comme pièces à conviction
Il le répète depuis des mois, en trente-six années de pratique de la chirurgie orthopédique, scandées par la fréquentation assidue de désastres historiques – à Ground Zero le 11 Septembre comme à La Nouvelle-Orléans dans le sillage funeste de Katrina, ou en Haïti, où il s’était rendu le jour même du tremblement de terre de 2010 : «Rien de tout cela combiné ne me préparait ni ne s’approchait de ce nous avons trouvé le premier jour en arrivant à Gaza : l’ampleur de la dévastation est incommensurable.»
https://www.liberation.fr/international ... LEICYJZM4/
Mark Perlmutter, chirurgien volontaire à Gaza
Le médecin américain, de confession juive, a passé trois semaines à l’hôpital européen de Gaza à essayer de soigner les victimes des bombardements. Il en est revenu profondément choqué et se démène pour tenter d’alerter l’opinion publique, au prix d’amitiés brisées et d’un déferlement de haine.
Parfois les larmes lui viennent. Mais jamais à l’évocation de l’effroi qui fut le sien, et qui l’accompagne depuis ces trois semaines du printemps passées à voir affluer, dans les couloirs de l’hôpital européen de Gaza, tout le spectre de la douleur et de l’horreur déchaînées depuis un an sur l’enclave palestinienne et ses captifs. Non, quand le Dr Mark Perlmutter se surprend à s’émouvoir encore tandis qu’il nous livre son récit, ce n’est pas tant de l’épouvante dont il a été le témoin, mais de ce qu’il en a laissé derrière lui, et de son impuissance à en infléchir le cours.
Déjà début avril, sur place, il avait commencé à poster sur le réseau social X, en interpellant un à un certains des promoteurs les plus visibles d’une réplique aveugle et impitoyable d’Israël contre Gaza après l’attaque du Hamas le 7 octobre. Des discours auxquels il opposait son témoignage et les images crues de la litanie d’enfants suppliciés depuis son bloc opératoire, brandissant à chaque fois, en guise d’accréditations, à la fois sa géolocalisation, son aura de vice-président du Collège international des chirurgiens et son «héritage juif» – lui dont la jumelle a suivi la voie d’un judaïsme orthodoxe. Il avait alors été un temps banni «de la plateforme qu’Elon Musk jurait de rendre sans filtre», pour diffusion de contenu «choquant et gratuit» : «Choquant oui, mais gratuit, non !» s’emporte-t-il des mois plus tard, les paumes claquées sur les tempes, ce matin d’octobre où il reçoit à la clinique de Rocky Mount, en Caroline du Nord, où il exerce à l’année.
Souvenirs et photos comme pièces à conviction
Il le répète depuis des mois, en trente-six années de pratique de la chirurgie orthopédique, scandées par la fréquentation assidue de désastres historiques – à Ground Zero le 11 Septembre comme à La Nouvelle-Orléans dans le sillage funeste de Katrina, ou en Haïti, où il s’était rendu le jour même du tremblement de terre de 2010 : «Rien de tout cela combiné ne me préparait ni ne s’approchait de ce nous avons trouvé le premier jour en arrivant à Gaza : l’ampleur de la dévastation est incommensurable.»