A Rouen, les autorités laissent les identitaires manifester
Posté : 19 octobre 2024 07:06
Alors...castagne ou pas castagne ? nous le saurons tout à l'heure.
Une déambulation d’un groupuscule d’extrême droite doit avoir lieu samedi à Rouen. La préfecture n’a pas interdit le rassemblement où vont se regrouper des militants venus d’autres régions.
Derrière les étendards frappés des personnages clés de l’histoire normande, les fantasmes identitaires. Le groupuscule Les Normaux, héritier à Rouen de la ligue dissoute Génération identitaire, organise ce samedi 19 une manifestation dans les rues de la préfecture de Seine-Maritime. Une déambulation où sont attendus des représentants de la mouvance venus des quatre coins du pays et qui pourrait tourner au défilé d’extrême droite. Le soir même, selon nos informations, tout ce petit monde a prévu de se retrouver au local identitaire rouennais, Le Mora.
La manifestation a été déposée en préfecture le 14 octobre et les autorités ont choisi de l’autoriser contrairement à l’année dernière. A l’automne 2023, elle avait alors été interdite au vu d’un «contexte international qui entraîne un phénomène de menaces contre les Etats ayant dénoncé les attentats du Hamas, leurs ressortissants et la communauté juive en particulier». Contactés par Libé, les services de la préfecture ont fait savoir que «concernant la manifestation de samedi, une évaluation des éventuelles menaces pour la sécurité publique a été réalisée. Elle n’a, à ce stade, pas mis en lumière de tels risques. Les services de l’Etat maintiennent leur vigilance et cette analyse sera mise à jour».
Accents guerriers
Sauf rebondissement, le défilé aura donc bien lieu, ce qui devrait ravir les militants d’extrême droite dont certains ont prévu de venir de loin. Libé a ainsi pu identifier plusieurs groupuscules identitaires qui ont annoncé leur participation, à l’image des Albigeois de Patria Albiges, des Lillois de Nouvelle Droite ou des Montpelliérains de Jeunes d’Oc. A noter que des nationalistes-révolutionnaires, les héritiers des nervis du GUD, comme les Angevins du RED, ont aussi annoncé leur présence. Sinisha Milinov, ancien leader des Remparts de Lyon (groupe dissous en juin dernier pour ses appels à la haine), condamné à six mois de prison ferme en février dernier pour son implication dans une agression raciste au couteau, sera également de la partie. La manifestation, qui circulera dans les rues du centre-ville de Rouen, doit se terminer par une soirée au bar associatif des Normaux. Un lieu bien connu des autorités : fin juin, le groupuscule avait tenté d’y organiser une soirée «les étrangers dehors» avant de finalement l’annuler sous la pression de la mairie. Contacté par Libé, le maire, Nicolas Mayer-Rossignol, qui a demandé à plusieurs reprises au ministre de l’Intérieur la dissolution des Normaux, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Si cette année les affiches annonçant l’événement gardent des accents guerriers en mettant à l’honneur un ost médiéval en campagne, la «communauté» derrière l’organisation de la marche n’a pas réitéré l’emploi d’un étendard marqué d’une croix de Saint-Olaf. Celui-ci rappelle les origines scandinaves de la Normandie, mais est aussi un marqueur à l’extrême droite : l’historien Jean Mabire, admirateur de la SS et figure de la mouvance française, l’avait accaparé au service de ses thèses paganistes résonnant avec la symbolique de l’ordre noir nazi. Cet emblème reste pourtant celui utilisé pour les réseaux sociaux annonçant cette marche.
Changement de doctrine du ministère ?
En mai 2023, Gérald Darmanin avait annoncé à l’Assemblée nationale donner «comme instruction aux préfets», de prendre «des arrêtés d’interdiction» lorsque «tout militant d’ultradroite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des manifestations». Autre temps, autres mœurs ? Contacté alors que se multiplient ces dernières semaines les manifestations d’extrême droite, assumées comme telles, aux quatre coins du pays, le cabinet du nouveau ministre, Bruno Retailleau, a nié auprès de Libé un changement de doctrine. Ce que contredisent les faits à ce stade.
https://www.liberation.fr/politique/a-r ... ZXFG3TKVY/
Une déambulation d’un groupuscule d’extrême droite doit avoir lieu samedi à Rouen. La préfecture n’a pas interdit le rassemblement où vont se regrouper des militants venus d’autres régions.
Derrière les étendards frappés des personnages clés de l’histoire normande, les fantasmes identitaires. Le groupuscule Les Normaux, héritier à Rouen de la ligue dissoute Génération identitaire, organise ce samedi 19 une manifestation dans les rues de la préfecture de Seine-Maritime. Une déambulation où sont attendus des représentants de la mouvance venus des quatre coins du pays et qui pourrait tourner au défilé d’extrême droite. Le soir même, selon nos informations, tout ce petit monde a prévu de se retrouver au local identitaire rouennais, Le Mora.
La manifestation a été déposée en préfecture le 14 octobre et les autorités ont choisi de l’autoriser contrairement à l’année dernière. A l’automne 2023, elle avait alors été interdite au vu d’un «contexte international qui entraîne un phénomène de menaces contre les Etats ayant dénoncé les attentats du Hamas, leurs ressortissants et la communauté juive en particulier». Contactés par Libé, les services de la préfecture ont fait savoir que «concernant la manifestation de samedi, une évaluation des éventuelles menaces pour la sécurité publique a été réalisée. Elle n’a, à ce stade, pas mis en lumière de tels risques. Les services de l’Etat maintiennent leur vigilance et cette analyse sera mise à jour».
Accents guerriers
Sauf rebondissement, le défilé aura donc bien lieu, ce qui devrait ravir les militants d’extrême droite dont certains ont prévu de venir de loin. Libé a ainsi pu identifier plusieurs groupuscules identitaires qui ont annoncé leur participation, à l’image des Albigeois de Patria Albiges, des Lillois de Nouvelle Droite ou des Montpelliérains de Jeunes d’Oc. A noter que des nationalistes-révolutionnaires, les héritiers des nervis du GUD, comme les Angevins du RED, ont aussi annoncé leur présence. Sinisha Milinov, ancien leader des Remparts de Lyon (groupe dissous en juin dernier pour ses appels à la haine), condamné à six mois de prison ferme en février dernier pour son implication dans une agression raciste au couteau, sera également de la partie. La manifestation, qui circulera dans les rues du centre-ville de Rouen, doit se terminer par une soirée au bar associatif des Normaux. Un lieu bien connu des autorités : fin juin, le groupuscule avait tenté d’y organiser une soirée «les étrangers dehors» avant de finalement l’annuler sous la pression de la mairie. Contacté par Libé, le maire, Nicolas Mayer-Rossignol, qui a demandé à plusieurs reprises au ministre de l’Intérieur la dissolution des Normaux, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Si cette année les affiches annonçant l’événement gardent des accents guerriers en mettant à l’honneur un ost médiéval en campagne, la «communauté» derrière l’organisation de la marche n’a pas réitéré l’emploi d’un étendard marqué d’une croix de Saint-Olaf. Celui-ci rappelle les origines scandinaves de la Normandie, mais est aussi un marqueur à l’extrême droite : l’historien Jean Mabire, admirateur de la SS et figure de la mouvance française, l’avait accaparé au service de ses thèses paganistes résonnant avec la symbolique de l’ordre noir nazi. Cet emblème reste pourtant celui utilisé pour les réseaux sociaux annonçant cette marche.
Changement de doctrine du ministère ?
En mai 2023, Gérald Darmanin avait annoncé à l’Assemblée nationale donner «comme instruction aux préfets», de prendre «des arrêtés d’interdiction» lorsque «tout militant d’ultradroite ou d’extrême droite ou toute association ou collectif, à Paris comme partout sur le territoire, déposera des manifestations». Autre temps, autres mœurs ? Contacté alors que se multiplient ces dernières semaines les manifestations d’extrême droite, assumées comme telles, aux quatre coins du pays, le cabinet du nouveau ministre, Bruno Retailleau, a nié auprès de Libé un changement de doctrine. Ce que contredisent les faits à ce stade.
https://www.liberation.fr/politique/a-r ... ZXFG3TKVY/