Abrogation de la réforme des retraites : la gauche se laisse tenter par la proposition de loi RN
Posté : 19 octobre 2024 07:30
Vivement le 31 Octobre !
De plus en plus de députés du NFP se disent favorables au vote de la proposition de loi abrogeant la réforme des retraites que défendra le RN fin octobre. Cette semaine, c’est le député affilié LFI de Paris qui, après avoir consulté les habitants de sa circo, s’est prononcé en faveur d’un tel vote.
Le piège se referme bien. La proposition de loi pour abroger la réforme des retraites, que le RN présentera à l’occasion de sa niche parlementaire le 31 octobre, est un nœud étrangleur qui serre le cou de la gauche à mesure qu’elle se débat. Comment se positionner ? Certains députés ont déjà signifié qu’ils refuseraient de voter le texte porté par le groupe d’extrême droite, d’autres ont promis l’inverse. Pour se conforter dans son idée, le député affilié LFI Aymeric Caron a tenu une réunion publique, mercredi soir à Paris. L’objectif : déterminer avec les électeurs de sa circo la marche à suivre. Une démarche consultative même si, avant le début des débats, Caron avait une position nette et précise. «Il faudrait qu’on m’explique pourquoi on ne vote pas cette proposition de loi à partir du moment où elle porte une mesure que l’on défend, nous résumait mercredi l’ancien journaliste. C’est une erreur de penser que le barrage républicain s’applique à ce vote-là. Et ça ne m’empêchera pas, ensuite, de poursuivre le combat que je mène contre les fachos depuis que j’ai 15 ans.»
Après deux heures de discussion, un vote à main levée a eu lieu et, selon l’élu, une large majorité s’est prononcée en faveur du vote du texte RN. L’ancien journaliste nous évoque le cas d’une assistante sociale qui travaille avec les jeunes dans les quartiers dits «populaires» de sa circo. Elle racontait en avoir convaincu beaucoup d’aller voter aux dernières législatives. Comment leur expliquer, à eux, qu’on ne vote pas pour un «combat essentiel», a-t-elle questionné en substance. Comment se justifier auprès d’eux, déjà dégoûtés de la tête du gouvernement. Caron n’est pas le seul sur cette ligne. Un député NFP nous racontait la semaine dernière qu’il aurait lui aussi «du mal à assumer en circo de ne pas voter une loi d’abrogation de la réforme des retraites». Les électeurs de gauche veulent abroger la réforme Borne et les élus de gauche le refuseraient au motif que la loi n’est pas portée par la bonne personne ? Intenable pour certains députés.
«Grande hypocrisie»
Un autre argument politique émerge aussi du côté des partisans du vote pour : si la gauche refuse de voter l’abrogation de la réforme portée par le RN, pourquoi le parti d’extrême droite voterait-il la future abrogation portée par la gauche ? Caron souligne cette «grande hypocrisie». «Si le RN ne votait pas notre abrogation, on serait les premiers à dire qu’ils ne défendent pas les travailleurs, commente l’élu parisien. Et si on ne vote pas la leur, ils s’en serviront pour se faire passer pour le parti de défense des travailleurs… J’ai un vieux principe, ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse.» «Si on veut la revitalisation du Parlement, il faut qu’on obtienne des victoires, abonde notre député du groupe communiste cité plus haut. Plusieurs de leurs textes portent sur des combats que je porte depuis longtemps. Et ils ont aussi un texte sur les peines planchers pour emmerder la droite. Ils ont oublié d’être cons…» La situation semble inextricable. Mais témoigne d’une mainmise nouvelle de l’extrême droite sur l’Assemblée. Comme si le parti lepéniste avait compris les codes et s’en délectait désormais.
Mise à jour avec la correction du titre : Aymeric Caron n’est pas l’auteur de la phrase «Ils ont oublié d’être cons au RN»
De plus en plus de députés du NFP se disent favorables au vote de la proposition de loi abrogeant la réforme des retraites que défendra le RN fin octobre. Cette semaine, c’est le député affilié LFI de Paris qui, après avoir consulté les habitants de sa circo, s’est prononcé en faveur d’un tel vote.
Le piège se referme bien. La proposition de loi pour abroger la réforme des retraites, que le RN présentera à l’occasion de sa niche parlementaire le 31 octobre, est un nœud étrangleur qui serre le cou de la gauche à mesure qu’elle se débat. Comment se positionner ? Certains députés ont déjà signifié qu’ils refuseraient de voter le texte porté par le groupe d’extrême droite, d’autres ont promis l’inverse. Pour se conforter dans son idée, le député affilié LFI Aymeric Caron a tenu une réunion publique, mercredi soir à Paris. L’objectif : déterminer avec les électeurs de sa circo la marche à suivre. Une démarche consultative même si, avant le début des débats, Caron avait une position nette et précise. «Il faudrait qu’on m’explique pourquoi on ne vote pas cette proposition de loi à partir du moment où elle porte une mesure que l’on défend, nous résumait mercredi l’ancien journaliste. C’est une erreur de penser que le barrage républicain s’applique à ce vote-là. Et ça ne m’empêchera pas, ensuite, de poursuivre le combat que je mène contre les fachos depuis que j’ai 15 ans.»
Après deux heures de discussion, un vote à main levée a eu lieu et, selon l’élu, une large majorité s’est prononcée en faveur du vote du texte RN. L’ancien journaliste nous évoque le cas d’une assistante sociale qui travaille avec les jeunes dans les quartiers dits «populaires» de sa circo. Elle racontait en avoir convaincu beaucoup d’aller voter aux dernières législatives. Comment leur expliquer, à eux, qu’on ne vote pas pour un «combat essentiel», a-t-elle questionné en substance. Comment se justifier auprès d’eux, déjà dégoûtés de la tête du gouvernement. Caron n’est pas le seul sur cette ligne. Un député NFP nous racontait la semaine dernière qu’il aurait lui aussi «du mal à assumer en circo de ne pas voter une loi d’abrogation de la réforme des retraites». Les électeurs de gauche veulent abroger la réforme Borne et les élus de gauche le refuseraient au motif que la loi n’est pas portée par la bonne personne ? Intenable pour certains députés.
«Grande hypocrisie»
Un autre argument politique émerge aussi du côté des partisans du vote pour : si la gauche refuse de voter l’abrogation de la réforme portée par le RN, pourquoi le parti d’extrême droite voterait-il la future abrogation portée par la gauche ? Caron souligne cette «grande hypocrisie». «Si le RN ne votait pas notre abrogation, on serait les premiers à dire qu’ils ne défendent pas les travailleurs, commente l’élu parisien. Et si on ne vote pas la leur, ils s’en serviront pour se faire passer pour le parti de défense des travailleurs… J’ai un vieux principe, ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse.» «Si on veut la revitalisation du Parlement, il faut qu’on obtienne des victoires, abonde notre député du groupe communiste cité plus haut. Plusieurs de leurs textes portent sur des combats que je porte depuis longtemps. Et ils ont aussi un texte sur les peines planchers pour emmerder la droite. Ils ont oublié d’être cons…» La situation semble inextricable. Mais témoigne d’une mainmise nouvelle de l’extrême droite sur l’Assemblée. Comme si le parti lepéniste avait compris les codes et s’en délectait désormais.
Mise à jour avec la correction du titre : Aymeric Caron n’est pas l’auteur de la phrase «Ils ont oublié d’être cons au RN»