Israël refuse la création d’un État palestinien et promet d’annexer des colonies en Cisjordanie
Posté : 12 novembre 2024 09:09
Gideon Saar a tenu sa première conférence de presse depuis sa prise de fonctions il y a quelques jours. MENAHEM KAHANA / AFP
Vouloir établir un État palestinien n'est pas «aujourd'hui» un projet «réaliste», a déclaré lundi le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, tandis que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, rappelait son attachement à «la souveraineté» palestinienne.
Lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le nouveau chef de la diplomatie israélienne a été interrogé sur la perspective d'une relance des accords dits d'Abraham avec l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et de la possibilité de normaliser les relations entre Israël et l'Arabie saoudite, en échange de la création d'un État palestinien.
«En un mot? Non», a répondu Gideon Saar. «Un État palestinien (...) sera un État Hamas», a-t-il ajouté. «Je ne pense pas que cette position soit réaliste aujourd'hui, et nous devons être réalistes». Les accords d'Abraham, promus par Donald Trump lors de son premier mandat, avaient permis la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, à savoir le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc.
Commémorant les 20 ans de la disparition du dirigeant palestinien Yasser Arafat, Mahmoud Abbas a au contraire prôné un État palestinien pleinement souverain. «Nous sommes attachés à la paix et nous continuerons à travailler pour y parvenir», a déclaré le président de l'Autorité palestinienne dans un discours rapporté par l'agence nationale Wafa. «La sécurité et la stabilité ne peuvent être obtenues qu'en éliminant l'occupation et en obtenant la souveraineté et l'indépendance sur le territoire de l'État palestinien», a-t-il dit.
«Souveraineté en Judée et Samarie»
Le retour de Donald Trump est également «l’occasion» pour Israël d’annexer des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée en 2025, a annoncé le même jour Bezalel Smotrich, ministre israélien d’extrême droite. Également chargé de la gestion civile en Cisjordanie, et donc des colonies, il a aussi affirmé, lors d’un discours au Parlement, que la «création d’un État palestinien (...) mettrait en danger l’existence de l’État d’Israël».
«La seule façon d’éliminer cette menace (...) est d’appliquer la souveraineté israélienne sur les colonies de Judée et Samarie», a avancé Bezalel Smotrich, employant le nom que les Israéliens donnent à la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Hormis Jérusalem-Est annexée, plus de 490.000 Israéliens vivent en Cisjordanie, dans des colonies que l’ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de 3 millions de Palestiniens.
Lui-même colon, Bezalel Smotrich a précisé que 2025 serait «l’année de la souveraineté en Judée et Samarie» et qu’il avait donné instruction à l’administration de s’organiser «pour préparer l’infrastructure nécessaire à l’application de la souveraineté» israélienne sur les colonies de Cisjordanie.
«Je n’ai aucun doute que le président Trump, qui a fait preuve de courage et de détermination dans ses décisions au cours de son premier mandat, soutiendra l’État d’Israël dans cette démarche», a-t-il ajouté
Devant la presse, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a fait référence au processus de paix d'Oslo, entamé dans les années 1990, contre lequel ont lutté l'actuel premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Ce processus et le retrait israélien unilatéral de la bande de Gaza en 2005 «non seulement (...) n'ont pas apporté la paix, mais comme nous l'avons vu, ont dégradé notre sécurité», a déclaré le ministre. Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, après le retrait israélien, et «nous ne voulons pas que cela arrive en Judée et Samarie», a-t-il ajouté. Gideon Saar a jugé «important» de rappeler que contrairement à l'ONU, Israël ne considère pas «la Judée et la Samarie» «comme des territoires occupés, mais comme des territoires disputés».
«Unité nationale palestinienne»
Les dirigeants de pays arabes et musulmans ont, de leurs côtés, appelé l’État hébreu à se retirer totalement des territoires arabes occupés depuis 1967 pour parvenir à une paix régionale «globale».
En réponse, les dirigeants de pays arabes et musulmans ont réitéré leur appel à l’unité de tous les territoires palestiniens au sein d’un «État palestinien», depuis le sommet des pays arabes et musulmans qui se tient à Ryad. L’objectif est de «parvenir à l’unité nationale palestinienne et permettre à [l’État palestinien] d’assumer effectivement ses responsabilités sur l’ensemble des territoires palestiniens occupés, y compris la bande de Gaza, en l’unifiant avec la Cisjordanie, y compris la ville d’al-Quds», nom arabe de Jérusalem.
Les dirigeants ont de surcroît réclamé un retrait total des colons israéliens des territoires arabes occupés depuis 1967, seule condition pour obtenir la paix. «Une paix juste et globale dans la région (...) ne peut être obtenue sans mettre un terme à l’occupation israélienne de l’ensemble des territoires occupés» sur la base des frontières du «4 juin 1967» - antérieures à l’occupation par Israël de la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le Golan syrien -, conformément aux résolutions de l’ONU et au plan de paix arabe de 2002 stipulant qu’Israël doit rendre tous les territoires occupés depuis 1967 en échange d’une normalisation avec les pays arabes."
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