Mayotte : une députée RN réclame au préfet un «laissez-passer» pour des footballeurs étrangers en Coupe de France
Posté : 19 novembre 2024 18:49
Elle ma"yo"yotte de la touffe cette députée.
L’élue Anchya Bamana a sollicité le préfet de l’archipel pour permettre à sept joueurs étrangers de l’équipe des Diables noirs de Combani de rejoindre la métropole. Après Crépy-en-Valois, ils doivent affronter Corte, en Corse, ce mardi 19 novembre dans la soirée.
Le Rassemblement national tiendrait-il un double discours à Mayotte ? Côté face, c’est Marine Le Pen qui, en déplacement sur l’archipel en avril, dénonçait le «chaos» qui s’y serait installé en raison de l’immigration illégale et de l’insécurité. Mercredi 2 octobre à l’Assemblée, c’est au tour de la députée locale, Anchya Bamana, première parlementaire du RN en outre-mer, d’interpeller le Premier ministre, en déplorant une «immigration sans contrôle» sur «ce morceau de France au-delà des mers». «Des étrangers que nous n’avons pas moyen d’accueillir sur notre sol», assène la députée, élue en juillet. Côté pile, la même élue, ancienne maire de la commune de Sada, a pourtant réclamé ce week-end un «laissez-passer» pour des joueurs de football d’un club local, en situation irrégulière. «Je ne pouvais pas personnellement deviner ni même imaginer que ces joueurs de l’équipe officielle étaient en situation irrégulière», plaide la députée auprès de Libération.
L’histoire remonte au mois de septembre. Le club des Diables noirs de Combani, engagé en Coupe de France, est embarrassé : sept de ses titulaires – deux Ivoiriens, quatre Comoriens et un Malgache – sont en situation irrégulière. La ligue mahoraise de football permet à des joueurs en situation irrégulière de participer à des compétitions locales, mais il leur faut un laissez-passer administratif pour des matchs en métropole. Le club adresse alors des demandes de titres de séjour aux services du ministère de l’Intérieur. «La chance de représenter dignement Mayotte par une victoire face aux équipes métropolitaines sera grande si notre équipe part au complet», écrit le patron du club, dans un courrier envoyé à la préfecture lundi 14 octobre, et consulté par Libération.
Demande refusée par le préfet de Mayotte
Malgré l’absence de ses titulaires, Combani l’emporte, samedi 16 novembre, face aux joueurs de Crépy-en-Valois (Oise). Sur Facebook, la députée Anchya Bamana a partagé des photos de la rencontre, depuis les tribunes. «J’ai vibré avec notre équipe, et même pris le micro pour les encourager», écrit-elle alors, sans mentionner sa propre demande au préfet de Mayotte. Sollicitée par le club, l’élue a en effet réclamé au préfet, le lendemain de la rencontre, de «permettre à l’équipe de renforcer sa performance afin de gagner ce match à venir». Dans un mail, l’élue évoque auprès du préfet la «difficulté [du club] concernant ces sept joueurs qui doivent les rejoindre pour ce match décisif». Victorieux ce week-end, les Diables poursuivent en effet leur épopée et doivent affronter ce mardi 19 novembre le club de Corte, en Corse, dans la soirée.
La réponse du préfet n’a pas traîné. Dans un courrier consulté par Libé, François-Xavier Bieuville rappelle à la députée RN que les étrangers séjournant à Mayotte et souhaitant se déplacer dans un autre département doivent détenir une «autorisation spéciale prenant la forme d’un visa». Or aucun des sept joueurs ne dispose d’un titre de séjour. Selon la préfecture, quatre d’entre eux ont déposé des dossiers de demandes de régularisations «en qualité d’étranger malade», mais les dossiers ont été clôturés. Deux autres demandes sont, elles, «très incomplètes».
Retournement de veste
Le représentant de l’Etat souligne aussi que ces demandes ont été déposées dans l’urgence, et qu’elles sont impossibles à traiter par les services de la préfecture dans ce court laps de temps. «Au cas particulier, je note que deux de ces sept joueurs sont défavorablement connus des services de police et de gendarmerie», ajoute le préfet, avant de conclure : «Au cas d’espèce, aucun des sept footballeurs concernés, bénéficiaires d’une licence sportive délivrée par la fédération mahoraise de football, ne remplit donc les conditions réglementaires pour bénéficier d’une carte de séjour lui ouvrant la possibilité éventuelle de délivrance d’un visa lui permettant de se rendre dans l’hexagone.»
Anchya Bamana confirme à Libé avoir échangé avec le préfet. Elle jure cependant ne pas avoir su que les joueurs étaient en situation irrégulière : c’est «donc en toute bonne foi» qu’elle a «transmis cette demande de laissez-passer au préfet». Et l’élue d’ajouter qu’elle «approuve totalement» la décision de celui-ci. Un retournement de veste de première division ? Sollicité également, l’entourage de Marine Le Pen, la patronne du groupe RN à l’Assemblée, n’a pas souhaité commenter.
https://www.liberation.fr/politique/may ... CQ66XVF2M/
L’élue Anchya Bamana a sollicité le préfet de l’archipel pour permettre à sept joueurs étrangers de l’équipe des Diables noirs de Combani de rejoindre la métropole. Après Crépy-en-Valois, ils doivent affronter Corte, en Corse, ce mardi 19 novembre dans la soirée.
Le Rassemblement national tiendrait-il un double discours à Mayotte ? Côté face, c’est Marine Le Pen qui, en déplacement sur l’archipel en avril, dénonçait le «chaos» qui s’y serait installé en raison de l’immigration illégale et de l’insécurité. Mercredi 2 octobre à l’Assemblée, c’est au tour de la députée locale, Anchya Bamana, première parlementaire du RN en outre-mer, d’interpeller le Premier ministre, en déplorant une «immigration sans contrôle» sur «ce morceau de France au-delà des mers». «Des étrangers que nous n’avons pas moyen d’accueillir sur notre sol», assène la députée, élue en juillet. Côté pile, la même élue, ancienne maire de la commune de Sada, a pourtant réclamé ce week-end un «laissez-passer» pour des joueurs de football d’un club local, en situation irrégulière. «Je ne pouvais pas personnellement deviner ni même imaginer que ces joueurs de l’équipe officielle étaient en situation irrégulière», plaide la députée auprès de Libération.
L’histoire remonte au mois de septembre. Le club des Diables noirs de Combani, engagé en Coupe de France, est embarrassé : sept de ses titulaires – deux Ivoiriens, quatre Comoriens et un Malgache – sont en situation irrégulière. La ligue mahoraise de football permet à des joueurs en situation irrégulière de participer à des compétitions locales, mais il leur faut un laissez-passer administratif pour des matchs en métropole. Le club adresse alors des demandes de titres de séjour aux services du ministère de l’Intérieur. «La chance de représenter dignement Mayotte par une victoire face aux équipes métropolitaines sera grande si notre équipe part au complet», écrit le patron du club, dans un courrier envoyé à la préfecture lundi 14 octobre, et consulté par Libération.
Demande refusée par le préfet de Mayotte
Malgré l’absence de ses titulaires, Combani l’emporte, samedi 16 novembre, face aux joueurs de Crépy-en-Valois (Oise). Sur Facebook, la députée Anchya Bamana a partagé des photos de la rencontre, depuis les tribunes. «J’ai vibré avec notre équipe, et même pris le micro pour les encourager», écrit-elle alors, sans mentionner sa propre demande au préfet de Mayotte. Sollicitée par le club, l’élue a en effet réclamé au préfet, le lendemain de la rencontre, de «permettre à l’équipe de renforcer sa performance afin de gagner ce match à venir». Dans un mail, l’élue évoque auprès du préfet la «difficulté [du club] concernant ces sept joueurs qui doivent les rejoindre pour ce match décisif». Victorieux ce week-end, les Diables poursuivent en effet leur épopée et doivent affronter ce mardi 19 novembre le club de Corte, en Corse, dans la soirée.
La réponse du préfet n’a pas traîné. Dans un courrier consulté par Libé, François-Xavier Bieuville rappelle à la députée RN que les étrangers séjournant à Mayotte et souhaitant se déplacer dans un autre département doivent détenir une «autorisation spéciale prenant la forme d’un visa». Or aucun des sept joueurs ne dispose d’un titre de séjour. Selon la préfecture, quatre d’entre eux ont déposé des dossiers de demandes de régularisations «en qualité d’étranger malade», mais les dossiers ont été clôturés. Deux autres demandes sont, elles, «très incomplètes».
Retournement de veste
Le représentant de l’Etat souligne aussi que ces demandes ont été déposées dans l’urgence, et qu’elles sont impossibles à traiter par les services de la préfecture dans ce court laps de temps. «Au cas particulier, je note que deux de ces sept joueurs sont défavorablement connus des services de police et de gendarmerie», ajoute le préfet, avant de conclure : «Au cas d’espèce, aucun des sept footballeurs concernés, bénéficiaires d’une licence sportive délivrée par la fédération mahoraise de football, ne remplit donc les conditions réglementaires pour bénéficier d’une carte de séjour lui ouvrant la possibilité éventuelle de délivrance d’un visa lui permettant de se rendre dans l’hexagone.»
Anchya Bamana confirme à Libé avoir échangé avec le préfet. Elle jure cependant ne pas avoir su que les joueurs étaient en situation irrégulière : c’est «donc en toute bonne foi» qu’elle a «transmis cette demande de laissez-passer au préfet». Et l’élue d’ajouter qu’elle «approuve totalement» la décision de celui-ci. Un retournement de veste de première division ? Sollicité également, l’entourage de Marine Le Pen, la patronne du groupe RN à l’Assemblée, n’a pas souhaité commenter.
https://www.liberation.fr/politique/may ... CQ66XVF2M/