Séisme politique en Roumanie : un candidat prorusse en tête de la présidentielle, le favori pro-européen serait éliminé
Posté : 25 novembre 2024 12:48
"Séisme électoral en Roumanie : un candidat prorusse que personne n’attendait est arrivé en tête ce dimanche 24 novembre du premier tour de l’élection présidentielle alors que le favori du scrutin, le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, troisième, serait éliminé dès le premier tour"
"Après le dépouillement de plus de 99 % des bulletins, il a été rétrogradé en troisième position avec 19,16 % des suffrages exprimés, juste derrière Elena Lasconi, maire centre-droit d’une petite ville, avec quelque 700 voix d’écart. Si la tendance se confirme, elle se qualifierait donc pour le second tour face au candidat prorusse Calin Georgescu, inattendu premier (22,94 %).
Quelle que soit l’issue du scrutin, « l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection », avec plus de 35 % des suffrages, a commenté le politologue Cristian Pirvulescu. Selon les experts, elle a profité d’un climat social et géopolitique tendu dans ce loyal État membre de l’UE et de l’Otan, situé aux portes de l’Ukraine.
C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui a jusqu’ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire mais exerce un magistère moral important.
Campagne TikTok
George Simion a félicité son adversaire, se réjouissant qu’un « souverainiste » se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion, 38 ans, grand fan de Donald Trump, était considéré comme l’un des favoris. Mais s’il a su capitaliser sur la détresse d’une partie de la population appauvrie par la forte inflation, il a aussi voulu renvoyer une image modérée qui « l’a desservi auprès des plus radicaux », analyse M. Pirvulescu.
À l’inverse, M. Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l’aide à l’Ukraine. « Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort », a-t-il réagi.
« Du changement »
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les Roumains ont donc porté leur dévolu sur les candidats antisystèmes, sur fond de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe.
À Bucarest, plusieurs habitants ont confié leur envie de « changement, de voir enfin les choses bouger », comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d’autres évoquant leur peur de la guerre. La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique « vital », rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’Otan, dont elle abrite plus de 5 000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.
Fort de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d'« un effet de contagion » aux élections législatives du 1er décembre, pronostique M. Pirvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition. Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien Parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
«On ne peut pas dire que nous connaissions bien les points de vue de ce candidat en ce qui concerne les relations avec notre pays», a dit à la presse ce lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé sur ce résultat. Quant aux autorités actuelles roumaines, la politique de la Roumanie sous leur direction «n’est pas amicale» à l’égard de Moscou, a-t-il rappelé, en ajoutant que la Russie «va voir» comment les choses évoluent et «qui sera vainqueur» du second tour."
https://www.sudouest.fr/international/e ... 280007.php
"Après le dépouillement de plus de 99 % des bulletins, il a été rétrogradé en troisième position avec 19,16 % des suffrages exprimés, juste derrière Elena Lasconi, maire centre-droit d’une petite ville, avec quelque 700 voix d’écart. Si la tendance se confirme, elle se qualifierait donc pour le second tour face au candidat prorusse Calin Georgescu, inattendu premier (22,94 %).
Quelle que soit l’issue du scrutin, « l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection », avec plus de 35 % des suffrages, a commenté le politologue Cristian Pirvulescu. Selon les experts, elle a profité d’un climat social et géopolitique tendu dans ce loyal État membre de l’UE et de l’Otan, situé aux portes de l’Ukraine.
C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui a jusqu’ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire mais exerce un magistère moral important.
Campagne TikTok
George Simion a félicité son adversaire, se réjouissant qu’un « souverainiste » se retrouve au second tour. Avec son discours passionné aux accents mystiques et conspirationnistes, M. Simion, 38 ans, grand fan de Donald Trump, était considéré comme l’un des favoris. Mais s’il a su capitaliser sur la détresse d’une partie de la population appauvrie par la forte inflation, il a aussi voulu renvoyer une image modérée qui « l’a desservi auprès des plus radicaux », analyse M. Pirvulescu.
À l’inverse, M. Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l’aide à l’Ukraine. « Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort », a-t-il réagi.
« Du changement »
Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les Roumains ont donc porté leur dévolu sur les candidats antisystèmes, sur fond de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe.
À Bucarest, plusieurs habitants ont confié leur envie de « changement, de voir enfin les choses bouger », comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d’autres évoquant leur peur de la guerre. La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique « vital », rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’Otan, dont elle abrite plus de 5 000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes.
Fort de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d'« un effet de contagion » aux élections législatives du 1er décembre, pronostique M. Pirvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition. Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien Parti communiste structurant la vie politique du pays depuis plus de trois décennies, gouvernent actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
«On ne peut pas dire que nous connaissions bien les points de vue de ce candidat en ce qui concerne les relations avec notre pays», a dit à la presse ce lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé sur ce résultat. Quant aux autorités actuelles roumaines, la politique de la Roumanie sous leur direction «n’est pas amicale» à l’égard de Moscou, a-t-il rappelé, en ajoutant que la Russie «va voir» comment les choses évoluent et «qui sera vainqueur» du second tour."
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