Crise politique : quelles conséquences si Emmanuel Macron démissionnait ?
Posté : 30 novembre 2024 08:09
Si plusieurs responsables politiques ont exprimé leur souhait de voir l’actuel Président quitter ses fonctions, l’hypothèse est peu probable. Mais le député insoumis Manuel Bompard s’est déjà renseigné auprès du ministère de l’Intérieur des «modalités».
Assemblée nationale divisée, Premier ministre en difficulté, budget encalminé… Face à l’incapacité d’Emmanuel Macron de gouverner depuis la dissolution, la petite musique concernant une éventuelle démission ne cesse de résonner. Dernier en date à sonner le glas : Manuel Bompard, Le coordinateur de La France insoumise (LFI), qui a envoyé une lettre ce vendredi 29 novembre à Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, pour se connaître les modalités d’organisation d’une élection présidentielle anticipée.
Ce courrier s’inscrit dans la droite lignée de plusieurs appels à la démission émis ces derniers jours. Si les insoumis la réclament depuis plusieurs semaines, le député du Rassemblement national Sébastien Chenu, l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé ou même le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, demandent désormais le départ de Macron.
Soyons clairs : en dépit des appels divers, la question ne semble pas être sur la table. Interrogé lors d’une conférence de presse à l’Elysée le 12 juin, quelques jours après le revers de son camp aux européennes, le Président avait déjà balayé le sujet. «C’est absurde, avait-il répondu. Je veux tordre le cou à ce canard qui n’existe pas.» Une démission qui ne réglerait d’ailleurs pas la crise politique actuelle dans le pays.
S’il s’agit pour l’instant d’un exercice de pure politique-fiction, la Constitution de la Ve République laisse toutefois la possibilité au chef de l’Etat de quitter ses fonctions. Libé fait le point.
Que dit la Constitution ?
Tout d’abord la démission : Emmanuel Macron peut quitter son mandat. Si la Constitution n’évoque pas précisément ce cas de figure, rien ne s’y oppose dans les textes. Le Président annonce son choix au Conseil constitutionnel et la vacance présidentielle débute.
En revanche, la Constitution et son article 7 définissent clairement le délai prévu pour l’organisation des élections présidentielles anticipées. Que ce soit en cas de décès ou de démission, elles doivent se tenir «vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus» après le début de la vacance présidentielle. Pendant ce délai, les fonctions présidentielles sont exercées par le Président du Sénat, aujourd’hui Gérard Larcher (LR).
Comment s’organise la campagne ?
Ce point est le centre du courrier de Manuel Bompard à Bruno Retailleau. «Je souhaite vous demander d’informer les différentes forces politiques des modalités d’organisation d’une telle élection», écrit le député de Marseille dans sa missive, également publiée sur les réseaux sociaux.
Selon la loi relative à l’élection présidentielle au suffrage universel, le gouvernement doit publier la liste des candidats «quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin». Comme pour les élections présidentielles classiques, les candidats doivent recevoir les 500 parrainages d’élus locaux mais dans un temps très réduit. D’autant que les candidatures doivent être envoyées au Conseil constitutionnel «au plus tard le troisième mardi précédant le premier tour de scrutin à dix-huit heures». Imaginons un instant la situation suivante : l’élection est organisée 35 jours après la démission d’Emmanuel Macron et les candidatures sont envoyées vingt jours avant le premier tour, ça ne laisserait donc que deux semaines de campagnes aux candidats officiels.
Ce délai restreint s’applique également aux services de l’Etat qui organise l’élection. De l’impression des affiches de campagne à celle des bulletins de vote, plusieurs démarches devront être lancés en urgence.
Qui sont les candidats déclarés ?
Même si la prochaine élection présidentielle a officiellement lieu en avril 2027, plusieurs politiques ne perdent pas leur temps et se sont déjà déclaré candidats ces derniers mois. Sans surprise, Marine Le Pen est «la candidate naturelle» du Rassemblement national, pour reprendre sa propre expression lors d’une interview pour TF1 le 18 septembre 2023. Mais si elle souhaite être de la partie, la menace d’inéligibilité, qui pourrait être prononcée si elle est condamnée dans le procès des assistants parlementaires du RN, plane sur elle. Dans ce cas, elle serait logiquement remplacée par le président du RN, Jordan Bardella.
Autre candidat assumé : Edouard Philippe. L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron est sorti du bois le 3 septembre. Une annonce qui avait surpris son camp, alors qu’Emmanuel Macron, fragilisé par les résultats aux législatives, peinait à trouver un chef de gouvernement. Le président d’Horizons avait mis fin à un suspense qui n’en était pas vraiment un, en se déclarant officiellement candidat. Mais si son parti est l’une des entités du camp présidentiel, il n’a pas encore été tranché s’il y aura un candidat unique aux macronistes ou non. D’autant que d’autres cadres, Gérald Darmanin et Gabriel Attal en tête, comptent bien jouer les premiers rôles. A droite, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand s’est aussi déclaré candidat, bien que son parti Les Républicains n’aient pas encore officiellement choisi leur poulain.
A gauche, aucun candidat ne s’est déclaré pour le moment, même si certains tentent déjà de s’imposer. Les insoumis souhaitent voir Jean-Luc Mélenchon, qui a laissé entendre qu’il pourrait se présenter. Dans un jeu faussement flou, le chef de file de LFI assurait encore cet été qu’il n’avait «pas encore dit [qu’il sera] candidat». Si le Nouveau Front populaire avait fait campagne commune aux dernières élections législatives, la décision n’a pas encore été prise pour la prochaine présidentielle, alors que les relations se tendent entre les quatre partis.
https://www.liberation.fr/politique/ele ... 4BGJU6EFY/
Assemblée nationale divisée, Premier ministre en difficulté, budget encalminé… Face à l’incapacité d’Emmanuel Macron de gouverner depuis la dissolution, la petite musique concernant une éventuelle démission ne cesse de résonner. Dernier en date à sonner le glas : Manuel Bompard, Le coordinateur de La France insoumise (LFI), qui a envoyé une lettre ce vendredi 29 novembre à Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, pour se connaître les modalités d’organisation d’une élection présidentielle anticipée.
Ce courrier s’inscrit dans la droite lignée de plusieurs appels à la démission émis ces derniers jours. Si les insoumis la réclament depuis plusieurs semaines, le député du Rassemblement national Sébastien Chenu, l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé ou même le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, demandent désormais le départ de Macron.
Soyons clairs : en dépit des appels divers, la question ne semble pas être sur la table. Interrogé lors d’une conférence de presse à l’Elysée le 12 juin, quelques jours après le revers de son camp aux européennes, le Président avait déjà balayé le sujet. «C’est absurde, avait-il répondu. Je veux tordre le cou à ce canard qui n’existe pas.» Une démission qui ne réglerait d’ailleurs pas la crise politique actuelle dans le pays.
S’il s’agit pour l’instant d’un exercice de pure politique-fiction, la Constitution de la Ve République laisse toutefois la possibilité au chef de l’Etat de quitter ses fonctions. Libé fait le point.
Que dit la Constitution ?
Tout d’abord la démission : Emmanuel Macron peut quitter son mandat. Si la Constitution n’évoque pas précisément ce cas de figure, rien ne s’y oppose dans les textes. Le Président annonce son choix au Conseil constitutionnel et la vacance présidentielle débute.
En revanche, la Constitution et son article 7 définissent clairement le délai prévu pour l’organisation des élections présidentielles anticipées. Que ce soit en cas de décès ou de démission, elles doivent se tenir «vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus» après le début de la vacance présidentielle. Pendant ce délai, les fonctions présidentielles sont exercées par le Président du Sénat, aujourd’hui Gérard Larcher (LR).
Comment s’organise la campagne ?
Ce point est le centre du courrier de Manuel Bompard à Bruno Retailleau. «Je souhaite vous demander d’informer les différentes forces politiques des modalités d’organisation d’une telle élection», écrit le député de Marseille dans sa missive, également publiée sur les réseaux sociaux.
Selon la loi relative à l’élection présidentielle au suffrage universel, le gouvernement doit publier la liste des candidats «quinze jours au moins avant le premier tour de scrutin». Comme pour les élections présidentielles classiques, les candidats doivent recevoir les 500 parrainages d’élus locaux mais dans un temps très réduit. D’autant que les candidatures doivent être envoyées au Conseil constitutionnel «au plus tard le troisième mardi précédant le premier tour de scrutin à dix-huit heures». Imaginons un instant la situation suivante : l’élection est organisée 35 jours après la démission d’Emmanuel Macron et les candidatures sont envoyées vingt jours avant le premier tour, ça ne laisserait donc que deux semaines de campagnes aux candidats officiels.
Ce délai restreint s’applique également aux services de l’Etat qui organise l’élection. De l’impression des affiches de campagne à celle des bulletins de vote, plusieurs démarches devront être lancés en urgence.
Qui sont les candidats déclarés ?
Même si la prochaine élection présidentielle a officiellement lieu en avril 2027, plusieurs politiques ne perdent pas leur temps et se sont déjà déclaré candidats ces derniers mois. Sans surprise, Marine Le Pen est «la candidate naturelle» du Rassemblement national, pour reprendre sa propre expression lors d’une interview pour TF1 le 18 septembre 2023. Mais si elle souhaite être de la partie, la menace d’inéligibilité, qui pourrait être prononcée si elle est condamnée dans le procès des assistants parlementaires du RN, plane sur elle. Dans ce cas, elle serait logiquement remplacée par le président du RN, Jordan Bardella.
Autre candidat assumé : Edouard Philippe. L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron est sorti du bois le 3 septembre. Une annonce qui avait surpris son camp, alors qu’Emmanuel Macron, fragilisé par les résultats aux législatives, peinait à trouver un chef de gouvernement. Le président d’Horizons avait mis fin à un suspense qui n’en était pas vraiment un, en se déclarant officiellement candidat. Mais si son parti est l’une des entités du camp présidentiel, il n’a pas encore été tranché s’il y aura un candidat unique aux macronistes ou non. D’autant que d’autres cadres, Gérald Darmanin et Gabriel Attal en tête, comptent bien jouer les premiers rôles. A droite, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand s’est aussi déclaré candidat, bien que son parti Les Républicains n’aient pas encore officiellement choisi leur poulain.
A gauche, aucun candidat ne s’est déclaré pour le moment, même si certains tentent déjà de s’imposer. Les insoumis souhaitent voir Jean-Luc Mélenchon, qui a laissé entendre qu’il pourrait se présenter. Dans un jeu faussement flou, le chef de file de LFI assurait encore cet été qu’il n’avait «pas encore dit [qu’il sera] candidat». Si le Nouveau Front populaire avait fait campagne commune aux dernières élections législatives, la décision n’a pas encore été prise pour la prochaine présidentielle, alors que les relations se tendent entre les quatre partis.
https://www.liberation.fr/politique/ele ... 4BGJU6EFY/