Page 1 sur 1

«C’est bon pour nous ou c’est pas bon pour nous ?» : sur la censure, le grand pari de Marine Le Pen

Posté : 05 décembre 2024 06:49
par Corvo
Il aurait peut-être fallu y penser avant non ?...

En décidant de faire tomber Michel Barnier, la présidente des députés RN se juge fidèle à la base du parti. Mais elle a elle-même reconnu ne pas maîtriser les conséquences du geste pour sa formation.

Marine Le Pen fait un pari dont elle n’a pas choisi les termes. En décidant de voter la motion de censure de la gauche, ce mercredi 4 décembre, la patronne des députés du Rassemblement national (RN) veut croire que faire tomber un gouvernement de droite vaut mieux que lui avoir fait courber l’échine. Le choix n’était pas évident, le navire tangue. Invitée au 20 heures de TF1, l’intéressée l’a reconnu : «Il n’y avait pas d’autre solution que cette solution et encore une fois je le regrette.» Certes, prétend-elle, elle n’a pas de «vertige». «Je ne considère pas que ce soit une victoire», s’empresse-t-elle d’ajouter, comme consciente de l’épineuse situation dans laquelle elle s’est fourrée.

Il faut garder le cap et se répéter que tout va bien se passer. «Tous les jours, on ouvre la presse qui prédit l’enfer mais on voit qu’on passera probablement du cataclysme à la piqûre de moustique», assure le député RN du Gard Nicolas Meizonnet. Le chaos, c’est les autres. Heureuse coïncidence, le CAC 40 ne remonte-t-il pas ? «Le précipité doit tomber, je comprends qu’il y ait des inquiétudes mais vous allez voir que la semaine prochaine tout va rentrer dans l’ordre. Les marchés se sont-ils écroulés ?» abonde la députée RN du Var, Laure Lavalette. Une autre élue frontiste, Edwige Diaz, exhibe des extraits d’un courrier d’une organisation patronale de Gironde lui demandant de «tout faire pour s’opposer au budget». Le fond de l’air est fébrile. Gare aux égratignures, si l’instabilité politique se prolonge en crise économique et financière.

Décision prise en quelques dizaines de minutes
En courant partout éteindre mille nouveaux incendies, l’extrême droite laisse voir qu’elle n’était pas vraiment préparée au scénario d’un Barnier inflexible. Pendant quelques heures, lundi, certains ont bien cru à leur victoire sur le Premier ministre. «Ils se sont quand même couchés, je me suis demandé pourquoi ne se coucheraient-ils pas jusqu’au bout», retrace une députée, convaincue qu’après avoir cédé sur le déremboursement des médicaments, l’ex-négociateur du Brexit allait lâcher sur la désindexation des retraites. «En réunion de groupe, lundi [à 14 heures], il était vraiment question pour Marine Le Pen de ne pas censurer dans ce cas et de s’abstenir sur le budget», poursuit la même. Voire.

La décision était alors flottante. Elle a été prise en quelques dizaines de minutes par Marine Le Pen, Jordan Bardella et une poignée de très proches, sans convaincre tout le monde. La cheffe aurait-elle vraiment dit «banco» si elle avait obtenu satisfaction sur les pensions ? Ces derniers jours, son bras droit Jean-Philippe Tanguy rappelait que sa formation n’aurait pas admis de mesures non financées. Aucune bonne solution ne semblait se profiler à l’horizon.

«Nos engagements à l’égard de nos électeurs sont supérieurs à tout le reste», a lancé Marine Le Pen à ses troupes par vidéo, mardi 3 décembre. Sans s’avancer sur le bénéfice : «Est-ce que c’est bon pour nous ? Est-ce que c’est pas bon pour nous ? Mais on se moque de cela, on n’est pas là pour défendre nos petites perspectives politiques personnelles», a-t-elle sermonné, en réponse aux observateurs qui l’accusent de ménager sa base populiste au détriment de l’électorat plus bourgeois qu’elle convoite. «C’est comme ça que l’on remplit son mandat, c’est en défendant [nos électeurs], même quand c’est difficile, même quand les décisions à prendre sont compliquées», conclut la cheffe.

«Viles obsessions»
Blanchies sous le harnais par les périodes d’adversité, les troupes lepénistes resserrent les rangs. «Nous ne sommes pas un parti comme les autres», ressasse Laure Lavalette pour justifier le choix de voter la motion de censure de la gauche alors que celle-ci dénonce les «viles obsessions» de l’extrême droite. Ces derniers temps, la volonté de s’embourgeoiser avait quelque peu déshabitué les troupes à la rhétorique antisystème. «Le système, c’est quand les institutions sont dévoyées pour servir des intérêts particuliers, oppose Tanguy. Là, le système panique parce que le peuple français va exercer son pouvoir à travers nous mais ce qui nous empêche de gagner, ce n’est pas les 2 % du Rotary Club ou les élucubrations de Versaillais radicalisés.»

Retour au populisme, au moins le temps que la tempête se calme. Et qui de mieux que le sondeur Jérôme Sainte-Marie, conseiller de Marine Le Pen et théoricien de l’affrontement entre bloc populaire et bloc bourgeois, pour redonner du cœur aux ouailles ? «Ils ne se rendent pas compte que leur discours va agir comme un vaccin : une fois cette dose d’inquiétude répandue et démentie par les faits, il sera beaucoup plus difficile de reconstruire le mur de la peur contre nous», commente celui-ci sur la boucle «argumentaires» du RN. Comme le voyageur de Descartes, égaré dans la forêt, Marine Le Pen a choisi un sentier aventureux, sans savoir s’il mène vraiment quelque part, dans l’espoir d’être tout de même mieux lotie qu’au milieu du bois.

https://www.liberation.fr/politique/ele ... ANNWPQH4Y/

Re: «C’est bon pour nous ou c’est pas bon pour nous ?» : sur la censure, le grand pari de Marine Le Pen

Posté : 05 décembre 2024 23:03
par papibilou
Elle a perdu son statut de femme d'état responsable.
Elle a contribué à pourrir une situation préjudiciable à la France d'aujourd'hui et de demain.
Elle a joué la surenchère comme un mauvais syndicat.
Elle a mécontenté une partie de son électorat et n'a sûrement pas gagné beaucoup de voix par ailleurs.

Re: «C’est bon pour nous ou c’est pas bon pour nous ?» : sur la censure, le grand pari de Marine Le Pen

Posté : 05 décembre 2024 23:05
par Kelenner
A mon avis vous n’avez rien compris à la stratégie politique. Elle était obligée d’agir pour conserver sa crédibilité, son électorat est très favorable à cette censure. Mélenchon et elle sont les deux grands gagnants, incontestablement.

Re: «C’est bon pour nous ou c’est pas bon pour nous ?» : sur la censure, le grand pari de Marine Le Pen

Posté : 06 décembre 2024 00:02
par gare au gorille
papibilou a écrit : 05 décembre 2024 23:03 Elle a perdu son statut de femme d'état responsable.
Elle a contribué à pourrir une situation préjudiciable à la France d'aujourd'hui et de demain.
Elle a joué la surenchère comme un mauvais syndicat.
Elle a mécontenté une partie de son électorat et n'a sûrement pas gagné beaucoup de voix par ailleurs.

Bien au contraire elle a pris ses responsabilités et nous sommes une majorité à l'en remercier. De toute façon nous avons bien vu que même avec tous ses efforts et quoi qu'elle fasse elle reste l'objet d'un sectarisme crasse de la part de la classe politique qui ne connait que la mise à l'écart et la diabolisation à son encontre, alors même que de plus en plus la réalité des faits lui donne raison. Il ne sert à rien de faire des courbettes à ces castes politiciennes, c'est par ses électeurs que le RN avance.

Re: «C’est bon pour nous ou c’est pas bon pour nous ?» : sur la censure, le grand pari de Marine Le Pen

Posté : 06 décembre 2024 00:54
par vivarais
bon ou pas bon il fallait y réfléchir avant d'élire celui qui a fait un beau débat