Exil des Syriens : le RN pressé d’«inverser les flux»
Posté : 12 décembre 2024 07:29
Le parti d’extrême droite, qui n’a jamais considéré les Syriens comme de vrais exilés, a exprimé sa volonté de durcir davantage les règles de droit d’asile, après la chute du régime de Bachar al-Assad.
Au plus fort de la crise migratoire en Europe, en 2015, quand des centaines de milliers de réfugiés syriens fuyaient la répression du régime de Bachar al-Assad, Marine Le Pen, elle, invitait à se replonger dans le roman de Jean Raspail, le Camp des saints. Paru en 1973, l’ouvrage raconte le déferlement dystopique de millions de migrants sur les rives d’une Europe affaiblie par l’idéologie des droits de l’homme, incapable de se défendre contre cette invasion en prenant les mesures qui «s’imposent». Masse «grouillante», «bouillon de culture, colonie de microbes», «épouvantable armée» mélangeant vivants et cadavres «en tas mous et fluides comme la boue» : il faut en effet lire ou relire la façon dont Raspail décrit les migrants loqueteux de son roman pour comprendre la façon dont l’extrême droite perçoit les réfugiés syriens.
Rien d’étonnant, donc, à ce que Jordan Bardella, interrogé à leur sujet mardi matin sur TF1, n’en parle qu’en termes de «flux» qu’il s’agirait d’«inverser» au plus vite. «Nous avons accordé, je crois ces dix dernières années, trente mille demandes d’asiles sur les quarante mille dépôts de dossiers qui ont été effectués auprès de l’Ofpra. […] On peut légitimement envisager la suspension du traitement des demandes d’asile liées à la Syrie […] et je pense qu’il faut organiser effectivement le retour», poursuit le président du RN. Omettant de préciser que la suspension provisoire des demandes d’asile est automatique en cas de changement de régime, comme l’a rappelé l’office dans un communiqué lundi.
Contradiction
D’autant que le RN n’a jamais considéré les intéressés comme de vrais exilés. En 2022, Marine Le Pen distinguait le bon grain ukrainien de l’ivraie syrienne, estimant sur BFM que ceux «qui sont partis de Syrie étaient quasiment tous des hommes». Façon de s’opposer à l’afflux de Proche et Moyen-Orientaux, qui, selon la formation frontiste, devraient être accueillis par les pays limitrophes – qui le font déjà pour l’écrasante majorité – partageant la même aire civilisationnelle, selon une vision identitaire commune à l’extrême droite. Une autre façon de s’opposer, a priori, à de nouvelles vagues de réfugiés en cas de nouvelle déstabilisation de la région, est de vider le droit d’asile de son contenu. «Je demande également à ce que les demandes d’asile ne soient plus traitées sur le sol français mais qu’elles soient traitées dans les ambassades et les pays de départ parce qu’il faut encore une fois protéger nos compatriotes du risque d’infiltration terroriste», exigeait Bardella mardi, comme si la chose était aisée dans un pays en guerre. Mercredi matin, Marine Le Pen s’est prononcée contre toute «automaticité» des demandes, et n’a pas manqué de s’inquiéter du sort des «minorités», notamment chrétiennes. «Je crains pour les populations qui vont fuir cette potentielle dictature islamiste», a-t-elle fait mine de se soucier, soulignant la nature «tout aussi autoritaire et probablement aussi brutale», du nouveau régime. Sans se préoccuper de la contradiction entre ses mises en garde sur un nouveau pouvoir islamiste et la volonté de faire repartir des centaines de milliers de familles sur place.
https://www.liberation.fr/politique/ele ... MXHC52HRQ/
Sur la table de chevet
L'un des livres favoris de Marine Le Pen décrit une apocalypse migratoire
La présidente du FN recommande la lecture du «Camp des Saints», livre culte de l'extrême droite, écrit en 1973, par Jean Raspail, royaliste revendiqué.
https://www.liberation.fr/france/2015/0 ... e_1383026/
Au plus fort de la crise migratoire en Europe, en 2015, quand des centaines de milliers de réfugiés syriens fuyaient la répression du régime de Bachar al-Assad, Marine Le Pen, elle, invitait à se replonger dans le roman de Jean Raspail, le Camp des saints. Paru en 1973, l’ouvrage raconte le déferlement dystopique de millions de migrants sur les rives d’une Europe affaiblie par l’idéologie des droits de l’homme, incapable de se défendre contre cette invasion en prenant les mesures qui «s’imposent». Masse «grouillante», «bouillon de culture, colonie de microbes», «épouvantable armée» mélangeant vivants et cadavres «en tas mous et fluides comme la boue» : il faut en effet lire ou relire la façon dont Raspail décrit les migrants loqueteux de son roman pour comprendre la façon dont l’extrême droite perçoit les réfugiés syriens.
Rien d’étonnant, donc, à ce que Jordan Bardella, interrogé à leur sujet mardi matin sur TF1, n’en parle qu’en termes de «flux» qu’il s’agirait d’«inverser» au plus vite. «Nous avons accordé, je crois ces dix dernières années, trente mille demandes d’asiles sur les quarante mille dépôts de dossiers qui ont été effectués auprès de l’Ofpra. […] On peut légitimement envisager la suspension du traitement des demandes d’asile liées à la Syrie […] et je pense qu’il faut organiser effectivement le retour», poursuit le président du RN. Omettant de préciser que la suspension provisoire des demandes d’asile est automatique en cas de changement de régime, comme l’a rappelé l’office dans un communiqué lundi.
Contradiction
D’autant que le RN n’a jamais considéré les intéressés comme de vrais exilés. En 2022, Marine Le Pen distinguait le bon grain ukrainien de l’ivraie syrienne, estimant sur BFM que ceux «qui sont partis de Syrie étaient quasiment tous des hommes». Façon de s’opposer à l’afflux de Proche et Moyen-Orientaux, qui, selon la formation frontiste, devraient être accueillis par les pays limitrophes – qui le font déjà pour l’écrasante majorité – partageant la même aire civilisationnelle, selon une vision identitaire commune à l’extrême droite. Une autre façon de s’opposer, a priori, à de nouvelles vagues de réfugiés en cas de nouvelle déstabilisation de la région, est de vider le droit d’asile de son contenu. «Je demande également à ce que les demandes d’asile ne soient plus traitées sur le sol français mais qu’elles soient traitées dans les ambassades et les pays de départ parce qu’il faut encore une fois protéger nos compatriotes du risque d’infiltration terroriste», exigeait Bardella mardi, comme si la chose était aisée dans un pays en guerre. Mercredi matin, Marine Le Pen s’est prononcée contre toute «automaticité» des demandes, et n’a pas manqué de s’inquiéter du sort des «minorités», notamment chrétiennes. «Je crains pour les populations qui vont fuir cette potentielle dictature islamiste», a-t-elle fait mine de se soucier, soulignant la nature «tout aussi autoritaire et probablement aussi brutale», du nouveau régime. Sans se préoccuper de la contradiction entre ses mises en garde sur un nouveau pouvoir islamiste et la volonté de faire repartir des centaines de milliers de familles sur place.
https://www.liberation.fr/politique/ele ... MXHC52HRQ/
Sur la table de chevet
L'un des livres favoris de Marine Le Pen décrit une apocalypse migratoire
La présidente du FN recommande la lecture du «Camp des Saints», livre culte de l'extrême droite, écrit en 1973, par Jean Raspail, royaliste revendiqué.
https://www.liberation.fr/france/2015/0 ... e_1383026/