«Qu’ils retournent en Afrique» : cinq militants de «Défends Marseille» condamnés pour «provocation à la haine raciale»
Posté : 18 janvier 2025 07:38
Qui sème la haine...
Les jeunes hommes, âgés de 20 à 29 ans au moment des faits, avaient déployé une banderole empruntant au député RN Grégoire de Fournas lors d’un concert au profit de SOS Méditerranée.
S’il fallait un jugement pour le confirmer, c’est chose faite : «Qu’ils retournent en Afrique» constitue une «provocation à la haine raciale», a acté le tribunal correctionnel de Marseille en condamnant mercredi 15 janvier cinq militants du groupuscule identitaire Défends Marseille à des peines de prison avec sursis. Le 24 juin 2023, ces cinq hommes âgés alors de 20 à 29 ans avaient tendu une banderole affichant la phrase sur un toit lors d’un concert caritatif au profit de l’ONG SOS Méditerranée. Une référence aux propos similaires tenus par le député RN Grégoire de Fournas en novembre 2022 à l’Assemblée nationale, alors que le député LFI Carlos Martens Bilongo s’exprimait. Dès leur placement en garde à vue, les militants avaient reçu le soutien du sénateur ex-RN ex-Reconquête Stéphane Ravier, dont Défends Marseille est la branche jeunesse.
Le tribunal, requalifiant les faits d’«injures publiques à caractère raciste» pour lesquels ils étaient poursuivis, a condamné quatre d’entre eux à des peines de trois mois de prison avec sursis et six mois avec sursis pour le cinquième, Aurélien Macé dit «Barkovish», leur leader par ailleurs déjà condamné pour une affaire de violences en état d’ébriété. Une sanction plus lourde que celle requise à l’audience de novembre dernier par la procureure de la République, qui avait suggéré pour eux une peine alternative : un stage de citoyenneté au Camp des Milles, un ancien lieu d’internement et de déportation vers Auschwitz situé entre Aix et Marseille, aujourd’hui site mémoriel dédié aux actions éducatives. Les quatre associations qui s’étaient portées partie civile – la Licra, la Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme et la Maison des Potes – qui auraient souhaité que la justice les tape aussi au portefeuille, n’ont en revanche obtenu qu’un euro de dommages et intérêts.
«Des courants suprématistes et identitaires»
L’avocat des militants, Julien Pinelli, également conseil du sénateur Ravier, annonçait sitôt le jugement tombé son intention de faire appel. «Il y a tout lieu de s’inquiéter d’un tel recul des libertés individuelles, au premier rang desquelles celles d’expression et de conscience, face à l’hégémonie d’une pensée unique dont il est désormais périlleux de s’écarter. Car ce sont avant tout les convictions politiques de mes clients qui les ont conduits devant le tribunal», a-t-il commenté. Outre leur proximité affichée avec le sénateur Ravier, les enquêteurs avaient aussi ramené des perquisitions à leurs domiciles toute une panoplie d’éléments révélateurs de leurs idées, comme une affiche du collectif C9M, qui avait réuni près de 500 militants cagoulés à une manifestation néofasciste organisée le 6 mai à Paris, la photo d’un sticker «brigade anti nègres» prise lors de ce même défilé, ou encore un autocollant «White boy Summer».
«Je souhaite que cette peine dissuade de toute récidive ces jeunes qui se revendiquent de courants suprémacistes et identitaires», commentait ce mercredi Samuel Thomas, le président de la Maison des Potes. Pas sûr : «La persécution n’a fait ne fait que renforcer notre détermination. Nous mènerons le combat. Quoi qu’il en coûte», prévenaient déjà les intéressés il y a quelques mois sur leur page internet. Ni eux, ni Stéphane Ravier, d’ordinaire prompt à la réaction sur ses réseaux sociaux, n’ont pour l’heure commenté le jugement.
https://www.liberation.fr/politique/qui ... QZEMPXWS4/
Les jeunes hommes, âgés de 20 à 29 ans au moment des faits, avaient déployé une banderole empruntant au député RN Grégoire de Fournas lors d’un concert au profit de SOS Méditerranée.
S’il fallait un jugement pour le confirmer, c’est chose faite : «Qu’ils retournent en Afrique» constitue une «provocation à la haine raciale», a acté le tribunal correctionnel de Marseille en condamnant mercredi 15 janvier cinq militants du groupuscule identitaire Défends Marseille à des peines de prison avec sursis. Le 24 juin 2023, ces cinq hommes âgés alors de 20 à 29 ans avaient tendu une banderole affichant la phrase sur un toit lors d’un concert caritatif au profit de l’ONG SOS Méditerranée. Une référence aux propos similaires tenus par le député RN Grégoire de Fournas en novembre 2022 à l’Assemblée nationale, alors que le député LFI Carlos Martens Bilongo s’exprimait. Dès leur placement en garde à vue, les militants avaient reçu le soutien du sénateur ex-RN ex-Reconquête Stéphane Ravier, dont Défends Marseille est la branche jeunesse.
Le tribunal, requalifiant les faits d’«injures publiques à caractère raciste» pour lesquels ils étaient poursuivis, a condamné quatre d’entre eux à des peines de trois mois de prison avec sursis et six mois avec sursis pour le cinquième, Aurélien Macé dit «Barkovish», leur leader par ailleurs déjà condamné pour une affaire de violences en état d’ébriété. Une sanction plus lourde que celle requise à l’audience de novembre dernier par la procureure de la République, qui avait suggéré pour eux une peine alternative : un stage de citoyenneté au Camp des Milles, un ancien lieu d’internement et de déportation vers Auschwitz situé entre Aix et Marseille, aujourd’hui site mémoriel dédié aux actions éducatives. Les quatre associations qui s’étaient portées partie civile – la Licra, la Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme et la Maison des Potes – qui auraient souhaité que la justice les tape aussi au portefeuille, n’ont en revanche obtenu qu’un euro de dommages et intérêts.
«Des courants suprématistes et identitaires»
L’avocat des militants, Julien Pinelli, également conseil du sénateur Ravier, annonçait sitôt le jugement tombé son intention de faire appel. «Il y a tout lieu de s’inquiéter d’un tel recul des libertés individuelles, au premier rang desquelles celles d’expression et de conscience, face à l’hégémonie d’une pensée unique dont il est désormais périlleux de s’écarter. Car ce sont avant tout les convictions politiques de mes clients qui les ont conduits devant le tribunal», a-t-il commenté. Outre leur proximité affichée avec le sénateur Ravier, les enquêteurs avaient aussi ramené des perquisitions à leurs domiciles toute une panoplie d’éléments révélateurs de leurs idées, comme une affiche du collectif C9M, qui avait réuni près de 500 militants cagoulés à une manifestation néofasciste organisée le 6 mai à Paris, la photo d’un sticker «brigade anti nègres» prise lors de ce même défilé, ou encore un autocollant «White boy Summer».
«Je souhaite que cette peine dissuade de toute récidive ces jeunes qui se revendiquent de courants suprémacistes et identitaires», commentait ce mercredi Samuel Thomas, le président de la Maison des Potes. Pas sûr : «La persécution n’a fait ne fait que renforcer notre détermination. Nous mènerons le combat. Quoi qu’il en coûte», prévenaient déjà les intéressés il y a quelques mois sur leur page internet. Ni eux, ni Stéphane Ravier, d’ordinaire prompt à la réaction sur ses réseaux sociaux, n’ont pour l’heure commenté le jugement.
https://www.liberation.fr/politique/qui ... QZEMPXWS4/