«La Négresse» : la justice ordonne à Biarritz de changer le nom de son quartier
Posté : 06 février 2025 19:16
Chacun jugera...ou pas.
La cour administrative d’appel de Bordeaux a décidé ce jeudi 6 février de contraindre la ville des Pyrénées-Atlantiques à débaptiser son quartier «La Négresse», car ce terme est «de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine».
De l’importance de la toponymie. La cour administrative d’appel de Bordeaux a ordonné ce jeudi 6 février à la ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) de changer le nom de son quartier «La Négesse» : «Quelles que soient l’origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme ‘‘La Négresse’’ évoque aujourd’hui, de façon dévalorisante, l’origine raciale d’une femme dont l’identité n’a d’ailleurs pas été formellement identifiée», a tranché la juridiction dans un communiqué.
La cour a estimé ajouté qu’il s’agit d’un mot «de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine» qui peut être perçu par la population, «qu’elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l’égard des personnes d’origine africaine». A l’audience, le 16 janvier la rapporteure publique, dont l’avis est généralement suivi, avait estimé que «l’évolution sémantique» du mot lui confère aujourd’hui une «connotation insultante» pouvant «porter atteinte à la dignité humaine».
Esclavagisme : en France aussi, la mémoire à la rue
Le directeur et fondateur de l’association requérante, Karfa Diallo, s’est, lui, «ému» d’une «décision historique». «C’est le triomphe des valeurs de la République, c’est le refus de la banalisation du racisme, du sexisme, cette appellation, cet outrage, n’avait que trop duré, il était temps d’y mettre un terme», a-t-il déclaré.
L’association Mémoires et Partages, qui promeut le travail de mémoire sur la colonisation et l’esclavage, avait porté l’affaire en justice. Elle avait demandé à la maire LR Maider Arosteguy d’abroger deux délibérations de 1861 et 1986, ayant baptisé du nom «La Négresse» un quartier et une rue de la ville.
L’élue de droite ayant refusé, l’association avait saisi le tribunal administratif de Pau. Ce dernier avait également rejeté le recours par un jugement du 21 décembre 2023, estimant que le nom du quartier serait «une perspective mémorielle en hommage» à une femme qui y aurait servi dans une auberge au début du XIXe siècle. L’association avait alors fait appel de cette décision.
Vers une saisine du Conseil d’Etat ?
La cour administrative d’appel de Bordeaux a donc annulé la décision du tribunal administratif de Pau. La ville de Biarritz a désormais trois mois pour saisir son conseil municipal «seul compétent pour décider de modifier le nom d’un lieu-dit situé sur le territoire de la commune, pour qu’il procède à l’abrogation des délibérations».
En réaction, la maire de Biarritz, a souligné sa «déception» puisque qu’une telle décision «signifie que la justice n’a pas suivi l’explication historique de ce nom mais a préféré rester sur une lecture contemporaine». Maider Arosteguy a déclaré vouloir porter la décision devant le Conseil d'Etat. «Et même si la justice nous impose le changement de nom, de toute façon les Biarrots continueront d’appeler [le quartier] comme ça», anticipe-t-elle.
L’année 2026 marquera le 25e anniversaire de la loi de 2001 qui a reconnu l’esclavage comme crime contre l’Humanité et institué une journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
https://www.liberation.fr/societe/ville ... CHJKKIQ7U/
Un peu d'histoire :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_N%C3%A ... (Biarritz)
La cour administrative d’appel de Bordeaux a décidé ce jeudi 6 février de contraindre la ville des Pyrénées-Atlantiques à débaptiser son quartier «La Négresse», car ce terme est «de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine».
De l’importance de la toponymie. La cour administrative d’appel de Bordeaux a ordonné ce jeudi 6 février à la ville de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) de changer le nom de son quartier «La Négesse» : «Quelles que soient l’origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme ‘‘La Négresse’’ évoque aujourd’hui, de façon dévalorisante, l’origine raciale d’une femme dont l’identité n’a d’ailleurs pas été formellement identifiée», a tranché la juridiction dans un communiqué.
La cour a estimé ajouté qu’il s’agit d’un mot «de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine» qui peut être perçu par la population, «qu’elle soit résidente ou de passage, comme comportant un caractère offensant à l’égard des personnes d’origine africaine». A l’audience, le 16 janvier la rapporteure publique, dont l’avis est généralement suivi, avait estimé que «l’évolution sémantique» du mot lui confère aujourd’hui une «connotation insultante» pouvant «porter atteinte à la dignité humaine».
Esclavagisme : en France aussi, la mémoire à la rue
Le directeur et fondateur de l’association requérante, Karfa Diallo, s’est, lui, «ému» d’une «décision historique». «C’est le triomphe des valeurs de la République, c’est le refus de la banalisation du racisme, du sexisme, cette appellation, cet outrage, n’avait que trop duré, il était temps d’y mettre un terme», a-t-il déclaré.
L’association Mémoires et Partages, qui promeut le travail de mémoire sur la colonisation et l’esclavage, avait porté l’affaire en justice. Elle avait demandé à la maire LR Maider Arosteguy d’abroger deux délibérations de 1861 et 1986, ayant baptisé du nom «La Négresse» un quartier et une rue de la ville.
L’élue de droite ayant refusé, l’association avait saisi le tribunal administratif de Pau. Ce dernier avait également rejeté le recours par un jugement du 21 décembre 2023, estimant que le nom du quartier serait «une perspective mémorielle en hommage» à une femme qui y aurait servi dans une auberge au début du XIXe siècle. L’association avait alors fait appel de cette décision.
Vers une saisine du Conseil d’Etat ?
La cour administrative d’appel de Bordeaux a donc annulé la décision du tribunal administratif de Pau. La ville de Biarritz a désormais trois mois pour saisir son conseil municipal «seul compétent pour décider de modifier le nom d’un lieu-dit situé sur le territoire de la commune, pour qu’il procède à l’abrogation des délibérations».
En réaction, la maire de Biarritz, a souligné sa «déception» puisque qu’une telle décision «signifie que la justice n’a pas suivi l’explication historique de ce nom mais a préféré rester sur une lecture contemporaine». Maider Arosteguy a déclaré vouloir porter la décision devant le Conseil d'Etat. «Et même si la justice nous impose le changement de nom, de toute façon les Biarrots continueront d’appeler [le quartier] comme ça», anticipe-t-elle.
L’année 2026 marquera le 25e anniversaire de la loi de 2001 qui a reconnu l’esclavage comme crime contre l’Humanité et institué une journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage.
https://www.liberation.fr/societe/ville ... CHJKKIQ7U/
Un peu d'histoire :
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_N%C3%A ... (Biarritz)