Violences au collège-lycée Bétharram : Bayrou dit n’avoir «jamais été informé» des dérives....
Posté : 12 février 2025 07:54
...«Mediapart» publie des documents qui démentent cette version
Le chef du gouvernement prétend ce mardi 11 février n’avoir jamais rien su des violences sexuelles exercées au sein de l’établissement catholique du Béarn, région dont il est originaire. Des enquêtes journalistiques affirment pourtant le contraire.
François Bayrou savait-il tout des sévices sexuels qu’ont subis les élèves de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram ? Le Premier ministre a assuré ce mardi 11 février n’avoir «jamais été informé», dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés les membres de cet établissement catholique du Béarn qu’ont fréquenté ses enfants.
Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 70 et 90. Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme.
Enquête de «Mediapart»
En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Education nationale, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d’un de ses fils, condamné par la suite. Puis, en mai 1998, alors qu’il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.
«Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais», a martelé François Bayrou à l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député LFI Paul Vannier. La semaine dernière, des témoins interrogés par l’AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé le contraire.
Pédocriminalité
Violences physiques et sexuelles dans l’institution Notre-Dame de Bétharram : plus de 100 plaintes déposées
Le chef du gouvernement a exprimé sa «sympathie» pour «les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là» et avancé «deux preuves» de son ignorance des faits. D’une part, «lorsque la première plainte est déposée», selon lui «en décembre 1997», il a «quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois» – en mai de la même année. D’autre part, «est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements» où l’on aurait «soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?» a interrogé le Premier ministre. «Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée», a-t-il conclu, sans préciser qui était visé.
Peu après ces déclarations, Mediapart a révélé ce mardi soir de nouveaux documents attestant selon le média d’investigation des mensonges du chef du gouvernement. «Le Premier ministre n’a pas reçu une mais au moins trois alertes», retrace le site. Le ministre affirme qu’il n’était pas en poste lorsque la première plainte est déposée. C’est faux, dit Mediapart, «la première condamnation d’un surveillant général pour des faits de violences date de juin 1996, à une période où le Béarnais était donc bien au gouvernement», retracent les journalistes. François Bayrou «avait même cru bon d’organiser une visite officielle dans l’établissement en mai 1996, un mois après le dépôt de la plainte de la victime», pour prendre la défense de l’institution. «Toutes les vérifications ont été favorables et positives», avait-il affirmé à l’époque. Pourtant, plus de 100 plaintes seront déposées dans les années suivantes. Des témoignages de professeurs et parents d’élèves prouvent également que le Premier ministre était bien au courant dès les années 90 des violences, bien qu’il ait tenté de les minimiser, dénonce Mediapart.
Rencontre avec le juge d’instruction
En mars, interrogé par le Parisien, François Bayrou avait répondu que «la rumeur, il y a vingt-cinq ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat», ajoutant n’avoir «jamais entendu parler […] de risques sexuels». Selon le Monde et la République des Pyrénées, l’actuel Premier ministre avait rencontré, en 1998, le juge chargé d’instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué ensemble l’affaire et dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le «dément aujourd’hui».
«Dès que quelqu’un occupe des responsabilités, on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales», a lancé le chef du gouvernement devant les députés. Et «si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation».
Mise à jour : à 21 h 25 avec les nouveaux éléments révélés par «Mediapart».
https://www.liberation.fr/societe/viole ... KO3TSG2P4/
Affaire à suivre.
Le chef du gouvernement prétend ce mardi 11 février n’avoir jamais rien su des violences sexuelles exercées au sein de l’établissement catholique du Béarn, région dont il est originaire. Des enquêtes journalistiques affirment pourtant le contraire.
François Bayrou savait-il tout des sévices sexuels qu’ont subis les élèves de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram ? Le Premier ministre a assuré ce mardi 11 février n’avoir «jamais été informé», dans le passé, des agressions sexuelles dont sont soupçonnés les membres de cet établissement catholique du Béarn qu’ont fréquenté ses enfants.
Le parquet de Pau mène l’enquête depuis un an sur une centaine de plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, entre les années 70 et 90. Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme.
Enquête de «Mediapart»
En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Education nationale, une plainte avait déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d’un de ses fils, condamné par la suite. Puis, en mai 1998, alors qu’il était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.
«Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais», a martelé François Bayrou à l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député LFI Paul Vannier. La semaine dernière, des témoins interrogés par l’AFP, après une enquête de Mediapart, ont affirmé le contraire.
Pédocriminalité
Violences physiques et sexuelles dans l’institution Notre-Dame de Bétharram : plus de 100 plaintes déposées
Le chef du gouvernement a exprimé sa «sympathie» pour «les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là» et avancé «deux preuves» de son ignorance des faits. D’une part, «lorsque la première plainte est déposée», selon lui «en décembre 1997», il a «quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois» – en mai de la même année. D’autre part, «est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements» où l’on aurait «soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?» a interrogé le Premier ministre. «Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée», a-t-il conclu, sans préciser qui était visé.
Peu après ces déclarations, Mediapart a révélé ce mardi soir de nouveaux documents attestant selon le média d’investigation des mensonges du chef du gouvernement. «Le Premier ministre n’a pas reçu une mais au moins trois alertes», retrace le site. Le ministre affirme qu’il n’était pas en poste lorsque la première plainte est déposée. C’est faux, dit Mediapart, «la première condamnation d’un surveillant général pour des faits de violences date de juin 1996, à une période où le Béarnais était donc bien au gouvernement», retracent les journalistes. François Bayrou «avait même cru bon d’organiser une visite officielle dans l’établissement en mai 1996, un mois après le dépôt de la plainte de la victime», pour prendre la défense de l’institution. «Toutes les vérifications ont été favorables et positives», avait-il affirmé à l’époque. Pourtant, plus de 100 plaintes seront déposées dans les années suivantes. Des témoignages de professeurs et parents d’élèves prouvent également que le Premier ministre était bien au courant dès les années 90 des violences, bien qu’il ait tenté de les minimiser, dénonce Mediapart.
Rencontre avec le juge d’instruction
En mars, interrogé par le Parisien, François Bayrou avait répondu que «la rumeur, il y a vingt-cinq ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat», ajoutant n’avoir «jamais entendu parler […] de risques sexuels». Selon le Monde et la République des Pyrénées, l’actuel Premier ministre avait rencontré, en 1998, le juge chargé d’instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué ensemble l’affaire et dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le «dément aujourd’hui».
«Dès que quelqu’un occupe des responsabilités, on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales», a lancé le chef du gouvernement devant les députés. Et «si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation».
Mise à jour : à 21 h 25 avec les nouveaux éléments révélés par «Mediapart».
https://www.liberation.fr/societe/viole ... KO3TSG2P4/
Affaire à suivre.