RSA : a-t-on «plus intérêt à rester chez soi qu’à travailler», comme l’affirme Laurent Wauquiez ?
Posté : 25 avril 2025 13:46
Lolo fais toi une raison jamais tu ne seras élu ni Président LR ni Président de la République alors inutile de raconter des fadaises.
Le député de la Haute-Loire assure qu’avec 2 200 euros par mois d’aides, un couple sans emploi avec trois enfants gagne autant qu’un célibataire qui travaille. Une comparaison absurde.
Invité mercredi matin 23 avril sur France Info, le député LR Laurent Wauquiez, fidèle à son long combat contre l’«assistanat», a livré un nouvel exemple d’abus présumé d’aides sociales en France. «Aujourd’hui, quand vous travaillez, [avec] un salaire de 3 000 euros brut, vous touchez 2 200 euros net. Quelqu’un qui est au RSA, avec trois enfants en couple, va toucher 2 200 euros, c’est-à-dire autant, voire plus. Ça, c’est pas possible, vous ne pouvez pas tenir un pays comme ça, s’est-il offusqué à l’antenne. Donc ce que je propose, c’est qu’on garde les aides pour ceux qui en ont vraiment besoin, et qu’on arrête de fermer les yeux sur les abus. Parce qu’aujourd’hui, on a trop de gens qui profitent de ce système – et c’est normal – dans lequel vous avez plus intérêt à rester chez vous qu’à travailler.» Sous-entendant ainsi qu’il est financièrement aussi intéressant, voire plus, de vivre des aides sociales que d’occuper un emploi.
«Non-recours»
Sollicité pour connaître la source des chiffres avancés, son entourage renvoie vers une étude de l’Insee de 2022, basée, pour les dernières données, sur les chiffres de l’année 2020. Ce document liste de façon quasi exhaustive toutes les aides sociales auxquelles il est possible de recourir, que ce soit au niveau national ou local. Puis chiffre, pour différents types de foyers, le montant total des aides que ceux-ci peuvent obtenir, en fonction du nombre de personnes qui compose le ménage et de leur situation par rapport au marché du travail.
A noter que ce rapport intègre dans les aides possibles les exonérations de taxe d’habitation ou encore de redevance audiovisuelle, deux dispositifs qui depuis ont été supprimés pour tout le monde.
Les auteurs de l’étude préviennent également que «rien ne garantit que les aides recensées soient systématiquement perçues par chaque bénéficiaire potentiel (par exemple pour le RSA socle, le taux de non‑recours serait compris entre 28 % et 35 %)» et que, du fait «de la multiplicité des offreurs d’aides, du manque d’information des demandeurs et de la complexité des conditions d’attribution, il est probable que les situations de non‑recours soient plus fréquentes pour les aides locales que pour les aides nationales».
La prise en compte des unités de consommation
Mais le principal problème dans la démonstration de Laurent Wauquiez est qu’il compare les revenus d’une personne seule et ceux d’un couple avec trois enfants. Ce qui n’a pas grand sens, pour ne pas dire aucun : 2 200 euros pour un célibataire représentent évidemment un revenu plus important que la même somme pour cinq personnes (733 euros en moyenne par individu). Même en ayant recours au «niveau de vie par unité de consommation (UC)» de l’Insee, qui prend en compte la composition du foyer afin d’intégrer les économies d’échelle (1), le célibataire, avec 2 200 euros par UC, sera toujours (largement) plus aisé que la famille de deux adultes et trois enfants (916 euros par UC). Il y a donc bien un «intérêt» à travailler, pour reprendre les mots de Laurent Wauquiez, plutôt que de «rester chez [soi]».
Ce choix de mettre en balance deux types de foyer aussi dissemblables est d’autant plus surprenant que, dans l’étude vers laquelle renvoie l’entourage du député LR, figure précisément la comparaison entre une famille avec trois enfants où aucun adulte ne travaille et cette même famille où un adulte est en emploi.
Ainsi, dans le cas où aucune personne ne travaille, un couple avec trois enfants bénéficie de 27 693 euros d’aides par an, soit 2 308 euros par mois (dont près de 300 euros d’aides locales). Un montant proche de celui évoqué par Laurent Wauquiez sur France Info (2 200 euros).
Dans le cas maintenant où, dans cette même famille, une personne travaille à hauteur d’un smic (1 218 euros net mensuels en 2020), les aides sociales s’élèveront à 22 397 euros par an (1 866 euros par mois). Soit des revenus totaux de 3 084 euros mensuels.
Un couple avec trois enfants où un adulte travaille et gagne un smic touche ainsi 776 euros de plus par mois que la même famille où personne ne travaille. Il y a donc bien, là aussi, un «intérêt» à travailler plutôt qu’à «rester chez soi».
Sollicité par CheckNews, l’entourage du député de la Haute-Loire explique que les chiffres avancés «sont exacts» (ce qui est vrai), et considère, dès lors, que sa comparaison est «peut-être un parti pris, mais pas une fake news». Avant d’ajouter : «Libre à vous de faire d’autres comparaisons qui vous semblent plus pertinentes, c’est votre droit, mais cela ne veut pas dire que la sienne était erronée.»
(1) Pour calculer le niveau de vie de chaque membre d’un foyer en fonction de sa composition, l’Insee utilise le modèle des unités de consommation (UC), en retenant 1 UC pour le 1er adule, 0,5 pour toute personne de plus de 14 ans et 0,3 UC pour les moins de 14 ans. Puis divise tous les revenus disponibles du foyer (après déduction des prélèvements obligatoires) par le nombre total d’UC, l’idée étant qu’un couple ou une famille réalise des économies d’échelle par rapport à un célibataire.
https://www.liberation.fr/economie/soci ... EHSGB2HDI/
Le député de la Haute-Loire assure qu’avec 2 200 euros par mois d’aides, un couple sans emploi avec trois enfants gagne autant qu’un célibataire qui travaille. Une comparaison absurde.
Invité mercredi matin 23 avril sur France Info, le député LR Laurent Wauquiez, fidèle à son long combat contre l’«assistanat», a livré un nouvel exemple d’abus présumé d’aides sociales en France. «Aujourd’hui, quand vous travaillez, [avec] un salaire de 3 000 euros brut, vous touchez 2 200 euros net. Quelqu’un qui est au RSA, avec trois enfants en couple, va toucher 2 200 euros, c’est-à-dire autant, voire plus. Ça, c’est pas possible, vous ne pouvez pas tenir un pays comme ça, s’est-il offusqué à l’antenne. Donc ce que je propose, c’est qu’on garde les aides pour ceux qui en ont vraiment besoin, et qu’on arrête de fermer les yeux sur les abus. Parce qu’aujourd’hui, on a trop de gens qui profitent de ce système – et c’est normal – dans lequel vous avez plus intérêt à rester chez vous qu’à travailler.» Sous-entendant ainsi qu’il est financièrement aussi intéressant, voire plus, de vivre des aides sociales que d’occuper un emploi.
«Non-recours»
Sollicité pour connaître la source des chiffres avancés, son entourage renvoie vers une étude de l’Insee de 2022, basée, pour les dernières données, sur les chiffres de l’année 2020. Ce document liste de façon quasi exhaustive toutes les aides sociales auxquelles il est possible de recourir, que ce soit au niveau national ou local. Puis chiffre, pour différents types de foyers, le montant total des aides que ceux-ci peuvent obtenir, en fonction du nombre de personnes qui compose le ménage et de leur situation par rapport au marché du travail.
A noter que ce rapport intègre dans les aides possibles les exonérations de taxe d’habitation ou encore de redevance audiovisuelle, deux dispositifs qui depuis ont été supprimés pour tout le monde.
Les auteurs de l’étude préviennent également que «rien ne garantit que les aides recensées soient systématiquement perçues par chaque bénéficiaire potentiel (par exemple pour le RSA socle, le taux de non‑recours serait compris entre 28 % et 35 %)» et que, du fait «de la multiplicité des offreurs d’aides, du manque d’information des demandeurs et de la complexité des conditions d’attribution, il est probable que les situations de non‑recours soient plus fréquentes pour les aides locales que pour les aides nationales».
La prise en compte des unités de consommation
Mais le principal problème dans la démonstration de Laurent Wauquiez est qu’il compare les revenus d’une personne seule et ceux d’un couple avec trois enfants. Ce qui n’a pas grand sens, pour ne pas dire aucun : 2 200 euros pour un célibataire représentent évidemment un revenu plus important que la même somme pour cinq personnes (733 euros en moyenne par individu). Même en ayant recours au «niveau de vie par unité de consommation (UC)» de l’Insee, qui prend en compte la composition du foyer afin d’intégrer les économies d’échelle (1), le célibataire, avec 2 200 euros par UC, sera toujours (largement) plus aisé que la famille de deux adultes et trois enfants (916 euros par UC). Il y a donc bien un «intérêt» à travailler, pour reprendre les mots de Laurent Wauquiez, plutôt que de «rester chez [soi]».
Ce choix de mettre en balance deux types de foyer aussi dissemblables est d’autant plus surprenant que, dans l’étude vers laquelle renvoie l’entourage du député LR, figure précisément la comparaison entre une famille avec trois enfants où aucun adulte ne travaille et cette même famille où un adulte est en emploi.
Ainsi, dans le cas où aucune personne ne travaille, un couple avec trois enfants bénéficie de 27 693 euros d’aides par an, soit 2 308 euros par mois (dont près de 300 euros d’aides locales). Un montant proche de celui évoqué par Laurent Wauquiez sur France Info (2 200 euros).
Dans le cas maintenant où, dans cette même famille, une personne travaille à hauteur d’un smic (1 218 euros net mensuels en 2020), les aides sociales s’élèveront à 22 397 euros par an (1 866 euros par mois). Soit des revenus totaux de 3 084 euros mensuels.
Un couple avec trois enfants où un adulte travaille et gagne un smic touche ainsi 776 euros de plus par mois que la même famille où personne ne travaille. Il y a donc bien, là aussi, un «intérêt» à travailler plutôt qu’à «rester chez soi».
Sollicité par CheckNews, l’entourage du député de la Haute-Loire explique que les chiffres avancés «sont exacts» (ce qui est vrai), et considère, dès lors, que sa comparaison est «peut-être un parti pris, mais pas une fake news». Avant d’ajouter : «Libre à vous de faire d’autres comparaisons qui vous semblent plus pertinentes, c’est votre droit, mais cela ne veut pas dire que la sienne était erronée.»
(1) Pour calculer le niveau de vie de chaque membre d’un foyer en fonction de sa composition, l’Insee utilise le modèle des unités de consommation (UC), en retenant 1 UC pour le 1er adule, 0,5 pour toute personne de plus de 14 ans et 0,3 UC pour les moins de 14 ans. Puis divise tous les revenus disponibles du foyer (après déduction des prélèvements obligatoires) par le nombre total d’UC, l’idée étant qu’un couple ou une famille réalise des économies d’échelle par rapport à un célibataire.
https://www.liberation.fr/economie/soci ... EHSGB2HDI/