la qualité du sperme des Français se dégrade
Posté : 06 décembre 2012 08:37
LE PLUS. La concentration du sperme en spermatozoïdes a significativement diminué. C'est ce qu'a révélé une étude publiée dans la revue "Human Reproduction". Pour Sylvain Mimoun, andrologue, cette tendance est générale et ses conséquences sur la fertilité non négligeables. Mais faut-il pour autant s'alarmer ? Explications.
Ça fait longtemps que la qualité du sperme diminue. Mais, ce que révèle cette étude, la plus longue qui ait jamais été réalisée, c’est que cette baisse est constante et de plus en plus notable. En ce qui concerne le sperme, trois éléments interviennent dans la fertilité masculine : le nombre de spermatozoïdes par millilitres, leur mobilité et leur forme. Or ces trois paramètres subissent des variations conséquentes.
Spermatozoïdes moins fécondants
Le nombre de spermatozoïdes diminue : -1,9% par an. Quand j’étais étudiant en médecine, les chiffres de concentration de spermatozoïdes que j’apprenais étaient trois à quatre fois supérieurs aux chiffres qu’on apprend maintenant. Et le pourcentage de spermatozoïdes mobiles ou de forme typique décroît. Or les formes atypiques de spermatozoïdes, qui ont une influence sur leur mobilité, sont moins fécondantes.
Ce qui cause cette dégradation de la qualité du sperme, c’est majoritairement les hormones qu’on utilise pour faire pousser les plantes coûte que coûte et qu’on retrouve dans nos aliments. Ces hormones sont des phyto-oestrogènes, soit des hormones féminines, qui ont un pouvoir inhibiteur sur la fertilité des hommes.
C’est l’usage de ces substances, qui sont efficaces pour l’agriculture et l’industrie mais pas sans risque sur la santé, qu’il faut interroger. Il s’agit de parler d’écologie et de prévention, de trouver des solutions sociétales pour éviter que la présence de ces hormones dans la nature ne retentisse sur la fertilité.
Une réponse sociétale
Est-ce pour autant inquiétant pour l’humanité en termes de procréation ? Je ne voudrais pas affoler les foules. D’abord, la France, en termes de renouvellement de la population, ne s’en sort pas trop mal face aux pays européens. Les hommes restent fertiles malgré un sperme avec des spermatozoïdes moins nombreux, moins rapides et moins mobiles.
La norme n’existe que par rapport à la population actuelle. Avant, on considérait qu’en-deçà de 20 millions de spermatozoïdes par millilitre, il était difficile de concevoir un enfant. Aujourd’hui, 20-25 millions / mL, c’est presque habituel. Toutefois, cette étude peut modifier la donne – comme on le dit, un homme averti en vaut deux.