Jiimmy a écrit : ↑03 mars 2020 20:16
Si je peux me permettre d'intervenir, je pense que diverses erreurs sont commises sur ce sujet. Tout d'abord je distingue trois points sur lesquels il me semble qu'il y a une confusion (selon moi bien entendu) :
- La croyance selon laquelle les théories scientifiques sont nécessairement vraies (qu'elles expriment des vérités incontestables)
- La croyance selon laquelle les théories métaphysiques (non-scientifiques) sont nécessairement erronées (et forcément moins représentatives de la réalité que celles scientifiques)
- La croyance selon laquelle les religieux seraient obsédés par le fait de confronter leurs croyances à la science qu'ils estimeraient, pour cette dernière, opposée aux fondements religieux qui sont les leurs.
Au préalable, je pense qu'il est nécessaire que chacun prenne connaissance de ces notions qui sont essentielles pour ce débat :
Axiome :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Axiome
Principe de réfutabilité :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9futabilit%C3%A9
Inductivisme :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Inductivisme
Concernant le premier point. Il y a deux méthodes que je retiendrai pour distinguer les théories relevant de la science et celles de la métaphysique. D'une part à travers le principe de réfutabilité couramment associé à Karl Poper et qui postule qu'une théorie est dite scientifique si elle peut être réfutée selon trois conditions (logique-empirique-méthodologique) à cumuler. ("les
roses existent" n'est pas scientifique car on ne peut le réfuter mais "toutes les
sont roses" constitue une affirmation scientifique car cela peut être réfutée).
Dans ce paradigme, la théorie scientifique se révèle être en fait une hypothèse scientifique. Ce qui signifie qu'elle n'est vraie que dans l'état actuel des connaissances mais que son caractère véridique ne lui est pas attribué de manière définitive. A tout moment, elle peut évoluer voir s'écrouler totalement en étant confrontée à des tests qui viendront remettre en cause un élément fondamental inhérent à celle-ci.
Cela a été le cas de nombreuses théories scientifiques dans l'histoire qui, soit se sont révélées erronées, soit ont évolué par rapport à la version qui était la leur lorsqu'elles furent originellement formulées (c'est notamment le cas de la théorie de l'évolution dont il est initialement question dans ce sujet).
Un autre paradigme consiste à envisager le raisonnement inductif en tant que démarche aboutissant à la connaissance scientifique. C'est donc par l'observation de la réalité que l'on infère des affirmations basées sur ces observations ("nous n'avons, jusqu'à présent, croisé que des cygnes blancs donc tous les cygnes sont blancs").
Le problème étant que cette démarche se heurte au fait que les preuves empiriques faites dans la vie quotidiennes ne peuvent espérer retranscrire l'exhaustivité d'une réalité bien plus complexe et large que notre champs d'observation (exemple : "théorie du cygne noir" qui réfute "tous les cygnes sont blancs car nous n'avons observé que des cygnes blancs").
Deuxièmement, rien n'assure que parce qu'un fait s'est toujours déroulé de telle façon dans le passé, alors il en sera logiquement ainsi éternellement (les lois physiques par-exemple qui peuvent évoluer sans que cela soit directement contestable par-ailleurs).
Enfin, s'il y a bien une chose à savoir c'est qu'à la base de toute théorie scientifique, il y a un axiome, c'est-à-dire une proposition non-démontrable émise à partir de l'observation et/ou de la logique et/ou du calcul. En effet, s'il fallait démontrer cette proposition, alors il faudrait entrer dans une régression infinie en démontrant la proposition qui a servi à démontrer la proposition et ainsi de suite. De ce fait, il suffit que le calcul, ou l'observation ou la logique ayant été utilisée pour induire cet axiome soit erroné pour que l'ensemble de la théorie déroulée derrière s'écroule. Or, étant non-démontrable, nous ne pourrons jamais avoir la certitude que cet axiome est correct mais, au contraire, avec l'évolution des connaissances, nous pourrons peut-être un jour démontrer que celui-ci est faux.
Tout cela pour signifier que les théories scientifiques constituent à la base de plus ou moins solides à-priori/hypothèses mais ne peuvent nullement prétendre se voir affubler du caractère d'infaillibilité et ce quel que soit le paradigme dans lequel l'on se place (principe de réfutabilité ou inductivisme).