Georges61 a écrit : ↑12 mai 2023 19:38
Les troupes russes ne s'enfuient jamais, elles font un replis stratégique sur des positions préparées à l'avance; à force de replis stratégiques, ils vont finir par se retrouver à leurs frontières.
A Kherson les Russes ont fait un superbe retrait stratégique, je me demande pourquoi ils se sont repliés en courant en oubliant dans la ville une grande quantité d'armement lourd et d'obus, c'était surement de la simple négligence, ou ils voulaient offrir un cadeau de bienvenue aux Ukrainiens.
Les Russes n'ont pas tout oublié : ils ont emporté avec eux tout un patrimoine culturel ukrainien en pillant les musées de la ville. Ne pas perdre de vue une chose primordiale : l
a guerre de la Russie contre l'Ukraine est aussi - et peut-être même surtout- une guerre culturelle et civilisationnelle d'entreprise de négation radicale de l'identité ukrainienne.
Dès que la Russie annexe un territoire ukrainien, l'urgence pour elle est d'effacer toute trace identitaire, culturelle linguistique et historique relative à l'Ukraine et aux Ukrainiens avec passeports russes aussitôt délivrés aux populations, langue russe obligatoire pour tous, nouveaux programmes scolaires "russifiés" obligatoires dans les écoles locales, mais aussi déportation en masse d'enfants ukrainiens vers des" centres de vacances" situés en Russie pour "rééducation" etc etc
Pour la Russie de Poutine, les choses sont simples : l'Ukraine en tant que nation n'existe pas ou ne peut y prétendre que comme province "cousine" asservie au "grand frère russe" et totalement dépendante de celui-ci. En n'admettant pas que beaucoup d'eau ait pu couler sous les ponts depuis l'indépendance de l'Ukraine en 1991...
Une eau coulant de plus en plus vers l'Ouest pour 80 % du pays.
Au fond, ce qui caractérise des régimes comme celui de Poutine (par rapport aux anciennes républiques issues de l'effondrement de l'URSS) et de Xi-Jinping (par rapport à Taïwan)
c'est la peur.
Une peur totale, quasiment viscérale et irrationnelle qui pourrait les conduire aux plus grandes extrémités : peur de quoi, au juste ?
Peur de voir à deux pas de chez eux, l'instauration d'élections démocratiques qui pourraient compromettre l'inaltérabilité de leurs régimes politiques dictatoriaux et fascistes en contaminant leurs propres populations d'un désir de plus de libertés.
Tout est là : cette peur, là. Leur peur. Quand on a compris ça, je pense qu'on a compris une grande partie du problème. De
leur problème, en fait.
Plus que jamais, la Russie ne se considère pas - et ne s'est jamais considérée d'ailleurs- comme une nation mais comme un empire. Et un ancien empire humilié par l'Occident. Et il en va de même pour la Chine. Sans oublier la Turquie.
Avec à la clé un sacré désir de revanche sur l'hégémonie occidentale considérée -un peu trop vite à mon avis- sur le déclin.