Jiimmy a écrit : ↑12 août 2023 10:16
Dan a écrit : ↑10 août 2023 06:56
Ce questionnement découle de ma volonté d'établir une rigueur éthique et intellectuelle équitable.
Lorsque nous écartons le Dieu des récits juif et chrétien en raison de certaines de ses actions, telles que décrites dans les écrits sacrés de ces traditions, en raison de leur apparente incohérence ou injustice aux yeux de notre raisonnement humain, il est essentiel que nous nous efforcions d'appliquer ce même niveau de cohérence et de justice à notre approche envers la religion musulmane, si elle devait être choisie.
Il importe grandement de ne pas recourir à l'explication de ce que nous ne saisissons pas en utilisant l'équivalent musulman de l'adage "les desseins divins sont impénétrables". Si cet adage doit être invoqué, alors il convient de le faire avec équité, autant à l'égard de Dieu que d'Yahvé.
Cet impératif de rigueur s'applique dans les deux sens, s'étendant tout aussi valablement à l'adoption de toute autre foi.
Vous comparez des religions incomparables. Le Coran, contrairement aux testaments, contient des paroles considérées, dans leur intégralité, comme provenant directement de Dieu (des paroles Divines retranscrites). Cela n'est pas le cas dans les testaments où se trouvent des récits humains essentiellement. De +, le Coran, contrairement aux testaments, n'est pas le fruit d'une sélection humaine arbitraire. Il n'a pas varié et l'on n'a jamais retrouvé le moindre manuscrit qui différait des ouvrages actuels.
Or cela n'est pas le cas des testaments. Les livres ont été choisis et la sélection a évolué avec le temps. Certains livres qui ne figuraient pas dans le canon, y sont entrés par la suite. Inversement, d'autres qui y étaient sont devenus apocryphes. L'on dispose d'anciens manuscrits qui diffèrent grandement des versions actuelles, avec des corrections des scribes, des phrases changées, des mots essentiels ("élu" en "fils") changés etc....
On ne peut donc pas appliquer le même traitement entre des textes qui ont évolué avec le temps, au gré des luttes politico-religieuses, et qui émanent d'hommes, avec des textes qui n'ont pas évolué et qui sont conçus comme Divins.
L'on peut donc légitimement considérer que les desseins Divins sont impénétrables (que la logique Divine nous surpasse et qu'une Entité Transcendante ne peut pas être à un niveau similaire au nôtre) lorsque cela a trait à la religion Musulmane (puisque l'analyse de son Livre suppose une analyse des paroles Divines) et concevoir différement les choses lorsque cela a trait aux deux autres religions (puisque là on ne dispose aucunement de la certitude que l'on a affaire à des paroles Divines et que l'analyse des manuscrits anciens conforte dans cette conception, dans le sens où l'humain est bien trop intervenu pour la sélection et pour modifier les écrits actuellement présents).
Ainsi, si vous me permettez d'ajouter une réflexion à la nature humaine inhérente aux livres sacrés, vous évoquez que la Bible et la Torah ont été sujettes à des modifications par l'homme. Toutefois, la singularité du Coran suscite également des interrogations, car Othman ibn Affan a émis le décret de détruire d'autres verions divergentes du Coran dans le but d'établir une version normalisée.
Il devient ardu d'opérer une comparaison équitable si les copies anciennes divergentes ont été irrémédiablement altérées. À titre d'illustration, je faisais déjà référence aux désaccords au sein des courants chiites. Je me penche à présent sur deux exemples cités dans "Le Coran des historiens" (pages 876-877, premier tome). Il est question d'un secrétaire du calife Uthman qui aurait requis à un proche d'Hafsa, la quatrième épouse du Prophète Mohamed, l'envoi de feuillets coraniques. Une fois en possession de ces feuillets, il les aurait déchirés et consumés, arguant :
"J'ai accompli cet acte simplement parce que le contenu de ces feuillets était déjà préservé et retranscrit dans le codex. Toutefois, je craignais qu'avec le temps, un doute puisse s'insinuer dans l'esprit de certains à propos de ces feuillets, ou que l'on puisse alléguer qu'une partie de leur contenu n'avait pas été dûment consignée par écrit."
Cependant, comme le souligne l'auteur de ce chapitre, cette explication s'avère dépourvue de cohérence. Si le contenu des feuillets était concordant avec le texte officiel (le codex), aucune raison n'aurait justifié de telles précautions ? Si, en revanche, ces feuillets comportaient des éléments dissemblables (et pas seulement au niveau de la mise en forme, mais aussi dans le fond), cela suggère l'existence de plusieurs versions pour certains passages du Coran.
Cette action entreprise par Othman soulève des questions quant à l'unicité du Coran, de manière similaire à celles qui ont pu se poser pour la Bible et la Torah. La décision de standardiser une version spécifique du Coran en excluant d'autres copies pourrait remettre en question la perception d'une unité inaltérée de ce texte sacré, tout comme les variations et modifications dans la Bible et la Torah ont suscité des débats sur leur authenticité et leur pureté d'origine.