J'ai lu ce matin cet article dans Le Monde https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
Mustafa et Masi Nayyem, activistes de la résistance ukrainienne : « L’invasion russe est une conséquence inévitable de la révolution de Maïdan »
Dix ans après la « révolution de la dignité » en Ukraine, Mustafa Nayyem, figure politique du pays, et son frère Masi, combattant de la résistance ukrainienne, estiment que l’engagement de la nation pour la liberté et le soutien de ses alliés rendent la défaite impossible.
...Extrait:
Pensez-vous pouvoir gagner cette guerre ?
Ma. N. : Nous avons, d’une certaine manière, déjà perdu, parce que tant de gens sont morts. Mais il y a deux manières de voir cela : l’une est de se dire que, parce que nous avons eu tant de pertes, il faut arrêter ; l’autre est de se dire que ces pertes sont un investissement dans l’avenir, dans une vie meilleure. Bien sûr, avec la mère d’un camarade mort, qui a perdu son fils, il est impossible de parler d’avenir. C’est pourquoi je préfère dire que nous avons déjà perdu, parce que, lorsque nous remporterons la victoire, il n’y aura pas de joie.
La victoire, pour moi, consisterait à retirer ses armes nucléaires à la Russie. Le reste ne serait pas une victoire. Ce ne serait qu’une pause.
Par ailleurs, je voudrais aussi que l’Ukraine crée l’équivalent du Mossad. De même que chaque nazi, où qu’il fût dans le monde, savait qu’Israël pouvait le retrouver, je veux que chacun en Russie comprenne que, s’il a tué des Ukrainiens, nous le trouverons, nous le jugerons ou le tuerons. C’est important, car, si la Russie fait ce qu’elle fait, c’est à cause de l’impunité.
Vous êtes donc prêt à combattre toute votre vie, même après la fin de la guerre ?
Ma. N. : Je n’aime pas la guerre, je préférerais méditer trois fois par jour, écrire un livre et me promener avec mon chien. Mais, si nous créons un « Mossad », j’en ferai partie. Non pas parce que je hais la Russie, mais pour démontrer qu’il faut arrêter d’abîmer l’humanité, qu’il n’est pas correct de tuer des femmes et des enfants.
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Mustafa (à gauche) et Masi Nayyem, à Kiev, le 6 novembre 2023. ADRIEN VAUTIER/LE PICTORIUM POUR « LE MONDE »