Mesoke a écrit : ↑29 janvier 2024 09:42
Du coup oui, il vaudrait mieux faire la paix plutôt qu'éterniser ce conflit figé. Mais les russes ne veulent pas en entendre parler, ils ne veulent pas négocier de paix dans laquelle leurs prétentions territoriales serait en adéquation avec leurs gains territoriaux effectifs et leur capacité militaire.
Je pense que, bien au contraire, les Ukrainiens n'y ont pas intérêt et que c'est surtout Poutine qui souhaiterait une trêve pour entériner ses quelques gains territoriaux avant sa prochaines réélection en les transformant en victoire auprès de son peuple, via sa propagande.
Mais cette trêve n'aurait qu'un seul but : en comptant sur l'affaiblissement de l'aide américaine (surtout si Trump était réélu) et celui de l'UE un peu lasse du conflit, reprendre ses offensives en Ukraine mais aussi en Géorgie et pas que. Vers les pays baltes également : il suffira pour cela de s'appuyer sur les minorités russophones au prétexte qu'elles seraient discriminées pour venir les "libérer".
C'est alors que l'on verrait la capacité des pays partenaires de l'OTAN à réagir ou non. Et, à ce niveau, on pourrait s'attendre à des interprétations multiples du fameux article 5.
"Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que,
si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord."
https://www.nato.int/cps/fr/natohq/offi ... _17120.htm
J'ai surligné le passage clé dans cet article, "le diable se cachant toujours dans les détails", comme on dit.
On peut donc légitimement penser qu'en cas de franchissement d'une ligne rouge par la Russie, des désaccords interviendront entre pays membres, les plus proches de la Russie géographiquement adoptant les positions militaires les plus radicales vis à vis d'elle, les pays membres les moins menacés géographiquement cherchant à négocier et à temporiser avec Poutine (la France en premier lieu, j'imagine).
Et les Etats-Unis dans tout ça ?
N'oublions pas les déclarations de Trump au sujet de l'OTAN s'il était réélu. Pour lui, l'OTAN lui coûte bien trop cher et il s'est permis de déclarer tout récemment : "si nous étions attaqués, les européens ne viendraient pas à notre secours."
Mais ce n'est pas tout :
«Je me fous de l'OTAN.»
C'est en ces termes que Donald Trump a exprimé un beau jour ses sentiments à l'égard de l'alliance militaire la plus ancienne et la plus solide des États-Unis. Cette déclaration, faite en présence de John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de l'époque, n'est pas une surprise. Bien avant de se lancer en politique, Trump remettait déjà en question les alliances américaines. C’est ainsi qu’il écrit en 2000, à propos des Européens: «Leurs conflits ne valent pas les vies américaines. Se retirer de l'Europe permettrait à notre pays d'économiser des millions de dollars chaque année.»
https://www.heidi.news/explorations/si- ... uer-l-otan
Trump est l'archétype même du milliardaire capitaliste américain qui ne raisonne qu'en termes de "deals" = "combien ça me coûte, combien ça me rapporte", il n'a aucune conscience des rapports de forces géostratégiques au niveau mondial, ce n'est pas son problème. Qu'a rapporté aux Etats-Unis sa visite avec le dictateur de Corée du nord ? Rien du tout. Kim Jong Hun continue de lancer ses missiles en menaçant son voisin du sud et le Japon. Pas pour déplaire à la Chine, tout ça !
Si Trump est réélu, il deviendra le meilleur allié de Poutine et des autres dictateurs de la planète de fait, c'est dans ses gènes, et il laissera tomber l'OTAN et donc l'Ukraine ainsi que tout ce qui pourrait se passer de tragique en Europe. Il se moque de l'Europe, il n'en a rien à faire de l'Europe à part d'y faire du commerce et des "deals".
On peut lui accorder ce crédit : Trump ne veut pas de guerres impliquant les Etats-Unis dans le monde, parce que la guerre ce n'est pas bon pour le commerce. En fait, pour
son commerce et
ses "deals". Voilà : c'est ça, Trump.
Maintenant, pour en revenir à cet autre dictateur qui, lui, a une toute autre vision des choses, Poutine sait qu'il a besoin encore de deux ou trois ans pour reconstituer ses forces déjà passablement amochées en Ukraine.
Mais après ces deux ou trois ans, il reprendra très probablement son offensive en Ukraine, puis en Géorgie, puis vers un des trois pays baltes.
Qui en France sera alors prêt à aller mourir pour la Géorgie, l'Estonie, la Lettonie ou la Lituanie ?
Tant qu'on n'aura pas de chars russes à Paris, j'ai bien peur que l'OTAN, ça risque avant tout de finir en chacun pour soi en fonction de ses intérêts propres.
Poutine sait tout cela, compte sur ces probables divisions mais saura être prudent, désormais.
Donc, vers les pays de la Baltique, d'ici deux ou trois ans, il n'ira pas avec ses gros sabots comme en Ukraine mais il testera les dispositifs et les réactions à la suite de "tests" et de provocations diverses. En comptant sur des divisions au sein des pays européens membres de l'OTAN, surtout si les Etats-Unis s'en seront retirés.
On n'en aura jamais fini avec ce monstre.