Je n'avais pas besoin d'une commission pour savoir ça.
Écrans limités, réseaux sociaux proscrits… Les recommandations du comité d’experts à Emmanuel Macron
Une commission de spécialistes de l’usage des écrans a été installée par Emmanuel Macron. Alors que le chef de l’État a récemment défendu le principe d’une « majorité numérique », ces experts vont lui rendre leurs conclusions ce mardi 30 avril. En avant-première, voici les préconisations du rapport.
Réseaux sociaux, exposition aux téléphones, aux tablettes… Quels sont les bons usages pour les enfants et les ados ? Pour répondre à cette question, Emmanuel Macron a mandaté un groupe d’experts pour interroger la place des écrans dans la vie des jeunes Français.
Cette commission, composée de cliniciens, de sociologues, ou encore d’épidémiologistes, lui remet ses conclusions, ce mardi 30 avril 2024. Avec un peu de retard : elles étaient initialement attendues pour mars.
Pas de téléphone avant 11 ans
Dans ce rapport, ils martèlent des préconisations déjà formulées par les autorités sanitaires. Notamment la consigne de proscrire l’usage des écrans avant l’âge de 3 ans, défendue par Santé Publique France qui alerte sur les risques cognitifs encourus.
Plus largement, les experts mandatés par le président de la République estiment qu’avant le collège, les parents ne devraient pas offrir de téléphone à leur enfant. Et qu’à partir de 11 ans, un modèle « sans connexion Internet » suffit pour garder le contact lorsqu’ils sont à l’extérieur de la maison.
Faut-il interdire la vente de cigarettes aux nouvelles générations ?
À l’école, ils conseillent de « bannir les écrans des classes de maternelles », exceptés « pour les élèves à besoins éducatifs particuliers ». Puis « d’adapter », par la suite, « les contenus éducatifs numériques ». Plus concrètement, au fil de la scolarité, de la primaire jusqu’au baccalauréat, ils invitent à former progressivement les écoliers, collégiens, lycéens (sans oublier les professeurs) aux outils numériques. En mettant l’accent sur les bons comportements à adopter en ligne.
Dans nos colonnes, début avril, Yasmine Buono, la fondatrice de Génération connectées Net respect, qui intervient en classe, militait justement pour « former les élèves à être des citoyens numériques » et les « responsabiliser sur ce qu’ils font sur les réseaux sociaux ». Comment ? « En leur expliquant en amont les risques, ce qu’est un algorithme, une bulle informationnelle », décryptait la spécialiste en éducation numérique.
La responsabilité des industriels épinglée
Au collège, alors que les violences entre adolescents ont défrayé la chronique ces dernières semaines, le nouveau rapport souligne la nécessité de « renforcer l’application de l’interdiction des téléphones ». Et de créer, dans les lycées, des espaces « sans portable », voire d’expérimenter des établissements « sans smartphone » afin d’évaluer les impacts sur la vie scolaire. Par exemple, en termes de harcèlement entre élèves. Un phénomène dans lequel les réseaux sociaux jouent un rôle clef.
Concernant ces plateformes sociales, les auteurs militent pour « protéger, plutôt que contrôler, les enfants », et parlent d’une « bataille qui peut se gagner auprès des acteurs économiques ». En premier lieu : leurs algorithmes, basés sur l’économie de l’attention et qui génèrent « des comportements addictifs » chez les mineurs. D’après les experts, les industriels qui développent ces applications pensent « davantage aux bénéfices qu’a la santé » de leurs utilisateurs.
Le rapport remis à l’Élysée et au gouvernement préconise ainsi « l’accès aux seuls réseaux sociaux éthiques à compter de 15 ans », comme « Mastodon ou Bluesky », et d’éviter les autres applis telles qu’Instagram, Snapchat ou encore TikTok. Ou plutôt, ils ne les « recommandent pas avant 18 ans ». Ce qui semble illusoire…
« Reprendre le contrôle »
La France, d’ailleurs, a-t-elle réellement les moyens de réguler l’espace numérique pour ses mineurs ? Les auteurs insistent : « cela se jouera plutôt à l’échelle européenne ». Une vision visiblement partagée par Emmanuel Macron. Lors d’un discours axé sur l’Europe, prononcé la semaine dernière à la Sorbonne, le président de la République avait défendu le principe d’une majorité numérique à 15 ans au sein de l’Union.
Le Président avait comparé les réseaux sociaux à « des jungles » où les enfants sont confrontés à la pédocriminalité, au cyberharcèlement et aux contenus pornographiques… Avant de marteler la nécessité de « reprendre le contrôle ». Le rapport français, ficelé cette semaine, permettra au chef de l’État de mûrir ses choix. Reste à savoir si les recommandations des experts déboucheront sur des interdictions, des restrictions, dans l’hexagone, ou à l’échelle du Vieux continent.
https://www.ouest-france.fr/sante/addic ... c719d0efc9
maintenant, ça va être l'enfant roi et les parents, le problème....
