Yaroslav a écrit : ↑07 juillet 2024 00:28
Il y a beaucoup de choses communes entre dettes publiques et dettes privées.
Il faut non seulement rembourser la dette mais il faut aussi rembourser les intérêts de la dette.
Ce qui diffère, c'est que la dette publique peut être passée de générations en générations, ce qui n'est pas censé être le cas d'une dette privée. Et puis les taux d'intérêt d'une dette publique sont moins élevés.
Dans le schéma que vous mentionnez, les intérêts de la dette sont effectivement plus que recouverts par une nouvelle dette, ce qui revient à admettre que pour rembourser la dette actuelle sans se serrer la ceinture, il faut augmenter indéfiniment le poids de la dette publique, ce qui n'est absolument pas soutenable à termes. On est clairement sur un système inspiré de la pyramide de Ponzi qui finira bien par s'écrouler.
On voit bien que l'endettement de la France par rapport au PIB n'a jamais baissé, hormis quelques années autour de 2000. Le % /PIB de la dette est en constante augmentation alors que la France a profité de taux d'intérêt toujours plus proches de 0, ce qui semble avoir fait miraculeusement baisser la charge de la dette par rapport au PIB. Mais la période dorée a déjà prix fin, les taux d'intérêt sont passés de 0% en 2021 à un peu plus de 3% cette année et devraient finir par se stabiliser autour de 3,5%, à partir de maintenant on va avoir d'énormes difficultés à maîtriser notre dette.
Non non, dans la théorie économique qui soutient ces histoires de dettes publiques, on n'augmente pas indéfiniment le poids de la dette publique, juste son montant brut. Mais son poids, son impact, se mesure par rapport au PIB. Et vu que le PIB est censé augmenter aussi, l'impact de la dette par rapport au PIB est censé être stable. C'est ce que fait l'Allemagne par exemple, en contraignant sa dette à être toujours du même ordre par rapport à son PIB. Mais pourtant sa dette totale augmente toujours, et pourra toujours augmenter à l'infini tant qu'on reste dans ce schéma. On n'est pas du tout sur un système de pyramide de Ponzi : une pyramide de Ponzi s'effondre au moment où le nombre de nouveaux arrivants n'est plus suffisant pour payer les dividendes des anciens parce qu'il n'y a alors plus assez de thunes dans la machine. Là il y aura toujours des thunes, puisqu'elles sont créées à partir de rien par les banques (c'est le principe de la création monétaire moderne par le prêt)
Mais oui, la situation française n'est pas reluisante. Pas encore catastrophique, mais pas reluisante. On a aussi un problème de croissance qui ne suit plus. Perso je ne fais qu'expliquer le fonctionner de la dette publique : pour moi c'est un peu comme la physique quantique, un truc complètement illogique par rapport au monde qu'on connait, et que les gens n'appréhendent généralement pas bien. Comme je l'ai déjà dit je suis plus favorable à une gestion à l'allemande, avec une stabilisation de la dette à un niveau pas trop élevé par rapport au PIB, ce qui permet de la réactivité en cas de besoin de sous, genre crise sanitaire ou économique, besoin d'investissement ou autre. Et quand on a finit d'emprunter plein, une fois le problème réglé, on gère le budget de revenir dans les clous. En France à part les socialistes au tournant des années 2000 personne n'a suivi ce précepte, on préfère stabiliser vaguement la dette et ne jamais remédier aux endettements de crise.
Mais encore une fois on n'a pas de problème irrésoluble. Il "suffit" de diminuer le déficit public ou de relancer la croissance, et la situation se stabilisera.