«L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

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«L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Once »

"La France a perdu des points en matière de lecture. Comment l’expliquer ? Michel Desmurget, chercheur en neurosciences, répond pour Le Figaro".

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"Les députés tirent la sonnette d’alarme. Un rapport parlementaire, publié ce mercredi 24 janvier, rappelle qu’en début de CE1, 47% des élèves n’atteignent pas le seuil des 50 mots par minute - l’objectif attendu en fin de CP -, selon les évaluations nationales de 2021. Plus grave, parmi les Français âgés de 16 à 24 ans, un jeune sur cinq n’est pas «efficace» en lecture, selon les tests de la Journée défense et citoyenneté (JDC) de 2022. Une situation jugée «consternante» par les parlementaires, qui espéraient par ailleurs une «parole politique forte» de la part de Gabriel Attal, ex-ministre de l’Éducation nationale et désormais Premier ministre.

Ce rapport n’est pas sans rappeler la publication du classement Pisa, publié début décembre, où la France a encore perdu des places pour arriver en 29e position (parmi les pays de l’OCDE) en compréhension de l’écrit. Quelles sont les conséquences de cette diminution du temps passé à lire ? Le Figaro a interrogé Michel Desmurget, chercheur spécialisé en neurosciences et auteur de Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital (Seuil, 2023).

LE FIGARO. - Les études montrent que la pratique de la lecture est en baisse, notamment chez les jeunes adolescents. Comment l'expliquez-vous ?

Michel DESMURGET. - Il y a une tendance forte, depuis quarante ans, de baisse du temps consacré à la lecture selon des études sérieuses, notamment du ministère de la Culture en France. Il faut exclure les études qui sont présentées tous les ans au mois de janvier et qui disent que les jeunes n'ont jamais autant lu, parce qu'effectivement c'est facile de dire qu'ils lisent si l'on inclut les livres de cuisine et de coloriage. Les données du ministère de la Culture montrent qu'en France on avait, dans les années 1970, 35% de gros lecteurs parmi les jeunes générations. Ils lisaient une vingtaine de bouquins par an, soit vingt à trente minutes de lecture par jour. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 11%. C'est le cas dans tous les pays occidentaux : aux États-Unis, dans les années 1970, on comptait 60% de lycéens qui lisaient tous les jours un livre ou un magazine. On est tombé à 15%. Cette chute est notamment liée à l'utilisation des écrans. Plus le temps d'écrans a augmenté, plus le temps de lecture a diminué comme l'ont démontré, depuis 50 ans, nombre d'études académiques.

- Curieusement, avec Internet et les réseaux sociaux, nous n'avons jamais autant lu dans l'histoire de l'humanité. N'est-ce pas un paradoxe ?

"On entend souvent dire que les jeunes générations n'ont jamais autant lu depuis qu'Internet existe. Honnêtement, ce sont des balivernes. Des études ont également montré que le temps passé à lire sur Internet représente seulement 2 à 3% du temps d'écran, quel que soit l'âge. L'écran numéro un, c'est la télévision au sens large (vidéos, films, séries, etc.), l'écran numéro deux, ce sont les jeux vidéo et l'écran numéro trois, les réseaux sociaux. On ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de lecture dans les deux premiers exemples...

En ce qui concerne les réseaux sociaux, le vocabulaire est globalement trop pauvre pour assurer un développement efficace du langage et de la lecture et pour avoir un effet positif sur le parcours scolaire. Des applications comme Tiktok ou Instagram sont en plus basées sur du visuel avec des photos et de la vidéo. Il en va de même pour les contenus, qui sont lus et publiés, les blogs, les SMS ou les courriels. Les énoncés sont alors typiquement trop pauvres pour assurer un développement bénéfique de la lecture et du langage. Au final, abstraction faite de livres numériques, le fait de lire sur Internet a un effet plutôt négatif sur le langage, les compétences en lecture et la réussite scolaire. Il faut arrêter avec cette idée selon laquelle les enfants n'auraient jamais autant lu parce qu'ils lisent sur Internet. La réalité est que les enfants lisent de moins en moins de livres. Les BD ne sont pas en reste.

Faut-il s'en inquiéter ?

-Bien sûr ! Nos capacités à apprendre à lire dépendent du temps qu'on passe à lire et du volume de pratique. On sous-estime la complexité de cet apprentissage : il faut à peu près vingt ans pour faire un lecteur compétent. On peut le voir en mesurant la vitesse de lecture. Un adulte exercé lit à peu près 280 mots par minute. Cela tient compte de la vitesse de décodage et de compréhension. Quand on suit des élèves depuis le CP jusqu'au début de l'université, on s'aperçoit que ceux qui lisent le plus et le mieux, n'arrivent à ce niveau d'expertise qu'en terminale, soit en toute fin de scolarité. Autrement dit, il faut beaucoup de temps et de pratique pour assurer l'efficience des processus de décodage et de compréhension des énoncés. Ces deux aspects sont fondamentaux. On croit souvent, à tort, qu'un enfant sait lire quand il sait décoder et «lire» un catalogue de Noël. C'est une erreur tragique car lire ce n'est pas seulement décoder, c'est comprendre. Or, le langage des livres, avec sa complexité lexicale, syntaxique, grammaticale et ses conjugaisons (passé simple ou antérieur, etc.), est beaucoup plus riche et difficile que le langage oral. À l'instar d'une deuxième langue, il faut du temps pour acquérir ce langage des livres. Cela ne surprend personne lorsqu'on fait remarquer qu'un enfant qui va à son cours de violon tous les mercredis ne deviendra pas un violoniste expert s'il s'exerce uniquement à ce moment-là. Pour la lecture, c'est pareil. Un enfant qui ne lit que ce qu'il est obligé de lire pour son parcours scolaire ne deviendra jamais un lecteur expert.

De quoi se prive-t-on en ne lisant pas ?

-On se prive de notre humanité, de notre intelligence et d'une richesse sociale assez unique. Quand on s'intéresse à l'ensemble des activités qui peuvent avoir des effets positifs sur le développement de l'enfant, on trouve nombre d'exemples : le sport, l'art, les jeux de société ou la musique. Mais, parmi toutes ces activités, il y en a une dont les répercussions sont beaucoup plus profondes et plus larges que toutes les autres : la lecture. Elle agit sur l'ensemble des piliers d'humanité de nos enfants et est irremplaçable. Avec elle, le langage est beaucoup plus riche. Il y a plus de complexité langagière dans un imagier simple, d'école maternelle, comme l'histoire du loup, C'est moi le plus fort ou le chaperon rouge, que dans tous les supports oraux courants : discussion entre adultes, entre adultes et enfants, films, dessins animés, programmes télé, etc. La lecture améliore aussi la culture générale, la créativité, les capacités d'expression orales ou écrites, et ultimement le QI. Mais par-delà ces influences désormais bien documentées, elle a aussi des répercussions majeures sur nos intelligences émotionnelle et sociale parce qu'aucun autre média ne permet à ce point de pénétrer les pensées d'autrui.

Avec un livre on entre littéralement dans la tête des personnages, contrairement à un film où on les voit juste agir. On a ainsi accès à toutes leurs émotions, leurs contradictions, leurs réflexions, leurs peurs et leurs incertitudes. On comprend beaucoup plus intimement et plus finement les raisons de leurs actions. Par ce biais, la lecture a un impact considérable sur ce qu'on appelle la théorie de l'esprit, c'est-à-dire la capacité à comprendre les autres, à anticiper leurs actions. Les chercheurs parlent de simulateur social. Ce n'est pas tout. Non seulement on comprend, mais on partage aussi les émotions des personnages : quand le héros a peur, ce sont les mêmes réseaux de la peur qui vont s'activer dans notre cerveau. C'est la base fondamentale de l'empathie. Et parce qu'on comprend mieux les autres, parce qu'on éprouve leurs ressentis, on a des interactions sociales plus fluides. Or, depuis une vingtaine d'années, on observe une baisse des mesures d'empathie chez les jeunes adultes conjointement à une augmentation des échelles de narcissisme. C'est inquiétant parce que l'empathie est au cœur de notre humanité. Ces évolutions devraient nous interpeller.

Sommes-nous moins doués de compréhension que les générations précédentes ?

- Oui, il est évident que les enfants d'aujourd'hui lisent moins et donc moins bien que les gamins des générations précédentes. Même les gens les plus «progressistes» l'admettent. La chute est claire. Soit on considère que ce n'est pas grave et on se rassure en affirmant que nos enfants et adolescents savent «autre chose», soit on prend conscience du problème en comprenant que l'intelligence humaine est fondamentalement conceptuelle et verbale. L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective. En France, on a 75% d'enfants et ados dont les compétences ne dépassent pas la compréhension de textes simples et concrets, dont 50% ont un niveau dit «faible». C'est extravagant ! Il est temps d'agir en faisant, vraiment, de la lecture une grande cause nationale."

https://www.lefigaro.fr/langue-francais ... e-20240126
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par papibilou »

Les parents sont responsables.
J'avais l'habitude quand mes enfants ne savaient pas encore lire de leur raconter des histoires en lisant des livres devant eux. Ils étaient passionnés. Plus tard je leur demandais de lire un livre et me raconter l'histoire.
C'est la même chose pour savoir compter.
Par exemple je jouais à la belote avec deux petits enfants de moins de 8 ans: chacun comptait ses points et les annonçait et sachant que le total était de 162 points ils devaient me dire combien j'avais de points. Le plus rapide gagnait. Je peux vous dire que ça allait vite et ils ont conservé ces aptitudes développées jeunes.

Mais la prépondérance de la vidéo tue peu à peu la lecture, mais aussi l'orthographe comme les machines à calculer ont tué le calcul mental.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Once »

Le problème est qu'aujourd'hui les adultes ( jeunes ou moins jeunes) eux mêmes ne lisent plus ou pratiquement plus.

Quelles leçons peuvent ils alors donner à leurs enfants ou petits enfants ?

Qui se souvient ici du dernier livre qu'il a lu ? En entier ? Et sans se presser ? En prenant son temps ? Et sans smartphone ou tablette numérique à côté de lui interrompant toutes les 5 minutes sa concentration ?

Personnellement, je constate que j'ai énormément perdu en pouvoir de concentration depuis la révolution numérique pour être tout le temps sollicité par les écrans.

Et quand il m'arrive de lire en entier durant environ près de 2 heures en continu 80 % des articles d'un mensuel comme le Monde diplomatique ( c'était hier en médiathèque et sans consulter une seule fois mon portable), je m'étonne. Tout en réalisant en même temps combien c'est plus enrichissant de prendre le temps à ce genre de lecture plutôt qu'à le perdre sur des réseaux sociaux où l'instantanéité sans réflexion l'emporte le plus souvent et où l'on communique en un minimum de signes façon SMS ou Twitter.

En fait, il suffit de trouver le bon bouquin et de plonger dedans pour retrouver tout ce que l'on perd avec la dispersion numérique.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par mic43121 »

Once a écrit : 26 octobre 2024 12:53 Le problème est qu'aujourd'hui les adultes ( jeunes ou moins jeunes) eux mêmes ne lisent plus ou pratiquement plus.

Quelles leçons peuvent ils alors donner à leurs enfants ou petits enfants ?

Qui se souvient ici du dernier livre qu'il a lu ? En entier ? Et sans se presser ? En prenant son temps ? Et sans smartphone ou tablette numérique à côté de lui interrompant toutes les 5 minutes sa concentration ?

Personnellement, je constate que j'ai énormément perdu en pouvoir de concentration depuis la révolution numérique pour être tout le temps sollicité par les écrans.

Et quand il m'arrive de lire en entier durant environ près de 2 heures en continu 80 % des articles d'un mensuel comme le Monde diplomatique ( c'était hier en médiathèque et sans consulter une seule fois mon portable), je m'étonne. Tout en réalisant en même temps combien c'est plus enrichissant de prendre le temps à ce genre de lecture plutôt qu'à le perdre sur des réseaux sociaux où l'instantanéité sans réflexion l'emporte le plus souvent et où l'on communique en un minimum de signes façon SMS ou Twitter.

En fait, il suffit de trouver le bon bouquin et de plonger dedans pour retrouver tout ce que l'on perd avec la dispersion numérique.


Je suis adulte et vieux et je lis toujours ....ma fille lit ...mais mes petites filles ne lisent pas ..
La faute à l'informatique .... :cote:
La tolérance c'est quand on connait des cons- et qu'on ne dit pas les noms
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par scorpion3917 »

Nous sommes exceptionnels dans les constats à coup de sondages, études diverses et variées, commissions d enquêtes, mais dans le fond qu' est ce qui change vraiment ???

Alors oui ça évite que des bacs + 10 soient au chômage ou trient les boîtes de petits pois dans les rayons de supermarchés. :XD:

Pour le reste si les moyens n y sont pas toutes ces prétendues études ne servent qu à remplir des casiers pleins à craquer.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par gare au gorille »

Once a écrit : 26 octobre 2024 12:53 Le problème est qu'aujourd'hui les adultes ( jeunes ou moins jeunes) eux mêmes ne lisent plus ou pratiquement plus.

Quelles leçons peuvent ils alors donner à leurs enfants ou petits enfants ?

Qui se souvient ici du dernier livre qu'il a lu ? En entier ? Et sans se presser ? En prenant son temps ? Et sans smartphone ou tablette numérique à côté de lui interrompant toutes les 5 minutes sa concentration ?

Personnellement, je constate que j'ai énormément perdu en pouvoir de concentration depuis la révolution numérique pour être tout le temps sollicité par les écrans.

Et quand il m'arrive de lire en entier durant environ près de 2 heures en continu 80 % des articles d'un mensuel comme le Monde diplomatique ( c'était hier en médiathèque et sans consulter une seule fois mon portable), je m'étonne. Tout en réalisant en même temps combien c'est plus enrichissant de prendre le temps à ce genre de lecture plutôt qu'à le perdre sur des réseaux sociaux où l'instantanéité sans réflexion l'emporte le plus souvent et où l'on communique en un minimum de signes façon SMS ou Twitter.

En fait, il suffit de trouver le bon bouquin et de plonger dedans pour retrouver tout ce que l'on perd avec la dispersion numérique.


C'est tout à fait ça, il suffit de trouver le bon bouquin et toute la magie de la lecture s'ouvre devant nous. J'adore lire et j'admire la puissance des écrivains quand ils sont capables de nous entrainer dans leur imaginaire et nous faire vivre des histoires aussi passionnantes qu'irréelles.
Je pense que les jeunes passent à coté de quelque chose de passionnant, peut être par manque de disponibilité avec les ordis, les portables et les outils modernes qui ne leur laissent que peu de temps pour s'ennuyer et ouvrir un bouquin.
* il pleut doucement sur la ville *
* Et le poète soul engueulait l' Univers *
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Once »

C'est rare, très rare de croiser dans l'espace public quelqu'un en train de lire un bouquin aujourd'hui.

Surtout quand il s'agit d'un jeune. Mais je me souviens d'une fois, c'était dans la salle d'attente d'un hôpital où j'avais un rendez-vous.

Devant moi, une maman avait laissé s'installer un jeune gamin d'environ 9/10 ans avant de repartir quelques instants pour je ne sais quoi.

Et le gamin s'était mis à reprendre la lecture d'un livre de poche ( un gros, genre 500 pages) tranquillement, comme si de rien n'était. Je dis " reprendre la lecture" parce que je voyais bien qu'il en était à peu près au milieu.

Les deux ou trois adultes qui l'entouraient ( dont moi) nous étions tous à tapoter des écrans sur nos portables.

Une infirmière s'est rapprochée de lui un moment pour lui demander ce qu'il lisait.

Il lui a montré la couverture et a repris sa lecture. Tranquillement.

Puis la maman est revenue s'asseoir mais il a continué de lire comme de rien n'était.

J'en étais resté baba.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par gare au gorille »

Once a écrit : 26 octobre 2024 15:29 C'est rare, très rare de croiser dans l'espace public quelqu'un en train de lire un bouquin aujourd'hui.

Surtout quand il s'agit d'un jeune. Mais je me souviens d'une fois, c'était dans la salle d'attente d'un hôpital où j'avais un rendez-vous.

Devant moi, une maman avait laissé s'installer un jeune gamin d'environ 9/10 ans avant de repartir quelques instants pour je ne sais quoi.

Et le gamin s'était mis à reprendre la lecture d'un livre de poche ( un gros, genre 500 pages) tranquillement, comme si de rien n'était. Je dis " reprendre la lecture" parce que je voyais bien qu'il en était à peu près au milieu.

Les deux ou trois adultes qui l'entouraient ( dont moi) nous étions tous à tapoter des écrans sur nos portables.

Une infirmière s'est rapprochée de lui un moment pour lui demander ce qu'il lisait.

Il lui a montré la couverture et a repris sa lecture. Tranquillement.

Puis la maman est revenue s'asseoir mais il a continué de lire comme de rien n'était.

J'en étais resté baba.

Mon premier bouquin, je m'en souviens et j'étais gamin, "L'auberge de l'ange gardien" . Une tristesse infini quand j'ai tourné la dernière page et qu'il m'a fallu quitter tous les personnages. Je me souviens l'avoir dévoré, et quand ma tante m'a appris qu'il y avait une suite, un deuxième tome, "Le général Dourakine" j'ai sauté de joie.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par UBUROI »

Moi, je n'ai jamais été un grand lecteur... de livres, après mes études. Peu de romans, peu d'essais etc...
Mais quel nombre de circulaires, de guides professionnels de ma branche, quels rapports, quelles conclusions de parties, quels jugements d'appel, de cass. et trib. européens !
Aucun journaux papier depuis ma retraite, que des numériques!

Je lis donc en fait beaucoup. Mon cerveau fonctionne en mode lecture ( déchiffrage, compréhension, mémorisation). Seule peut être l'imagination fait défaut, encore que..

Nous sommes nombreux dans ce cas, s'agissant des professions dites intellectuelles.

L'écran n'est pas le responsable, puisque nous avons chez nous des "tablettes" et ma femme y chargeait pas mal de ses romans et essais... avant de revenir aux Livres dans la bibliothèque communale qu'elle gère :ange:

Par contre l'emprise des jeux (consoles, portables) est lui néfaste: des images qui défilent ce ne sont pas des lettres, des mots, une syntaxe, un récit à maîtriser, à recadrer dans un ensemble, dont on peut ensuite discuter, critiquer et faire partager par...les mots, les arguments construits.
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Yaroslav
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Yaroslav »

scorpion3917 a écrit : 26 octobre 2024 13:47 Nous sommes exceptionnels dans les constats à coup de sondages, études diverses et variées, commissions d enquêtes, mais dans le fond qu' est ce qui change vraiment ???

Alors oui ça évite que des bacs + 10 soient au chômage ou trient les boîtes de petits pois dans les rayons de supermarchés. :XD:

Pour le reste si les moyens n y sont pas toutes ces prétendues études ne servent qu à remplir des casiers pleins à craquer.
Les études servent à connaître (se rapprocher de) la vérité.
Avant de faire les choses, c'est bien de savoir où on en est, pour savoir si la situation est grave ou pas.
Pour ce qui est de "faire", c'est plus compliqué, on ne peut pas obliger les gens à lire. Le livre bénéficie déjà d'une TVA réduite, d'un prix unique, les gens peuvent gratuitement se rendre dans les bibliothèques payées par les impôts, et emprunter pour un coût souvent ridicule. Mais bon, ils préfèrent scroller des merdes sur TikTok.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Mesoke »

UBUROI a écrit : 26 octobre 2024 17:00 Par contre l'emprise des jeux (consoles, portables) est lui néfaste: des images qui défilent ce ne sont pas des lettres, des mots, une syntaxe, un récit à maîtriser, à recadrer dans un ensemble, dont on peut ensuite discuter, critiquer et faire partager par...les mots, les arguments construits.
Il n'y a pas que des jeux vidéos d'action avec des images qui défilent rapidement. Il existe aussi des jeux vidéos avec des excellentes histoires, peu d'action et énormément à lire. Le tout avec une interactivité qu'on ne retrouve pas dans des romans, ce qui pousse beaucoup plus l'implication dans l'histoire, l'immersion.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Once »

Mesoke a écrit : 27 octobre 2024 21:38
UBUROI a écrit : 26 octobre 2024 17:00 Par contre l'emprise des jeux (consoles, portables) est lui néfaste: des images qui défilent ce ne sont pas des lettres, des mots, une syntaxe, un récit à maîtriser, à recadrer dans un ensemble, dont on peut ensuite discuter, critiquer et faire partager par...les mots, les arguments construits.
Il n'y a pas que des jeux vidéos d'action avec des images qui défilent rapidement. Il existe aussi des jeux vidéos avec des excellentes histoires, peu d'action et énormément à lire. Le tout avec une interactivité qu'on ne retrouve pas dans des romans, ce qui pousse beaucoup plus l'implication dans l'histoire, l'immersion.
C'est un fait. Mais la lecture d'un livre implique quelque chose que le jeu vidéo ne peut apporter : la liberté d'imaginer et de se faire son propre scénario des choses sans aucun autre accessoire que sa propre capacité à laisser son imaginaire librement se déployer. Avec cette capacité unique à pouvoir se créer ses propres images, ses propres représentations et ses propres pensées à partir de l'assemblage de quelques mots, de quelques phrases qui demandent un minimum d'efforts, de recul et de concentration que les gens ont de moins en moins en stock.

Il y a toute une frénésie, toute une excitation, toute une impatience, toute une immédiateté qui accompagnent le jeu vidéo et qui répondent apparemment mieux à des besoins nouveaux et à une façon d'être, d'agir et de réagir.

Mais seuls ceux qui peuvent comparer semblent être mieux en mesure de comprendre ce qui se perd avec le bonheur et la profondeur de la lecture d'un livre face à la révolution numérique qui l'emporte dans tous les domaines.

Parce que c'est factuel : les gens qui prennent le temps de lire un livre en 2024 sont de moins en moins nombreux.

La fascination pour les écrans accapare tout le monde en 2024, 24 heures sur 24. Au point de nous transformer en zombies hallucinés.

Donc, couper à cet engloutissement de temps à autre, plonger dans un bon livre, prendre enfin son temps, retrouver des sensations perdues hautement estimables et bénéfiques pour une bonne santé mentale, tout ça n'a pas de prix et semble devenir un luxe de... riche alors que des centaines de médiathèques proposent encore de la lecture gratuite en France ( et dans le monde entier, j'espère)
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par UBUROI »

On est dans

" On lit moins, on n'a donc moins ou plus l'accès au langage (mots, syntaxe, expression, communication...), moins de culture, de connaissances, de débats, de convivialité, de sympathie, d'empathie
Mais plus de violences, d'incompréhension, de fractures, de repli, moins d'idées et plus d'opinions, de suivisme, moins d'autonomie"
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Mesoke »

Once a écrit : 28 octobre 2024 08:28 C'est un fait. Mais la lecture d'un livre implique quelque chose que le jeu vidéo ne peut apporter : la liberté d'imaginer et de se faire son propre scénario des choses sans aucun autre accessoire que sa propre capacité à laisser son imaginaire librement se déployer. Avec cette capacité unique à pouvoir se créer ses propres images, ses propres représentations et ses propres pensées à partir de l'assemblage de quelques mots, de quelques phrases qui demandent un minimum d'efforts, de recul et de concentration que les gens ont de moins en moins en stock.

Il y a toute une frénésie, toute une excitation, toute une impatience, toute une immédiateté qui accompagnent le jeu vidéo et qui répondent apparemment mieux à des besoins nouveaux et à une façon d'être, d'agir et de réagir.

Mais seuls ceux qui peuvent comparer semblent être mieux en mesure de comprendre ce qui se perd avec le bonheur et la profondeur de la lecture d'un livre face à la révolution numérique qui l'emporte dans tous les domaines.

Parce que c'est factuel : les gens qui prennent le temps de lire un livre en 2024 sont de moins en moins nombreux.

La fascination pour les écrans accapare tout le monde en 2024, 24 heures sur 24. Au point de nous transformer en zombies hallucinés.

Donc, couper à cet engloutissement de temps à autre, plonger dans un bon livre, prendre enfin son temps, retrouver des sensations perdues hautement estimables et bénéfiques pour une bonne santé mentale, tout ça n'a pas de prix et semble devenir un luxe de... riche alors que des centaines de médiathèques proposent encore de la lecture gratuite en France ( et dans le monde entier, j'espère)
Là encore, ça dépend franchement des jeux vidéos. Certes il y a un support visuel qui donne un cadre pour les images, les décors, les personnages, de la même manière que quand on lit un livre tiré d'un film qu'on a déjà vu. Mais pour certains jeux ce support visuel est minime, il n'y a pas d'animation, pas d'action trépidante. Juste du texte avec un support visuel, comme le ferait un livre illustré.

Franchement niveau imaginaire dans certains jeux, notamment les romans visuels, c'est presque comme lire un livre sans support visuel. Avec un peu moins d'imagination, mais plus d'interaction et d'implication.

Mais c'est vrai que ce sont souvent des jeux indépendants et peu diffusés, pas ce qu'on imagine quand on pense aux jeux vidéos en général.
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Re: «L'abandon de la lecture impose un coût énorme à notre intelligence collective»

Message par Once »

UBUROI a écrit : 28 octobre 2024 08:56 On est dans

" On lit moins, on n'a donc moins ou plus l'accès au langage (mots, syntaxe, expression, communication...), moins de culture, de connaissances, de débats, de convivialité, de sympathie, d'empathie
Mais plus de violences, d'incompréhension, de fractures, de repli, moins d'idées et plus d'opinions, de suivisme, moins d'autonomie"
Entièrement d'accord avec votre point de vue que je trouve fort bien résumé.

Ce à quoi j'ajouterais : moins de prise en compte de points de vues adverses, moins de prise en compte de la complexité des relations humaines et des rapports humains. Quand on prend le temps de lire, on voyage sur tous les tableaux, on est obligé de prendre en compte tous les points du vue.

C'est incroyable tout ce que l'on perd en se passant de tout ça.

Personnellement, pour être un lecteur de livres malheureusement de plus en plus accaparé par le numérique, je mesure l'étendue de toutes ces pertes et je m'en désole chaque jour.
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