S'il voulait se poser en victime c'est raté.
Avant Jordan Bardella, ces autres campagnes de pub qui ont été refusées dans les gares
Le patron du RN crie à la « censure » et dénonce des « méthodes totalitaires », mais l’humoriste Waly Dia et le chanteur Bilal Hassani ont eux aussi été interdits avant lui.
POLITIQUE -
Jordan Bardella, régulièrement invité sur les plateaux TV, dont le livre sera tiré à 155 000 exemplaires, regrette être victime de « censure ». Le président du Rassemblement national estime être à la cible d’une « minorité d’activistes radicalisés » et s’insurge de « méthodes totalitaires » et pourfend la « pensée unique ».
En cause ? Le refus de la régie Mediatransports, qui gère les panneaux publicitaires dans les gares SNCF et le métro parisien, de placarder des affiches de promotion de son dernier livre, en librairie le 9 novembre. Une campagne massive de publicité était prévue, avec un déploiement sur plusieurs dizaines de gares partout dans le pays. Selon l’entreprise, cela contrevenait « aux principes de neutralité ».
Si Jordan Bardella a le droit de se victimiser en affirmant faire les frais d’une « dérive inquiétante », il est loin d’être le premier à avoir été mis de côté par la régie pub de la SNCF. Dernier exemple en date : l’humoriste Waly Dia. En janvier 2024, lors de l’annonce de son spectacle « Une heure à tuer », l’ex-chroniqueur de France Inter avait révélé une affiche où apparaissaient des messages très politiques, tels que « Macron, c’est comme un père alcoolique, à la maison il te pourrit la vie, dehors il te fout la honte » ou « Je suis comme l’IGPN, je ne suis pas là pour faire le procès des policiers ». Mediatransports avait alors tranché, considérant que l’affiche présentait « un caractère politique incompatible avec le devoir de neutralité qui s’impose dans les transports publics ».
Bilal Hassani, Greenpeace…
Avant lui, en décembre 2021, la une d’un magazine Têtu où figurait le chanteur Bilal Hassani avait également été mise de côté par la SNCF. « Il nous est impossible d’afficher des visuels où sont présentes des références religieuses », avait argumenté la régie pub. Le finaliste de l’Eurovision et de Danse avec les stars était représenté telle une icône chrétienne, le visage auréolé et les yeux rivés vers le ciel.
Une campagne de communication lancée en avril 2020 par l’ONG de lutte contre le réchauffement climatique Greenpeace n’avait pas non plus pu voir le jour dans les gares françaises. Les mots « BLA BLA » y apparaissaient en grosses lettres, s’effondraient et s’envolaient dans des tornades ou des cyclones. Une série de catastrophes naturelles qui tranchaient avec les extraits de discours prétendument ambitieux déclamés par différents présidents (Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron) et affichés au-dessus.
« Cette publicité ne respecte pas notre devoir de neutralité et va au-delà d’une simple interpellation car elle pointe l’inaction des décideurs politiques et lance une injonction au gouvernement à agir », expliquait alors la directrice juridique de Médiatransports. Autre exemple peut-être moins médiatisé mais tout aussi parlant : le refus par la SNCF de placarder en 2014 des affiches de promotion du polar Rose sang. Le bandeau du livre, « Marseille, son Mucem, ses meurtres », était jugé « trop politique » par la régie publicitaire : « L’utilisation délibérée, sur le bandeau du livre, d’un message dénigrant à l’égard de la ville de Marseille pourrait être assimilée à un message politique en période électorale et dans le contexte actuel ».
À ce moment-là, la cité Phocéenne était le théâtre de nombreux règlements de compte et déplorait une vingtaine de morts en seulement un an liées au trafic de drogue ou au banditisme. Le tout, dans un contexte électoral, à un mois des élections municipales de mars 2014.
Jordan Bardella n’est donc pas le premier, ni sans doute le dernier, à faire les frais de la politique de Mediatransports. À l’inverse de ce que prétendent les responsables du RN depuis la décision de la régie publicitaire.
https://www.huffingtonpost.fr/politique ... 41475.html