"Le Parlement israélien a voté ce lundi 28 octobre à une écrasante majorité en faveur d'un projet de loi interdisant les activités de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Israël, malgré les objections des États-Unis et de l'ONU.
L'agence a dénoncé une mesure "scandaleuse" à l'encontre de cette agence, principal acteur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d'un an de guerre entre Israël et le Hamas.
"Cela va aggraver les souffrances des Palestiniens"
Un habitant de Rafah réceptionne des sacs de nourriture distribués par l'Unrwa aux côtés d'un employé de l'ONU, le 28 janvier 2024 - AFP
Pour le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, cette interdiction "crée un dangereux précédent" et constitue le dernier épisode en date "d'une campagne en cours pour discréditer" l'agence. Il a estimé que son interdiction allait "aggraver les souffrances des Palestiniens". Le Hamas a quant à lui dénoncé une "agression sioniste" contre les Palestiniens.
Le texte a été approuvé à la Knesset par 92 voix contre 10 alors qu'Israël, depuis longtemps très critique à l'égard de l'agence onusienne, a accusé certains employés de l'Unrwa d'avoir participé à l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, et d'être des combattants du mouvement islamiste palestinien.
Un second texte, également largement adopté (89 voix contre 7), interdit par ailleurs aux responsables israéliens de travailler avec l'Unrwa et ses employés, ce qui devrait considérablement perturber les activités de l'agence, alors qu'Israël contrôle strictement toutes les entrées de cargaisons d'aide humanitaire vers Gaza. Les deux lois prendront effet 90 jours après leur adoption, selon la Knesset.
Si cette interdiction est mise en œuvre, "c'est un désastre, notamment en raison de l'impact qu'elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie", a déclaré la porte-parole de l'Unrwa, Juliette Touma.
"L'Unrwa est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d'abris, de nourriture et de soins de santé de base", a ajouté la porte-parole.
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Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a toutefois affirmé qu'Israël, qui contrôle strictement l'entrée des cargaisons d'aide internationale, était "prêt" à fournir de l'aide humanitaire au territoire.
"Nous nous tenons prêts à travailler avec nos partenaires internationaux pour nous assurer qu'Israël continue à faciliter l'aide humanitaire à Gaza d'une façon qui ne menace pas la sécurité d'Israël", a dit Benjamin Netanyahu sur X. Avant même le vote, les Etats-Unis s'étaient déclarés "très préoccupés" par le texte.
"Nous avons clairement fait savoir au gouvernement israélien que nous étions profondément préoccupés par cette proposition de loi (...) et nous exhortons le gouvernement israélien à ne pas l'approuver", avait déclaré le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, réitérant le rôle "crucial" joué par l'agence dans la distribution de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
"Colonne vertébrale"
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a affirmé que le Royaume-Uni était "gravement préoccupé" par "cette législation risque de rendre impossible le travail essentiel de l'UNRWA pour les Palestiniens".
L'Allemagne a "critiqué vivement" le vote israélien, qui rendra "effectivement impossible le travail de l'Unrwa à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est (...) mettant en péril l'aide humanitaire vitale pour des millions de personnes".
Le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les États-Unis, avait mis en garde Israël le 10 octobre contre le vote de cette loi, au lendemain d'un avertissement similaire lancé par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
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Condamnations de l'Irlande, la Norvège et la Slovénie
L'Irlande, la Norvège, la Slovénie et l'Espagne ont "condamné" lundi dans un communiqué commun le vote au Parlement israélien d'une loi interdisant les activités de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
"Le travail de l'agence est essentiel et irremplaçable pour des millions de Palestiniens et particulièrement dans le contexte actuel à Gaza", écrivent les gouvernements de ces quatre pays européens ayant reconnu l'État de Palestine."
https://www.bfmtv.com/international/moy ... 81050.html