Après la pub, Hanouna relance : «La France a versé tout de même 849 milliards d’euros de prestations, soit 12 550 euros par habitant. Sachant que c’est une moyenne, il y en a qui doivent être à 2 500 euros par mois de prestations sociales. C‘est sûr et certain, entre 2 500 et 3 000 euros par mois.» Le Bret : «Et tout ça, c’est légal.» Hanouna : «C’est ça qui est grave !»
Un peu plus loin dans l’émission : «Les prestations sociales, vous vous rendez compte, 849 milliards en 2022 ! 12 250 euros par habitant. Moi, c’est ça qui me dérange, au-delà de la fraude, [….] c’est presque un smic par personne», insiste Hanouna. «Oui, c’est ça, ajoute Le Bret. Chômage, allocations familiales, aides au logement…»
Mais à quoi correspond donc ce «robinet» à prestations «qu’on arrive jamais à fermer» ? Qui sont ces gens qui touchent en moyenne plus de 1 000 euros par mois, voire 2 500 euros selon Hanouna ? A aucun moment, sur CNews, Europe 1 ou le JDD, il n’est donné le détail de cette enveloppe de 849 milliards d’euros par an.
Or si ce montant est aussi important, et qu’il peut paraître effectivement élevé, en moyenne par personne et par an, c’est parce qu’il est avant tout composé… des retraites. Avec 376 milliards d’euros en 2022, elles comptent pour près de la moitié (44,2%) des 849 milliards de «prestations sociales», selon le rapport 2023 de la Drees. Des sommes directement liées, pour l’essentiel, aux cotisations versées par les actifs durant toute leur carrière professionnelle.
La santé et l’invalidité, second poste de prestations
Second poste de prestations : la santé et l’invalidité, là aussi en grande partie financées, comme tout système assurantiel, par les contributions des salariés et des employeurs. En 2022, ces dépenses pesaient pour 318 milliards d’euros (37,4% de l’ensemble).
Autrement dit, près de 82% de ces 849 milliards d’euros de prestations sont représentés par deux catégories seulement : la retraite et la santé.
Concrètement, parmi les 12 550 euros de prestations par personne et par an, chiffre répété sans cesse lors de l’émission, 5 500 euros ont trait à la retraite et 4 700 euros à la maladie. Ce sont d’ailleurs parmi ces deux postes que s’explique la quasi-totalité de la différence avec le montant alloué, en moyenne, par les 27 pays de l’Union européenne.
La liste égrenée par Guillaume Le Bret – «chômage, allocations familiales, aides au logement» – ou celle, quasi similaire, énoncée par Valérie Benaïm – «allocation de rentrée scolaire, RSA, allocations familiales» – ne représente en réalité que 18% de l’ensemble. Et parmi ces quatre postes (famille, emploi, logement, pauvreté), trois étaient en baisse en 2022 par rapport à 2021. Les dépenses d’assurance chômage diminuaient ainsi de 24%, les aides au logement de 1,8% et le poste «pauvreté/exclusion» de 4,5%. Des baisses qui succèdent à deux années de dépenses particulièrement élevées, en lien avec la crise sanitaire.
Ces sommes, enfin, constituent-elles pour autant des aimants à fraude ? Seul le communiste Olivier Dartigolles, lors de l’émission sur Europe 1, rappellera brièvement les chiffres du dernier rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale, en date de juillet 2024, qui considérait que, sur les 13 milliards d’euros de fraude sociale estimée, 56% étaient imputables aux employeurs (défaut de cotisations) et 10% aux professionnels de santé. Seul un tiers était ainsi attribué aux assurés sociaux.