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Emmanuel Macron a annoncé ce samedi 23 novembre, à l’occasion d’un déplacement commémoratif à Strasbourg, que la nation allait rendre hommage à l’auteur de «L’étrange défaite», fusillé par l’occupant allemand en 1944 après avoir été torturé.
A ceux qui résistèrent contre l’occupant nazi et le régime de Vichy, la nation reconnaissante. Neuf mois après la panthéonisation du communiste arménien Missak Manouchian, Emmanuel Macron a annoncé ce samedi 23 novembre que l’historien et résistant Marc Bloch connaîtra bientôt le même hommage. «Pour son œuvre, son enseignement et son courage, nous décidons que Marc Bloch entrera au Panthéon», a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion d’un déplacement commémoratif à Strasbourg. Le président a loué sa «lucidité cinglante qui nous frappe aujourd’hui encore», son «audace des mots et des idées qui se doubla du courage physique» et sa «volonté française jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à l’assassinat par la Gestapo».
D’une guerre à l’autre
«La famille est très émue et tout à fait satisfaite de cette entrée au Panthéon. Nous espérons que cet hommage qui va lui être rendu permettra de faire connaître mieux, davantage, de faire rayonner son œuvre», a réagi Hélène Seguret, arrière-petite-fille de Marc Bloch âgée de 50 ans, après avoir assisté au discours du président. Rappelant que son aïeul était professeur, père de six enfants et «très attaché à la jeunesse», elle a souhaité que cette dernière soit «très impliquée» dans cet hommage. Dans une lettre au chef de l’Etat, la famille demande aussi que «l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie» d’entrée au Panthéon.
Issu d’une famille juive alsacienne, professeur d’histoire du Moyen-Age à l’université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l’étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l’économie. Capitaine et Croix de guerre lors de la Première Guerre mondiale, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s’engage dans la résistance à la fin de l’année 1942. L’auteur de L’étrange défaite, écrit en 1940 et publié après la guerre, est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.
La sixième panthéonisation de Macron
Lors de son discours au Palais universitaire de Strasbourg, Emmanuel Macron a aussi évoqué les «Malgré-nous», ces 130 000 Alsaciens et Mosellans considérés comme Allemands après l’annexion de ces territoires, et qui ont dû intégrer l’armée allemande. Leur «tragédie doit être nommée, reconnue, et enseignée car elle est celle de la Nation» a-t-il déclaré. «Ces enfants d’Alsace et de Moselle furent capturés, habillés d’un uniforme qu’ils détestaient, au service d’une cause qui les faisait esclaves, instruments d’un crime qui les tuait aussi, menacés de représailles s’ils tentaient de fuir. Ceux-là comprirent parfois aussi dans leur rang des enfants perdus qui endossèrent la cause néfaste du Reich», a-t-il ajouté. Très longtemps, les «Malgré-nous», associés pour certains à l’un des pires massacres de civils commis par les nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.
Depuis sa première élection en 2017, Emmanuel Macron a déjà célébré la panthéonisation de l’écrivain Maurice Genevoix, de la figure politique française et européenne Simone Veil et de la star du music-hall Joséphine Baker, en plus de celle de Missak Manouchian. Il a aussi annoncé celle de Robert Badinter, le père de l’abolition de la peine de mort, décédé le 9 février. De source présidentielle, l’ancien ministre de la Justice entrera au Panthéon en 2025, avant Marc Bloch.
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L'étrange défaite :
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