Pourquoi dit-on qu'il ne faut pas se réjouir de la mort d'autrui ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la mort de Jean-Marie Le Pen, le 7 janvier 2025, n'a pas laissé le monde insensible. Si d'un côté, le décès du cofondateur du Front national (avec deux anciens Waffen-SS) a provoqué l'émoi des membres du parti de sa fille, le Rassemblement national, sa disparition n'a pas non plus manqué d'être célébrée par une partie de la population.
Par exemple, Philippe Poutou, ancien candidat à la présidentielle du Nouveau Parti anticapitaliste, a réagi ainsi sur X (anciennement Twitter): «
C'est dingue, les vœux ça marche! L'année 2025 ne commence pas trop mal avec cette bonne nouvelle de la mort de Le Pen.»
À l'appel de plusieurs mouvements et partis politiques, les scènes de liesse se sont multipliées dans plusieurs villes de France, où des apéros géants ont rassemblé des milliers de personnes qui semblaient attendre depuis des décennies le dernier souffle de cet homme politique multicondamné. C'est d'ailleurs son grand-œuvre néonazi, négationniste, raciste, homophobe ou encore misogyne qui a été mis en avant pour justifier la petite sauterie, entre deux coupes de champagne et quelques pas de danse sur le bitume.
Pour autant, le fait de célébrer le décès de quelqu'un –aussi laide qu'ait été sa vie– passe mal dans notre société. Les fêtes improvisées ont rapidement été critiquées, surtout par la droite, mais aussi par certaines personnes à gauche. Pourquoi, dans notre société, dit-on généralement qu'il ne faut pas se réjouir de la mort d'autrui?
Une religion moralisatrice
Sans surprise, cet adage trouve surtout sa source dans la religion chrétienne, qui imprègne profondément notre société après environ deux millénaires d'influence. Et on vous prévient, la Bible est sacrément moralisatrice. Dans la foi chrétienne, se réjouir de la mort de quelqu'un, même d'un ennemi, est considéré comme incompatible avec les enseignements fondamentaux de Jésus-Christ. De manière générale, il invite plutôt à prier pour ses ennemis et à ne pas éprouver de la joie face à leur malheur.
Dans l'Ancien Testament, on retrouve ainsi ce célèbre passage du Livre des proverbes (24:17-18): «Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi; et que ton cœur ne soit pas dans l'allégresse quand il chancelle, de peur que l'Éternel ne le voie, que cela ne lui déplaise et qu'il ne détourne de lui sa colère.»
Pas de panique pour celles et ceux qui ont célébré la mort de Jean-Marie Le Pen: si ils et elles ne croient pas en Dieu, il y a peu de chances que le Tout-Puissant puisse les gronder.
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