jeandu53 a écrit : ↑16 janvier 2025 15:32
Un peu de nuance s'impose.
Ce n'est pas parce qu'on supprime le CNRS qu'on supprime la recherche en France (puisqu'il resterait les universités, comme aux USA).
Ce n'est pas parce qu'on supprime l'ANAH et/ou l'ADEME qu'on supprime toute politique environnementale en France (il resterait les collectivités locales, ou le ministère de l'Environnement).
Ce n'est pas parce qu'on supprime le Contrôleur général des lieux de privation de liberté que ça devient l'anarchie dans les prisons (c'est déjà l'anarchie dans les prisons).
Ce n'est pas parce qu'on supprime la Commission nationale du débat public qu'on supprime toute forme d'enquête publique en France (les procédures d'enquêtes publiques existent déjà, elles sont prévues par la loi, il n'y a pas besoin de passer par ladite Commission).
Ce n'est pas parce qu'on supprime l'AFLD qu'on supprime toute forme de lutte contre le dopage en France (ce sont les fédérations sportives qui diligentent les contrôles antidopage).
Le régulateur de l'énergie a été mis en place pour permettre l'ouverture à la concurrence du marché de l'électricité. Si on rétablit le monopole d'EDF et les tarifs réglementés, il n'y a pas plus besoin de ce régulateur.
Si tu supprimes le CNRS, soit tu vires des milliers de chercheurs qui iront faire leur carrière à l'étranger et tu freines à mort la recherche française, soit tu réembauches les chercheurs dans des universités non prévues pour ça, qui n'auront pas la place d'accueillir tout le matos du CNRS ni de fournir des places potables à leurs chercheurs, et tu freines à mort la recherche française sans faire d'économies. Oui il aurait toujours de la recherche en France. Mais vachement moins, vachement moins bonne, vachement moins de découvertes, vachement moins de débouchés.
Aux USA la recherche publique est effectuée par des universités, mais pas que. Genre par la NASA, qui a un budget public supérieur budget total de la recherche publique française.
Si tu supprimes l'ANAH ou l'ADEME, alors soit tu recases leurs employés dans les collectivités locales ou au ministère de l'environnement pour qu'ils y fassent le même travail au même coût, soit on perd en compétence.
Et ainsi de suite.
Si tu fermes un service, soit tu le rouvres au sein d'un autre service et le coût ne changera pas trop tout en ayant sans doute une perte d'efficacité, soit tu économises et il y aura perte d'efficacité. Dire qu'li faut supprimer tel ou tel service comme ça, à la volée, c'est de l'idéologie, pas du pragmatisme. C'est vouloir clairement se passer de certains services, qui sont généralement au bénéfice des citoyens.
Si on veut réellement faire des économies ce qu'il faut c'est voir organisme par organisme l'efficacité, les emplois fictifs, le copinage, les doublons avec d'autres organismes, les charges de travail, etc. Mais si tu fermes le CNRS ça aura des répercutions sur la qualité de la recherche française, si tu fermes l'ANAH ça aura des effets sur la qualité des bâtiments français, si tu fermes la Commission nationale du débat public ça aura des répercutions sur la qualité des débats publics, etc.
Donc faut juste être honnête : soit on avoue qu'on ferme des trucs parce qu'on veut des thunes et qu'on se fiche des répercutions, comme Milei en Argentine et ses +11% de la population qui est passée sous le seuil de pauvreté en un an, soit on avoue qu'on veut fermer des trucs parce parce qu'ils entravent le libre marché efficient avec leurs règles contraignantes. Mais dire "on va fermer plein d'organismes, ça fera faire des économies et pis de toutes façons d'autres organismes font plus ou moins à peu près le même travail donc il n'y aura pas de perte de service" c'est de l'arnaque. Ces gens ne sont pas (tous) payés à ne rien faire, et n'ont pas (tous) aucune utilité.