jeandu53 a écrit : ↑22 septembre 2024 20:45
Voici une étude intéressante publiée par le Figaro.
Comme l'article est en accès protégé, en voici quelques extraits :
le Figaro a écrit :CHRONIQUE - Jean-Pascal Beaufret, ancien inspecteur général des finances et ex-directeur général des impôts, en apporte la démonstration lumineuse.
(...)
Rappelons que les retraites versées s’élèvent à quelque 380 milliards d’euros l’an (13,6 % du PIB du pays): 140 milliards pour la retraite de base de la Sécurité sociale du privé, 90 milliards pour les complémentaires, principalement Agirc-Arrco, 60 milliards pour les pensions civiles et militaires de l’État, 25 milliards pour les agents des collectivités locales, et une cinquantaine de milliards pour les indépendants et les régimes spéciaux. Le dénominateur commun de tous ces régimes est leur caractère obligatoire et d’être financés - en principe - par des cotisations dont le taux est fixé par décret gouvernemental. Ils doivent être équilibrés année après année, sauf à reporter la charge sur les générations futures. En outre, dans un système de retraite par répartition, les cotisations des actifs financent les pensions des retraités, lesquelles sont proportionnelles au montant cotisé par chacun durant sa vie active. Il s’agit fondamentalement d’un «salaire différé». Le système est en effet «contributif», contrairement à l’assurance-maladie, dont les prestations sont identiques pour tous, indépendamment des cotisations individuelles.
Pardon pour de telles évidences qui manifestement ne sont pas toujours bien comprises, même par les parlementaires, dont certains éprouvent, on le sait, des difficultés de lecture et de calcul. Et surtout, ces principes de base sont outrageusement bafoués dans les faits. Outre les déséquilibres endémiques, les cotisations ne couvrent en réalité que les deux tiers des pensions versées, le reste est comblé par l’État, financé par l’impôt et, en pratique, par des emprunts, explique Jean-Pascal Beaufret.
Au total, sur les six années pleines (2018-2023) du pouvoir macronien, la dette publique s’est creusée de 839 milliards d’euros, et les retraites en sont responsables à hauteur de 438 milliards (52 % du total net). C’est deux fois plus que les dépenses exceptionnelles du «quoi qu’il en coûte» (crises du Covid et de l’inflation, Ukraine), qui se sont élevées à 222 milliards d’euros (26 %). Le troisième facteur d’endettement aura été les allégements d’impôts décidés principalement au début du premier quinquennat. Leur effet total sur la dette est évalué à 197 milliards en six ans (23 %).
(...)
Pour rappel, si on se fonde sur cette
base de données, on peut effectuer le calcul suivant :
- dans les déciles 6/8, 3,3 millions de retraités gagnent en moyenne 2200 € par mois. Si on retirait à chacun d'eux 200 € par mois, cela génèrerait 7,92 milliards d'euros d'économies ;
- dans les déciles 8/10, 3,3 millions de retraités gagnent en moyenne 3680 € par mois. Si on retirait à chacun d'eux 500 € par mois, cela génèrerait 19,8 milliards d'euros d'économies.
Alors je sais : mettre les retraités à contribution, c'est tabou. Et la droite, qui milite pour la baisse des dépenses publiques, n'en veut pas. N'empêche que, rien qu'en mettant à contribution les 40% de retraités les plus aisés, on peut économiser 27 milliards d'euros...
Je m'attèle à ce sujet un peu tardivement mais ce qui' m' a poussé c'est le fameux
"conclave" ouvert ce 17 janvier par le
laïcard Bayrou
sur la réforme des retraites de 2023 .
Mon syndicat, la CFDT va y siéger, avec les autres. Je suivrais ça avec attention.
Or, dès le lancement de cette conférence sur les retraites,
une polémique est lancée par Bayrou . Notre ancien Commissaire au Plan remet en cause les chiffres du COR sur le déficit des régimes de retraites. Au point que la Cour Des Comptes est sollicitée pour rendre ses comptes sur la question d'ici le 19 février de mémoire.
Et le sujet lancé par Jeandu s'appuie sur une démonstration "fallacieuse", celle retenue par Bayrou, et inspirée par cet ancien haut fonctionnaire M. Beaufret
1/ Peux tu me mettre en clair (je ne suis pas abonné au Figaro mais à des journaux progressistes) l'article qui reprend la démonstration chiffrée de JP Beaufret. Ses fumeux 438 Mrds€
2/ Avant que je puisse avoir accès à la démonstration que publie le Figaro, je vous colle une démonstration "orthodoxe" qui se rapproche de celle du COR; elle émane d'un spécialiste de la protection sociale, M. Monier
Sophisme : Les retraites contribuent au déficit public pour 71 milliards d‘euros.
Par Michel Monier 24 septembre 2024
Sophisme :
Les retraites contribuent au déficit public pour 71 milliards d‘euros.
La dette publique, que l’on semble découvrir, remet les dépenses de retraite à l’actualité. Le système de retraite est déficitaire et, « subventionné » par l’État, participe de fait au déficit public. Il en serait la cause première.
Dire qu’il y a déficit est vrai, et salutaire. Mais c’est un sophisme de dire que le système de retraite y participe pour 71 milliards, un sophisme qui exonère l’Etat de sa responsabilité.
Ce n’est pas le système des retraites mais la branche vieillesse qui, outre les prestations retraites contributives finance des prestations de solidarité, des régimes particuliers (dont celui de l’Etat employeur) et doit refinancer les allègements ou exonérations de cotisations sociales qui résultent des politiques pour l’emploi.
Le déficit du régime par répartition est réel mais bien inférieur au 71 milliards,
il est de 12 milliards (285 Mds de prestations contributives pour 273 Mds de cotisations 2 ) avant prise en compte des « subventions », qu’il faut comprendre comme « remboursement compensatoire » par l’Etat pour allègements et exonérations de cotisations sociales à hauteur de 5,1 Mds.
Ces 5,1 Mds ne sont pas un déficit imputable au système par répartition mais résultent d’une politique publique qu’il revient à l’Etat de financer. Cette compensation due par l’Etat ramène le déficit du système par répartition à 6,9 Mds (soit 1/10ème des 71 Mds).
L’article cité précise que les 273 Mds de cotisations comptent 45 Mds de « surcotisations » par l’Etat au titre des régimes de retraite de la fonction publique. Ces 45 Mds sont la contribution de l’Etat employeur au financement de la retraite par répartition, ils comptent dans le déficit public, comme les cotisations sociales dans le les comptes des employeurs.
Ces 45 Mds ne sont pas une subvention apportée au système par répartition.
Ce sont donc 64,1 Mds (71- 6,9) de déficit public (90% du déficit de la branche vieillesse) qui sont imputables à l’Etat au titre des prestations de solidarité et de co-financeur des régimes spéciaux.
Les 71 Mds de déficit de la branche vieillesse sont réels et sont pour l’essentiel imputable à l’action, ou l’inaction, de l’Etat. Il est logique que l’Etat finance par l’impôt la branche vieillesse : il intervient là dans une logique de « pollueur-payeur » (pollueur du système par répartition).
Une reforme du système des retraites est nécessaire. Pour n’être pas, une fois encore, paramétrique et n’avoir pour effet que de repousser le tas de sable, elle devrait s’inscrire dans une refonte préalable des comptes nationaux pour retrouver les logiques d’assurance et de solidarité 3, s’inscrire aussi dans une réforme de l’Etat employeur, et donc des moyens de l’action publique (vaste programme) et être accompagnée d’une politique économique de développement de l’emploi rémunérateur, c’est-à-dire contributeur au financement de la protection sociale (les emplois peu rémunérés d’une économie tertiarisée sont insuffisamment contributeurs et donnent sa dynamique au cercle vicieux des aides-allégements-fiscalisation).
Avec l’équivalent de 14% de PIB le financement de la branche vieillesse doit être réformé pour que le système par répartition vive. 14% de PIB c’est énorme, c’est autant que la masse salariale publique qui échappe à toute volonté de réforme.
Il faut, en préalable à la prochaine réforme, dire les chiffres vrais et aussi employer les mots vrais.
De faux constats, des sophismes, font de mauvaises réformes. Pour sauver le régime par répartition c’est le financement de la branche vieillesse, toute la branche vieillesse, qu’il faut réformer. Il faudra une réforme du modèle économique et administratif et non pas une réforme comptable.
Michel Monier,
Ancien DGA de l’Unédic,
En clair, et pour aller à l'essentiel, c'est l'Etat
employeur qui est responsable pour l'essentiel de la "dette" occasionnée par les retraites. En effet, l'Etat pour ses fonctionnaires n'a pas créé de caisse de retraite comme c'est le cas pour la fonction publique territoriale et hospitalière la CNRACL ...(qui est d'ailleurs en déficit les cotisations salariales et celles des employeurs étant < aux prestations versées!)
L'Etat n'ayant donc pas créé de caisse de retraite pour ses fonctionnaires d'Etat ( Intérieur, EN, Défense etc...) seules les cotisations salariales sont "transparentes" (elles figurent sur les BS). L'Etat verse les retraites de ses agents...par l'impôt: IMPOTS des Français - cotisations des agents = retraites des fonctionnaires.
Et c'est cette contribution de l'Etat qu'on intégre allégrement dans la dette, comme si c'était l'emprunt (la dette) qui devait financer le régime des fonctionnaires. C'est cette "entourloupe" qu'utilise le fameux Beaufret et son suiveur Bayrou!