En Israël, le chef limogé du Shin Bet met en cause Nétanyahou
Dans une déclaration écrite sous serment lundi 21 avril, Ronen Bar accuse le Premier ministre d’avoir exigé de lui une loyauté personnelle et des actions contre les citoyens israéliens impliqués dans les manifestations contre le gouvernement.
Limogé par le gouvernement mais toujours en poste, le chef des services de sécurité intérieure israéliens réplique. Ronen Bar accuse Benyamin Nétanyahou, dans une déclaration écrite sous serment, d’avoir exigé de lui une loyauté personnelle. Il s’agit du dernier épisode de la saga juridico-politique qui oppose le Premier ministre israélien au chef du Shin Bet, dont le limogeage annoncé par le gouvernement a provoqué un tollé dans une grande partie de l’opinion israélienne. Sa mise à l’écart est contestée notamment par l’opposition, qui y voit le signe d’une dérive autocratique du pouvoir, et par la procureure générale de l’Etat.
Dans sa déclaration rédigée ce lundi 21 avril, Bar écrit que, dans le cas d’une crise constitutionnelle, «il était clair» que Nétanyahou s’attendait à ce qu’il lui obéisse plutôt qu’à la Cour suprême. Ronen Bar y rejette aussi fermement les accusations de Nétanyahou et de son entourage selon lesquelles le Shin Bet n’a pas alerté le Premier ministre et les autres services de sécurité à temps lors de l’attaque du 7 octobre 2023. Mais Benyamin Nétanyahou a répété cette accusation ce lundi, estimant que Bar avait «lamentablement échoué» ce jour-là et que «cette raison à elle seule justifie la fin de son mandat».
Vers 3 heures, le 7 octobre 2023, toutes les agences de sécurité avaient reçu une alerte concernant «des préparatifs inhabituels et la possibilité d’intentions offensives de la part du Hamas», selon le Shin Bet. Bar explique notamment comment il s’est rendu au siège des services de sécurité intérieure à 4h30, soit deux heures avant l’attaque du Hamas sur le sol israélien, et a donné des instructions pour que le conseiller militaire du Premier ministre soit informé des événements. «Cette nuit-là, rien n’a été caché à l’appareil sécuritaire ou au Premier ministre», ajoute-t-il.
Des affirmations «remplies de mensonges», selon Nétanyahou
Dans sa déclaration, Ronen Bar indique également que le Premier ministre lui a dit «à plus d’une reprise» qu’il s’attendait à ce que ses services agissent contre les citoyens israéliens impliqués dans des manifestations contre le gouvernement, «avec un accent particulier sur la surveillance des bailleurs de fonds de la contestation». Il confirme également des informations publiées dans les médias selon lesquelles Nétanyahou aurait cherché à obtenir sa signature pour retarder le témoignage du Premier ministre dans son procès pour corruption. Il accuse aussi le Premier ministre de l’avoir «évincé» des négociations sur la libération des otages, estimant que cette décision a mis en péril la suite des discussions sur un cessez-le-feu avec le Hamas.
Le chef du gouvernement a contre-attaqué ce lundi 21 avril dans un communiqué de ses services réfutant des affirmations «remplies de mensonges».
Le 8 avril, la Cour Suprême a confirmé dans un arrêt sa décision initiale de suspendre le limogeage du chef du Shin Bet, après l’examen des cinq recours dont elle avait été saisie. Ronen Bar «continuera à exercer ses fonctions jusqu’à une décision ultérieure», a décidé la Cour. «Je vais annoncer prochainement la date de ma démission», conclut l’intéressé dans le document de 11 pages rendu public ce lundi.
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