Après près de trois ans de négociations ardues, le gouvernement australien et Naval Group signent l'accord de partenariat stratégique, actant définitivement l'acquisition par Canberra de 12 sous-marins.
Source:Les échos.
Il aura fallu près de trois ans de négociations pour graver dans le marbre l'accord franco-australien sur l'acquisition de 12 sous-marins à Naval Group (ex-DCNS). La ministre des Armées, Florence Parly, s'est envolée ce week-end pour l'Australie afin de retrouver son homologue Christopher Pyne pour la signature, ce lundi, de l'accord de partenariat stratégique entre le pays et Naval Group. Un document de 1.400 pages qui scelle définitivement ce gigantesque contrat, évalué lors de son annonce en avril 2016 à 34 milliards d'euros .
Droits de propriété industrielle, responsabilités, clauses de garanties, délais, pénalités, échanges technologiques, préférence australienne, approvisionnement en matières premières : tout a été passé au tamis pour éviter de possibles malentendus au cours des quelque cinquante ans de vie commune qu'ouvre ce contrat de défense, l'un des plus importants de tous les temps. « Les négociations ont été denses et continues, et la ministre les a suivies toutes les semaines de septembre à décembre 2018 », raconte l'entourage de Florence Parly. La France garantit notamment à l'Australie qu'elle soutiendra bien la pérennité industrielle des outils de Naval Group sur le très long terme.
Première tranche de 1,5 milliard d'euros:
Ce cadre stratégique étant posé, il n'y a plus de retour en arrière possible, quels que soient les aléas de la vie politique australienne. Un point important, car dans l'île continentale, le sujet est sensible, propre aux polémiques politiques, notamment en période électorale comme actuellement. Mais les douze sous-marins inspirés du modèle français Barracuda seront bien tous construits en Australie, ce qui devrait à terme créer 3.000 emplois, dont la moitié directement sur le chantier de construction et le reste chez les sous-traitants.
Naval Group s'engage à maximiser la part australienne du contrat, ce qui l'a poussé à identifier quelque 1.100 PME aptes à produire telle ou telle pièce. Au fil du temps, les contrats successifs s'emboîteront dans le contrat chapeau signé aujourd'hui. Le premier d'entre eux concerne le « design contract » et devrait être signé très rapidement. D'un montant de 1,5 milliard d'euros et d'une durée de quatre ans, ce contrat couvrira les travaux d'architecture du sous-marin. Ils se dérouleront essentiellement à Cherbourg, Nantes, Ruelle et Toulon, et devraient mobiliser une équipe de quelque 700 ingénieurs.
Détection acoustique:
Pendant ce temps, l'Australie achèvera à Osborne, au nord d'Adelaïde, la construction, sous la maîtrise d'ouvrage de Naval Group, des installations nécessaires à la construction des futurs sous-marins, la mise en service d'un premier navire étant prévue vers 2032. Ensuite, Naval Group s'est engagé à livrer un sous-marin tous les deux ans jusque dans les années 2050. Lockheed Martin a été sélectionné pour réaliser le système d'armes des submersibles, et Thales garde bon espoir d'être sélectionné cette année pour les sonars.
Pour Naval Group, la signature de cet accord-cadre est un grand motif de fierté. « Il ne s'agit pas seulement de sous-marins mais de donner à l'Australie la supériorité maritime en Asie du Sud-Est », insiste-t-on au sein du groupe. A la différence des Barracuda en cours de construction pour la marine française à Cherbourg, les sous-marins australiens de la classe « Attack » n'auront pas de propulsion nucléaire, mais leurs performances en détection acoustique et leur allonge seront calculées de manière à donner à l'Australie autant que faire ce peut une avance sur son voisin chinois.
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