« Un geste désespéré qui en dit long sur notre précarité actuelle » :Plusieurs centaines d’étudiants se sont réunis mardi matin devant le siège du Crous à Lyon, où l’un d’eux s’est grièvement brûlé en s’immolant vendredi.
Source:Ouest-France.
Touché à 90 %, ce jeune de 22 ans est toujours « entre la vie et la mort » à l’hôpital. En difficulté financière - il avait perdu sa bourse en « triplant » sa deuxième année de licence à l’université Lyon 2 - le jeune homme a expliqué son geste dans un message lu mardi par une camarade.
« Aujourd’hui je vais commettre l’irréparable, si je vise le bâtiment du Crous ce n’est pas par hasard, je vise un lieu politique, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et par extension le gouvernement », indiquait l’étudiant avant de passer à l’acte.
Appel à manifester partout en France:
« Cette année, faisant une troisième L2, je n’avais pas de bourse mais même quand j’en avais, 450 € par mois, est-ce suffisant pour vivre ? », ajoutait-il en reprenant des revendications sur le salaire étudiant et « le salaire à vie, pour qu’on ne perde pas notre vie à la gagner ».
Selon le syndicat Solidaires étudiant qui a appelé à des rassemblements dans une quarantaine de villes, ce geste « extrême » illustre une situation de précarité « commune ». « Nous ne sommes pas à l’abri d’autres tentatives de suicide », a lancé un militant au haut-parleur, « nous exigeons une prise de position publique du ministère ».
« Ce sont des difficultés que connaissent beaucoup d’étudiants […] ç’aurait pu être un autre », renchérit Bastien Pereira Besteiro, enseignant à l’université Lyon 2 et militant du syndicat Sud-Éducation. « Il n’est pas normal d’en arriver à cette extrémité pour pouvoir se faire entendre, les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités ».
150 personnes à Saint-Etienne:
Sophie, étudiante en 3e année de sciences sociales, est venue au rassemblement avec une pancarte, où elle dit avoir été « radiée du Crous car hospitalisée ».
« J’ai eu des gros problèmes de santé l’année dernière, je n’ai pas pu assister à certains examens, à cause de ça j’ai dû redoubler et le Crous m’a coupé les vivres », explique celle qui dit devoir « faire les poubelles pour manger » et « cumuler plusieurs emplois » pour payer son loyer.
Samedi, la présidente de Lyon 2, Nathalie Dompnier, avait indiqué à l’AFP que l’établissement n’avait pas connaissance « de difficultés personnelles » concernant l’étudiant immolé, « très impliqué au sein des instances » de l’université.
À Saint-Étienne, ville dont l’étudiant immolé est originaire, 150 personnes se sont réunies mardi. Un cousin de la victime a salué « son acte héroïque », lançant aux participants : « continuez à vous battre, c’est ce qu’il voudrait. Qu’il n’ait pas fait ça pour rien ».
https://www.ouest-france.fr/societe/fai ... nt-6605047