...............................................Spike Lee, premier président noir du jury du Festival de Cannes...............................................
Le réalisateur de «Malcolm X», défenseur phare de la cause afro-américaine, a été nommé à la tête du prochain Festival de Cannes, qui se déroulera du 12 au 23 mai.
Profitant sans doute de la révélation lundi des films nominés aux oscars où la palme d’or coréenne 2019 de Bong Joon-ho, Parasite, apparaît à six reprises (y compris dans la catégorie reine du «meilleur film») et où le film de Ladj Ly, les Misérables, révélé à Cannes en compétition (avec un prix du jury à la clé) figure dans la liste des «meilleurs films étrangers», Thierry Frémaux annonce ce matin à l’aube que c’est Spike Lee qui sera président du jury de la 73e édition du festival de Cannes qui se déroulera du 12 au 23 mai prochain : «Le regard de Spike Lee est plus que jamais précieux. Cannes est une terre d’accueil naturelle et une caisse de résonance mondiale pour ceux qui [r]éveillent les esprits et questionnent chacun dans ses postures et ses convictions. La personnalité flamboyante de Spike Lee promet beaucoup.»
Défense d’une fierté afro-américaine:
La carrière internationale de Spike Lee a pris son essor sur la Croisette, puisqu’il a 29 ans quand il vient présenter en 1986, à la Quinzaine des réalisateurs, son premier long métrage, la comédie Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (She’s Gotta Have it en VO) qu’il a tournée en douze jours à Brooklyn avec un budget dérisoire. En 1989, Lee redébarque en force et en compétition officielle cette fois avec Do the Right Thing, tableau du quartier de Bedford-Stuyvesant à Brooklyn en pleine canicule estivale où les tensions entre les différents protagonistes s’exacerbent dans un climat de racisme et d’exaspération communautaire.
Le cinéaste tient le rôle de Mookie, livreur de pizza, qui se faufile dans les rues et dans les méandres des relations de voisinage, dévoilant la violence policière et les enjeux fratricides d’un microcosme urbain livré à lui-même. La bande-son, avec en particulier le rap Fight the Power de Public Enemy, contribue encore à propulser le film en manifeste d’un cinéma indépendant américain en plein essor et, pour la première fois à cette échelle, un manifeste de cinéma noir que le visionnaire président du jury Wim Wenders n’aura pas la bonne idée d’inscrire au palmarès, lui préférant un autre petit jeune, Blanc celui-là : Steven Soderbergh qui, avec Sexe, Mensonges et Vidéo, son premier film, remporte la palme d’or (et le prix d’interprétation masculine pour son acteur, James Spader).
Spike Lee, né le 20 mars 1957 à Atlanta, a grandi à Fort Greene (Brooklyn) dans un milieu artistique et intellectuel très engagé dans la défense d’une fierté afro-américaine. Sa mère est prof (elle meurt en 1977), son père musicien de jazz. Il étudie à l’université noire de Morehouse College puis fait la Tisch School of the Arts de Manhattan où il réalise son premier long métrage, Joe’s Bed-Stuy Barbershop : We Cut Heads.
La question noire aux Etats-Unis sera le motif constant d’une œuvre qui s’est construite dans un rapport unique entre fiction et réflexion (Malcom X, Get on the Bus, Summer of Sam et jusqu’au succès de BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan en 2018), recherche des passerelles possibles entre un cinéma engagé et le mainstream rutilant, la personnalité bien trempée et charismatique du cinéaste contribuant par ailleurs à faire vivre une excitation politico-sociale autour du cinéma que la machine à broyer hollywoodienne n’a cessé depuis de marginaliser ou de digérer avec un certain opportunisme âpre au gain, comme on a pu le voir avec Black Panther en 2018, signé par le jeune Ryan Coogler, qui cite par ailleurs souvent Lee comme référence. Lequel a tenu à dire, il est vrai, à quel point à ses yeux il y avait un avant et après Black Panther : «Ce truc a vraiment tout changé, particulièrement pour les gens de couleur.» Du moins pouvait-il mesurer dans ses hommages réciproques intergénérationnels le tardif et timide changement de braquet d’une industrie associée à la domination blanche.
«Première personne de la diaspora africaine»:
«Tout au long de ma vie, les événements heureux me sont arrivés de façon inopinée sans que je m’y attende, écrit Spike Lee dans le communiqué officiel du Festival. Quand on m’a appelé pour devenir président du jury de Cannes en 2020, je n’en suis pas revenu, j’étais à la fois heureux, surpris et fier.
A titre personnel, le Festival de Cannes (outre le fait qu’il soit le plus grand festival de cinéma au monde – sans vouloir offenser qui que ce soit) a eu un impact énorme sur ma carrière de cinéaste. On pourrait même aller jusqu’à dire que Cannes a façonné ma trajectoire dans le cinéma mondial. […] Pour couronner le tout, je suis honoré d’être la première personne de la diaspora africaine (Etats-Unis) à assurer la présidence du jury de Cannes et d’un grand festival.»
Après un Festival 2019 que tout le monde s’est accordé à trouver exceptionnel par le nombre de films importants qui y furent projetés, Thierry Frémaux, délégué général, attaque l’édition 2020 sur des bases solides, et le mouvement de fond de la société qui en appelle à une plus grande diversité (genre, race, identité sexuelle…), déjà marqué l’an passé par un pas en direction d’une meilleure représentation des cinéastes femmes en compétition, se prolonge avec ce choix de Spike Lee qui, pour rationnel qu’il soit au vu du bonhomme, de sa filmographie et de son influence, est d’ores et déjà perçu comme un signe et un symbole politique. Les autres membres du jury seront révélés mi-avril.
Source:Libération.
https://next.liberation.fr/cinema/2020/ ... es_1772931
Aux mains de l'Etat,la force s'appelle Droit....Aux mains de l'individu,elle se nomme le crime....
Si tu m'as pris pour un clown tu t'es trompé de Carnaval...
...La mort avant le déshonneur!