Le projet devrait être présenté par le gouvernement avant les élections municipales du 15 mars.
Source:Le Parisien.Ni ballon d'essai, ni calendrier précis… Prévu pour la première quinzaine de février, le plan de lutte contre le communautarisme se fait toujours attendre. Et pour cause, englobant plus de champs que prévu, il est toujours sur le métier. Même l'appellation n'est pas arrêtée, le terme de « communautarisme » devant vraisemblablement laisser place à celui de « séparatisme ». Et pourtant, l'échéance se rapproche. Car au sommet de l'Etat, on continue de marteler qu'il sera présenté avant les élections municipales du 15 mars, une ultime réunion interministérielle devant permettre de finaliser les mesures. Rien de précis à l'horizon, mais une certitude : en coulisses, « ça continue de mouliner », comme dit un ministre.
En témoigne le déjeuner qui s'est tenu, selon nos informations, en toute discrétion, ce jeudi à l'Elysée. Semblant vouloir chercher l'inspiration à la source, Emmanuel Macron, qui consulte également des responsables associatifs ou intellectuels, notamment des sociologues, avait convié une dizaine de maires pour évoquer les questions de laïcité et de communautarisme. Un rendez-vous pris au dernier moment, auquel ont également assisté les ministres Sébastien Lecornu (Collectivités locales) et Christophe Castaner (Intérieur).
Durant près de trois heures, des élus de gauche comme de droite, venus d'Evry (Essonne), Maubeuge (Nord), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Poissy (Yvelines), Mulhouse (Haut-Rhin) ou encore, éminemment symbolique, de Trèbes (Aude), se sont adonnés à « un exercice de réflexion libre » dixit un participant. Des propositions sont avancées, notamment celle d'une charte de la laïcité, rappelant les règles de réciprocité, les droits et devoirs. Une expression, reprise par Macron lui-même, revient dans la bouche de plusieurs participants : « Retrouver du commun. »
Le plan n'étant pas finalisé, le président ne livre pas ses conclusions à ses invités. Mais ses interventions donnent une idée de leur teneur. « Il a rappelé que la République est une et indivisible, confie l'un de ses invités. Il a été convenu qu'on ne pouvait pas parler de ce sujet en termes de combat, de guerre. Il faut que ça soit les uns avec les autres. »
Agacé par des propositions «trop faibles»:
Tandis que trois réunions interministérielles se sont déjà tenues sous l'égide de Matignon ces dernières semaines, les coulisses bruissent de son insatisfaction. Poussé par certains membres du gouvernement, dont Christophe Castaner ou l'ex-proche de Manuel Valls, Didier Guillaume, à s'emparer puissamment du sujet, le chef de l'Etat « s'est même agacé que les propositions qui lui remontent soient trop faibles », selon un ministre. « Il pense qu'on n'y est pas, que cela ne répond pas forcément à sa commande.
Pour l'instant, c'est très prudent », confie un conseiller de l'exécutif. Un autre tempère, préférant évoquer « son habituelle exigence ». Après la récente série de couacs, la consigne est claire : les mesures doivent être efficaces, mais aussi juridiquement et politiquement viables. Mesures soupesées le 28 janvier lors d'une réunion rassemblant, autour de lui, le chef du gouvernement Edouard Philippe, ainsi que les nombreux ministres.
Ce point d'étape avait été essentiellement consacré à l'organisation des cultes, qui sera finalement intégrée - ce qui n'était pas prévu initialement - au plan présidentiel sur le communautarisme. C'est d'ailleurs l'un des points qui demeure en suspens, toujours sur le métier à Beauvau : Christophe Castaner planche sur la question du financement des lieux de cultes par des pays étrangers ou le contrôle des associations cultuelles. Et lance un nouveau cycle de rencontres avec les responsables religieux. « Ce n'est que par un dialogue institutionnalisé avec le CFCM (Conseil français du culte musulman), que cette stratégie de défense des principes et l'ordre républicain seront cohérents », estime-t-on à l'Elysée.
Un convive du déjeuner organisé ce jeudi a vu un président « convaincu qu'il ne faut plus attendre, ni se louper ». « Il est pleinement conscient qu'il faut s'emparer du sujet, particulièrement dans le contexte des municipales », observe un autre invité. Il le sait : la droite et le RN disposent là un angle d'attaque tout trouvé.
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