latresne a écrit : ↑06 août 2020 15:56
Merci Jabar .
Une autre anecdote de fin mai 44 les alliés venaient bombarder la base sous marine de Bacalan à Bordeaux .Ils sont venus 2 soirs .Le premier ma mère ayant une crise vésicule bilière était restait couchée.Du balcon je commentais à ma mère l'arrivée des bombardiers ,beaucoup de canadiens ,on le voyait à leurs drapeaux sous les ailes ,éclairées par la DCA.Les bombes tombaient faisant le bruit habituel du sifflement et du boom à l'impact .Nous habitions à 2.3 kms à vol d'oiseaux .
Ils reviennnent le lendemain soir mais là ma mère va mieux elle me prend par la main et nous descendons et trouvons assis sur les marches de l'escalier le voisin monsieur BOY.. qui s'adresse à ma mère :
-"Où allez-vous comme ça madame C......?"
-"Je ne veux pas mourir dans ma maison sous les bombes."
-"Mais vous allez peut être en prendre une + loin !"
Réponse pleine de bon sens ,mais elle décide de partir .
Et on s'avance dans cette avenue qui menait à l'époque vers la route de Paris .Nous étions les seuls il devait être 22 hs il faisait trés clair.On fait une centaine de mètres et ma mère s'arrête se baisse en pleine avenue sur le trottoir pour faire un besoin urgent .Elle se relève et on repart et environ 100 mètres + loin ,rebelote ,la mm envie le mm schéma et les bombes qui tombaient tjrs de + en + nbreuses et avec un bruit de + en + effrayants .Enfin elle recommence un 3 ie arrêt pour la mm raison et là je lui dis :
-"Maman ça fait 3 fois que tu t'arrêtes pour faire pipi."
Et elle me répond ,je l'entends encore :
-"Si je le fais c'est que j'ai envie ."
Plein de bon sens ,j'ai appris + tard que la peur peut agir sur la vessie.
Bref on n'arrête notre marche ou alors il fallait attaquer la côte des 4 pavillons .On attend qqs mns je ne sais + combien une vingtaine au -, au milieu d'un vacarne impressionnant surtout pour un gamin de 8 ans .
Et puis + rien les bombardiers font demi tour et nous aussi.
La conclusion c'est le lendemain le voisin qui vient voir ma mère pour lui dire :-"Vous avez été vous mettre en plein en face de la base sous marine.."Pour le coup on s'était bien rapprochée de l'objectif allié ,alors qu'on croyait s'en éloigner. Cette base était située de l'autre côté de la Garonne ...Faut dire qu'à l'époque les" frappes chirurgicales" n'existaient pas.On a eu beaucoup de chance .Les seuls "inconscients " à marcher vers les bombes.
Bref c'était notre jour de chance .
Ma mère ayant été elle aussi torturée par la gestapo ,elle n'a jamais voulu me dire ce qui s'était passé .Elle est revenue dans un piteux état 2 mois aprés son incarcération car elle n'était pas au courant des activités de mon père.Je la revois encore ouvrir la portede la maison .Un de mes + beaux souvenirs .J'avais perdu d'un coup mon père et ma mère et je la retrouvais .Le bonheur pour un enfant dans cette galère.
Voilà pour toi Jabar et merci ,mais ça remue .
Souvent mes enfants me disent :"Avec toi papa il ne faut jamais se plaindre .C'est vrai ,je regrette.