CrazyMan a écrit : ↑30 décembre 2020 17:05Mais la question de la classe sociale est importante.jabar a écrit : ↑30 décembre 2020 16:18 Personne ne parle de classe ni de plèbe. L'accès à l'information est facile. Ce forum est noyé sous les copiés-collés d'articles, de liens, de vidéos etc. S'il y a un problème, c'est plutôt la surabondance d'information. Ce qui leur permet de s'improviser généticiens, ingénieurs civils ou médecins en fonction de la discussion.
Ce n'est pas une histoire de petites gens contre les méchants puissants. Ni de choses qu'on leur dissimule puisqu'ils préfèreront toujours les théories obscures face à l'éclat de la vérité (leur déni par exemple de la défaite de Trump ou le déni de l'existence d'une pandémie qui tue jusqu'à leur porte).
C'est un état d'esprit, une nature chez certains. Les conspirationnistes fonctionnent d'ailleurs en bloc, c'est à dire qu'ils acceptent et intériorisent toutes les conspirations du moment sans aucun sens critique. Ce n'est pas l'individu lambda circonspect envers tel ou tel fait, ce qui est naturel. Non, ils trimballent tous la même valise contenant la liste de délires en vogue. Ils sont perméables à ingurgiter l'information sans savoir d'où elle vient ni comment elle est produite (d'où leur goût pour les réseaux sociaux et les hoax).
Ce n'est pas une question sociale ou de rapport de force, cela relève plutôt de la psychologie et, mais là c'est juste une hypothèse que je pense: d'un manque d'éducation dans les disciplines exigeant et développant sens de la critique et recul, maths et science.
On est pas dans la simple critique des médias, les conspis sont dans le rejet du réel. Et leur principe qui consiste à tout rejeter est le moteur de la propagande moderne. Car cela les jette dans les bras des dérangés du net ou de réseaux plus puissants qui prennent dans leur esprit plus d'importance que le vrai journalisme d'investigation et la vraie littérature scientifique. Parce que comme je disais, ils ne font pas dans la demi-mesure, puisque tout est faux, autant vivre dans une réalité parallèle.
La méfiance envers le journalisme se situe dans le même mouvement que la perte de confiance envers les politiques et, plus globalement, les élites. Le "manque d'éducation", qui est selon toi une explication possible, est clairement un marqueur social par exemple.
On peut effectivement parler de surabondance mais cela ne mène pas nécessairement à un accès "facile" à l'information. Tu parles des réseaux sociaux comme d'une chose monstrueuse. En l'occurrence, Twitter par exemple est un média très utilisé par les journalistes, certaines nouvelles tombent sur Twitter avant d'être dépêchées par l'AFP ! Facebook est un réseau complaisant avec soi-même, dans le sens où les algorithmes vous orienterons vers vos préférences et ce que vous consultez, du coup une personne de droite lira principalement des informations de droite, idem pour un gauchiste ou pour un conspirationniste etc...
L'information "fiable et pertinente" n'est pas forcément la plus accessible. Hors le problème de sa définition, l'information pertinente est perdue sous le flux d'informations inintéressantes. Comment y voir clair ? Comment ne pas être méfiant envers un système si opaque et élitiste ? Il suffit de mêler cela à de la précarité et de la colère pour aller vers les théories conspirationnistes.
Lorsqu'un état d'esprit (en l'occurrence le conspirationnisme) se propage pouvons-nous parler de causes purement psychologiques ?
Ce n'est pas le fait d'un ou deux débiles du trou du cul de la Creuse dont on parle mais de mouvements plus gros.
C'est assez simple et l'histoire l'aura prouvé à plusieurs reprises, les inégalités grandissantes et la défiance envers les élites (tout à fait justifiée) emmènent les populations sur des territoires dangereux, ceux du racisme, du repli nationaliste, des réactionnaires et aussi sans doute du conspirationnisme.
Après où commence le conspirationnisme ? Pouvons-nous toujours crier au conspirationnisme avec certitude ?
Je pense par exemple au groupe Bilderberg ou au Diner du Siècle où des personnes influentes se retrouvent entre elles pour discuter à l'abri des regards (et des oreilles populaires).
Est-ce conspirationniste de présumer qu'il y a du "trafic d'influence" ? Qui pourrait aller de "mon neveu cherche un stage dans un cabinet ministériel, est-ce que tu pourrait me trouver ça ?" à des propos beaucoup plus important et antidémocratiques.
Il faut davantage de transparence, moins d'inégalités et un système politique en adéquation avec la population qu'il est sensé représenter.
Il y a des études sur le sujet, l'air de rien, et il s'agirait bien d'un trait psychologique. Parce que des conspis qui répandent des théories débiles, il y en a des médecins, des poliques ou autres "hauts-gradés".
Le conspirationnisme, c'est cette incapacité d'évaluer la qualité de l'information et de s'entretenir dans une illusion de savoir.
Les vrais conspirations, car personne ne nient qu'elles existent, ne sont pas drôles. C'est la collusion politique qui permet à une société de polluer. C'est le rôle des états dans l'assassinat de civils. C'est l'église couvrant la pédophilie etc.
La vraie conspiration n'est pas excitante, elles nous laissent impuissants. Elles n'intéressent pas les conspis car une conspiration sérieuse exige une information sérieuse (ce qu'ils ont déjà disqualifié), puis elle ne les ferait pas passer pour des héros, elle ne les distinguerait pas. Car c'est l'égo qui est le moteur du conspi. Une vraie conspiration est difficile, complexe, elle exige une attention que le conspi n'a pas. Lui fonctionne à la sentence, au tweet, à la formule facile et sensationnaliste. Il est raillé, moqué, et ça le conforte encore plus dans son plaisir à se sentir différent.
Un conspi prend tout, il n'a pas de filtre critique, c'est ce qui le distingue de l'individu normal ayant la capacité de circonspection. Parce qu'entre soupçonner que tel jugement de justice a été influencé, ou que telle société n'aurait jamais du gagner ce contrat, c'est très différent que de croire que nous sommes dirigés par des pédo-satanistes voulant nous vacciner pour nous tracer à la 5G. Ce n'est pas social, ou un truc de classe, c'est la caboche le problème.