Ce que je veux
Ce que je veux, sur le coteau,
C'est, lorsque Mai vient nous sourire,
Une cabane qui se mire
Dans le miroir clair d'un ruisseau ;
C'est un nid perdu sous les branches,
Ou ne conduise aucun chemin,
Un nid qui n'ait d'autre voisin
Que le nid des colombes blanches.
Ce que je veux, à l'horizon,
C'est, au pied d'une roche grise,
Un bouquet de pins dont la brise
Le soir apporte la chanson ;
C'est une suite de vallées,
Où les rivières, dans leurs jeux,
Errent d'un pas capricieux,
Blanches sous les vertes feuillées ;
Où les vieux oliviers songeurs
Courbent leurs têtes grisonnantes ;
Où les vignes, folles amantes,
Grimpent gaîment sur les hauteurs.
Ce que je veux, pour mon royaume,
C'est à ma porte un frais sentier,
Berceau formé d'un églantier
Et long comme trois brins de chaume ;
Un tapis de mousse odorant,
Semé de thym et de lavande,
Seigneurie à peine aussi grande
Que le jardinet d'un enfant.
Ce que je veux, dans ma retraite,
Créant un peuple à mon désert,
C'est voir, sous le feuillage vert,
Flotter mes rêves de poète.
Mais, avant tout, ce que je veux,
Sans quoi j'abdique et me retire,
Ce que je veux, dans mon empire,
C'est une reine aux blonds cheveux ;
Reine d'amour à la voix douée,
Au front pensif, aux yeux noyés,
Et dont les mignons petits pieds
Ne fanent pas mes brins de mousse.
Emile Zola
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:32, modifié 1 fois.
Une vie à pas comptés
Une vie entière passée en murmures
En une infinité de légers soubresauts
En peu de paroles en moindres gestes
Au milieu de hordes criardes et déchaînées
Une vie repliée sur quelques visages aimés
Sur une paupière qui bat et se ferment à minuit
Comme une persienne de bois usée
Une vie lente aux roues brisées.
Roland Giguère
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:31, modifié 1 fois.
Rouvrir les anciennes fenêtres
ou bien
rentrer toujours avant l'aurore
ou bien
imiter tant qu'on peut le grincement des portes
ou bien
prier chaque soir devant le hublot
ou bien piéger le nuage dans le carré de la lucarne
ou bien
revenir sur ses pas.
Alexandre Voisard
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:31, modifié 1 fois.
J'étais en train hélas de me tordre de rire,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
lorsqu'apparut soudain la femme dans ma vie,
dans ma vie éphémère, intime par surcroît.
Ne sachant plus du tout quoi dire ou ne pas dire,
j'en riai de plus belle : elle en fut ébahie.
Nous étions devenus deux clowns inséparables,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
lorsqu'apparut soudain une ombre dans ma vie,
notre vie éphémère, intime par surcroît.
N'ayant jamais été qu'un enfant vulnérable,
j'en riai de plus belle: elle en fut ébahie.
Comme on prend et remet une fleur dans un vase,
sans honte ni plaisir et sans savoir pourquoi,
depuis cet inconnu s'amuse avec nos vies,
notre vie éphémère, intime par surcroît.
Un théâtre est mon coeur, les ombres sont chinoises,
le pardon est le seul pleur de ma fantaisie.
Giani Esposito
Modifié en dernier par constance le 15 octobre 2008 16:39, modifié 1 fois.
"disons que la chine est un pays particulier,c'est sur,tout le monde a du travail,et ceux qui ne savent rien faire au lieu d'attendre que ça passe balayent les autoroutes.
on ne sait pas trop à quoi ca sert,mais au moins,ils travaillent."
C'est purement et simplement merveilleux ! :content115
"disons que la chine est un pays particulier,c'est sur,tout le monde a du travail,et ceux qui ne savent rien faire au lieu d'attendre que ça passe balayent les autoroutes.
on ne sait pas trop à quoi ca sert,mais au moins,ils travaillent."
ou de si peu de gesn Constance, ou de si peu de gens...
"disons que la chine est un pays particulier,c'est sur,tout le monde a du travail,et ceux qui ne savent rien faire au lieu d'attendre que ça passe balayent les autoroutes.
on ne sait pas trop à quoi ca sert,mais au moins,ils travaillent."
Leur plaisir coupable vient de connaître
Son assouvissement.
Ils se sont levés du lit,
Et s’habillent à la hâte, sans parler.
Ils sortent de la maison l’un après l’autre, furtivement ;
et comme ils marchent avec une certaine inquiétude dans la rue,
on dirait qu’ils redoutent que quelque chose sur eux ne trahisse
à quel genre d’amour ils viennent de céder.
Mais la vie de l’artiste n’a eu qu’à y gagner.
Demain, après-demain, ou des années plus tard,
S’écriront les poèmes brûlants dont l’origine était ici.
Peut-être ne reverrons-nous plus jamais ce poète cité ci-dessous...
Cycle de DdAaRrKkNnEsSsS
selon Mistrophera Storofeer.
Le Verbe.
La Chair.
Les Cieux.
Les Cieux
Ouvrez portails, libérez-moi;
Jetez-moi dans le vaste espace
De l'éternelle clarté cyan
-Ô Liberté nette, parfaite!
Permettez à ma triste face
De jouir des vivifiants courants,
Et, où que j'aille, laissez-moi.
Si les Anges des hauteurs chassent
Mon corps sans grands ailerons blancs,
Et si celui-ci déchoit
Comme un rêve ou une comète,
Le téméraire, fol enfant
Qui me gouverne en tant que Roi
Voudra finir sans une trace.
Il dira:
"Poussez-moi au plus loin, poussez-moi hors du Temps
Je veux être une flèche portée par le vent
Un rêve, une comète, un météore ardent
Un oiseau pour les fous, un fou pour les oiseaux
Je veux étinceler dans les cieux, je veux
Eclipser l'astre diurne et périr comme Icare,
Me consumer vivement, briller comme un phare
Eclater dans la plus flamboyante des gloires."
Ne me rattrapez pas, amis,
Lancez-moi, afin que s'envole
Le fol enfant de mes manies,
-Cet Enthousiasme frivole!
Les Cieux
D'entre les hauts Cieux je perçois l'existence
D'êtres faibles à mon Être semblables, frères
Oubliés depuis le début de cette ère
De félicité impériale et de pouvoirs immenses.
Mon c?ur a souhaité me garder d'une peine
Inutile à l'évolution de ma pensée,
Et à l'éveil de ma puissance souveraine
Que craindront les héros et les créatures du passé.
Il y a d'autres monstres parmi vous, antiques
Frères dégénérés, qui seront comme moi,
Purs, forts, effrayants; attirés vers les Cieux,
Quand aura tout là-haut résonné la Musique,
Ils dévoileront leurs ailes, malsaine joie
De heurter les faibles yeux pieux en défiant Dieu.
La Chair
Je suis l'essence de toute âme, et l'âme
De tout esprit. Je suis l'être fantomatique
Au destin tragique.
Je désire, comme l'on désire une femme,
Le toucher, la douleur, le sang, les sensations
Et la perception.
Ces joies du corps dont on me prive
Je les obtiendrai aujourd'hui.
Pour eux, je serai tel un puits,
Eux, vivants aux pensées chétives.
Les Cieux (pièce chantante, je vous laisse deviner avec quoi je l'ai rédigée)
Dis-moi,
Que vois-tu donc dans le ciel?
Est-ce un navire volant qui appareille?
Est-ce un enfant joyeux qui t'appelle?
Dis-moi,
Qu'entends-tu dans les cieux
Que ne puissent voir tes yeux?
Est-ce le chant d'un oiseau mystérieux?
Ou la voix d'un ange, sans pareille?
Il y a de belles choses, par-delà les monts.
La paix, la fraîcheur d'un autre monde
A découvrir en allant où les oies sauvages vont
La douceur, la clarté d'une impalpable onde
Dansons! Dansons, avec les êtres du ciel!
Chantons, buvons de ce soleil tout de miel!
Dis-moi,
Que vois-tu dans le ciel?
Un parent disparu, qui te regarde, bienveillant?
La réminiscence d'une entrevue d'un autre temps?
Il y a de belles choses à voir, au plus haut des cieux.
Dis-moi,
Que veux-tu donc de ce ciel
Qui observe sans même ouvrir les yeux?
De tout ce bleu, attends-tu une réponse, impatiemment?
Sois plutôt heureux, et danse et chante comme un enfant!
Il est de belles choses, parmi et par-delà les nuages.
Le vent, la brise fraîche, puis glaciale?
Ces sons, ces sensations subreptices, et ces mirages,
Ces cités, ces demeures impériales!
(....)
La Chair
Approche donc, soyons amis
Toi et moi sommes si semblables
Que nous pourrions discuter
Des heures durant.
(Cherches-tu en moi ce qui te
Manque, ou fuis-tu juste la foule?)
Viens plus près, je veux te voir,
N'aie pas peur de me décevoir
- La clarté douceâtre du soir
Montre l'être sous son vrai jour.
Approche donc, ombre qui luit
Apaisons nos soifs insatiables,
Au moins le temps d'un rêve, né
Et mort nuitamment.
(Veux-tu exister à mes yeux,
Nier le rythme de la houle?)
Près, tout près, dans une innocence
De cristal, un calme silence
Très pâle, drapé de patience,
Approche, faible et tendre amour.
Viens, je veux frôler ton esprit,
Sonder ton âme, abondant sable,
Explorer tes yeux, les fermer
Eternellement
Et goûter ton sang
Dévorer ta passion
Passionnément
Boire tes cris sans son
Silencieusement
Et me construire, me faire,
Pour cimenter mes cicatrices,
De ton être, et de ta Chair
Mystérieuse, -tentatrice!
(...)
Les Cieux
I
O Dieu! O Diable! O Humanité! O Nature!
Ecoutez mon sombre sanglot désespéré!
Je fus le témoin de ce qu'un ?il, même impur
Ne devrait jamais contempler, ô grand jamais!
O dieux, diables, humains, arbres, entendez mon v?u pieux!
Que je meure, que je succombe en cet instant,
Plutôt que respirer plus longtemps l'air de Cieux
Desquels surgissent pareils monstres incandescents!
II
Ce que j'ai vu, ô divinités rachitiques,
N'est pas fait à votre mesure;
Ce que j'ai vu, c'est le Mal, l'Immense, l'Unique,
Qui fait de l'Espace sa parure!
III
Dieux, démons, il faudrait que je meure en l'instant
Si je devenais un hérétique, un dément,
Si je prêtais allégeance à pareil seigneur
Et de Son image emplissais mon étroit c?ur,
Si je m'agenouillais sous Son Ombre, Son Aile,
Et louais Sa Lumière Sempiternelle
Et répétais Son Grand Nom, comme dans une transe,
En d'ardentes fièvres, comme dans une transe?!
Et tordant souplement
Les poignets de ses mains fines
Devant son miroir
Elle croyait sourire
Et danser
Mais sa bouche ne sait plus
Que crier ou se taire
Et la poussière soulevée
A chaque pas de valse
Est du soufre émietté
Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"
Tu me proposes, fenêtre étrange, d'attendre ;
déjà presque bouge ton rideau beige.
Devrais-je, ô fenêtre, à ton invite me rendre ?
Ou me défendre, fenêtre ? Qui attendrais-je ?
Ne suis-je intact, avec cette vie qui écoute,
avec ce coeur tout plein que la perte complète ?
Avec cette route qui passe devant, et le doute
que tu puisses donner ce trop dont le rêve m'arrête ?