Il a ainsi emboîté le pas à la Grande-Bretagne, l'ex-puissance coloniale, dont Robert Mugabe est depuis plusieurs années la bête noire.
Samedi, le Premier ministre britannique Gordon Brown avait déjà affirmé que la communauté internationale devait se rassembler pour dire ensemble à Robert Mugabe que "trop, c'est trop".
Lundi, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, son ministre des Affaires étrangères, David Miliband, a estimé que "les effets meurtriers du régime de Mugabe sont de plus en plus clairs pour tout le monde" et appelé à poursuivre "deux voies" : renforcement de l'aide humanitaire à la population d'une part et pressions politiques sur le régime d'autre part.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice avait elle aussi appelé vendredi Mugabe à abandonner le pouvoir.
Le durcissement de la position française pourrait s'accompagner d'un durcissement de la position européenne dans son ensemble, restée jusqu'ici en retrait par rapport à la position britannique.
Gordon Brown avait été le seul chef d'Etat européen à boycotter en décembre 2007 le sommet entre l'Union européenne et l'Afrique, en raison de la présence de Mugabe.
Le diplomate en chef de l'UE Javier Solana a déjà signalé une évolution lundi matin en estimant "le moment venu d'exercer une pression maximale sur Mugabe pour qu'il s'en aille".
Mais le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn a souligné que l'UE était "trop loin du Zimbabwe et de Mugabe pour faire pression". Et qu'il fallait que "l'Afrique du sud", pays au poids prédominant dans l'organisation régionale du sud du continent africain, la SADC, "réagisse".
En attendant de trouver le meilleur moyen de faire pression, les pays de l'UE devaient lundi allonger la liste de personnalités du régime interdites d'entrée dans l'UE.
Dix noms de personnes "ayant participé à des violences ou des violations de droits de l'homme" devaient être ajoutés à la liste d'interdictions individuelles qui en compte déjà 168, dont le président Mugabe et sa femme Grace.
Mais Javier Solana a reconnu qu'il ne s'agissait que d'une mini-mesure.
"Tout ce qui devait être fait en cette matière a déjà été fait, certes on peut ajouter quelques personnes à la liste, mais l'important maintenant c'est la pression politique et je pense qu'elle est en train de monter", a-t-il indiqué.
Les Européens avaient averti le Zimbabwe dès la mi-octobre que si l'accord de partage de pouvoir signé le 15 septembre entre M. Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) de Morgan Tsvangirai n'était pas mis en oeuvre -- ce qui est le cas -- ils durciraient leurs sanctions.
Les Européens n'ont cependant jamais coupé leur aide humanitaire.
La Commission européenne a fourni 90 millions d'euros d'aide humanitaire en 2007. La Grande-Bretagne a annoncé 10 millions de livres (11,5 millions d'euros) d'aide supplémentaire pour faire face au choléra, tandis que la France a annoncé une "première aide" de 200.000 euros.