les poètes que nous aimons ....
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Re: les poètes que nous aimons ....
Merci beaucoup! :oops:
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Re: les poètes que nous aimons ....
pourquoi les clowns m'ont-ils toujours fait pleurer :roll:
Contente, Constance de te relire
Contente, Constance de te relire
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Re: les poètes que nous aimons ....
Hello ! Mum ...
Le cœur tournant
Il ne faut pas aller plus loin
Les bijoux sont pris dans la lyre
Les papillons noirs du délire
Remuent sans y penser la cendre du couchant
A peine revenu des voyages amers
Autour des coeurs jetés au fond des devantures
Sur l'avant-scène des prairies et des pâtures
Comme des coquillages nus devant la mer
A peine remué par l'amour de la vie
Des regards qui se nouent aux miens
Des visages sans nom des souvenirs anciens
Diamants de l'amour qui flottent sur la lie
Pour aller chercher au fond dans la vase
Le secret émouvant du sang de mon malheur
Il faut plonger la main aux racines du coeur
Et mes doigts maladroits brisent les bords du vase
Le sang qui jette sur tes yeux ce lourd rideau
L'émotion inconnue qui fait trembler ta lèvre
Et ce froid trop cruel qui emporte ta fièvre
Froisse dans tous les coins le linon de ta peau
Je t'aime sans jamais t'avoir vue que dans l'ombre
Dans la nuit de mon rêve où seul je peux y voir
Je t'aime et tu n'es pas encore sortie du nombre
Forme mystérieuse qui bouge dans le soir
Car ce que j'aime au fond c'est ce qui passe
Une fois seulement sur ce miroir sans tain
Qui déchire mon coeur et meurt à la surface
Du ciel fermé devant mon désir qui s'éteint.
Pierre Reverdy
Le cœur tournant
Il ne faut pas aller plus loin
Les bijoux sont pris dans la lyre
Les papillons noirs du délire
Remuent sans y penser la cendre du couchant
A peine revenu des voyages amers
Autour des coeurs jetés au fond des devantures
Sur l'avant-scène des prairies et des pâtures
Comme des coquillages nus devant la mer
A peine remué par l'amour de la vie
Des regards qui se nouent aux miens
Des visages sans nom des souvenirs anciens
Diamants de l'amour qui flottent sur la lie
Pour aller chercher au fond dans la vase
Le secret émouvant du sang de mon malheur
Il faut plonger la main aux racines du coeur
Et mes doigts maladroits brisent les bords du vase
Le sang qui jette sur tes yeux ce lourd rideau
L'émotion inconnue qui fait trembler ta lèvre
Et ce froid trop cruel qui emporte ta fièvre
Froisse dans tous les coins le linon de ta peau
Je t'aime sans jamais t'avoir vue que dans l'ombre
Dans la nuit de mon rêve où seul je peux y voir
Je t'aime et tu n'es pas encore sortie du nombre
Forme mystérieuse qui bouge dans le soir
Car ce que j'aime au fond c'est ce qui passe
Une fois seulement sur ce miroir sans tain
Qui déchire mon coeur et meurt à la surface
Du ciel fermé devant mon désir qui s'éteint.
Pierre Reverdy
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Re: les poètes que nous aimons ....
Je nous vois tous deux unis, marchant du même pas, vivant de la même pensée;
toujours au coeur l'un de l'autre, nous comprenant,
nous entendant comme l'écho reçoit et redit les sons à travers les espaces.
Peut-on vivre longtemps en dévorant ainsi sa vie à toute heure ?
Ne mourrons-nous pas dans le premier embrassement ?
...
Et que sera-ce donc, si déjà nos âmes se confondaient dans ce doux baiser du soir,
qui nous enlevait nos forces ; ce baiser sans durée, dénouement de tous mes désirs,
interprète impuissant de tant de prières échappées à mon âme pendant nos heures de séparation,
et cachées au fond de mon coeur comme des remords ?
Balzac (Louis Lambert)
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Re: les poètes que nous aimons ....
Il y a un terrible gris de pousssière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier
Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme des
brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles
Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées
Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps.
Pierre Reverdy (Sources du vent)
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier
Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme des
brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles
Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées
Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps.
Pierre Reverdy (Sources du vent)
- mum401
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Re: les poètes que nous aimons ....
mum401 a écrit : coucou Constance. C'est pas joyeux joyeux ton poëme
Coucou, Mum ... alors un poème plus serein ?
Le souffle de lumière, le tremblement concentré
qui émane de certaines rencontres
contredit parfois sa propre brièveté
et s'étend comme une lente alchimie
sur tout le reste de la vie.
Posséder ainsi pour toujours
quelque chose que l'on n'eut jamais
et que l'on n'aura jamais,
change la condition de l'homme,
modifie ses limites.
Les mains se touchent parfois
et parfois n'y parviennent pas.
Mais les yeux se touchent
ou quelque chose qui est derrière les yeux.
Mais posséder ainsi, toucher ainsi,
réduit encore un coin d'éternité
et le fait tenir dans la cellule que nous occupons.
C'est peut-être là qu'est la sagesse de l'amour,
sauvée des incendies qui le dévastent.
Roberto Juarroz
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Re: les poètes que nous aimons ....
Je ne sais quel nom lui donner dans mes rêves
Je rencontrai cette forme devant la mienne
A l'heure du crépuscule,
Quand les disparitions
Confondent pour les yeux les couleurs,
Quand le dernier amour
Cherche l'ultime corps.
Une angoisse sans fond
hurlait entre les pierres ;
En route vers l'air, des hommes sourds,
Tête oubliée,
Passaient au loin, libres ou morts ;
Honteux cortège de fantômes
Et leurs chaînes brisées
qui pendaient à leurs mains.
Alors la vie posa une lampe
Sur des murs sanglants;
Le jour déjà fatigué
séchait tristement
Les futures aurores, rapiécées
Comme loques de roi.
La lampe c'était toi,
Mes lèvres, mon sourire,
Forme que trouvent mes mains
dans tout ce qu'elles touchent.
Si mes yeux se ferment
c'est pour te trouver en rêve,
Derrière la tête,
Derrière le monde asservi,
Dans ce pays perdu
Que sans le savoir
nous avons quitté un jour.
Luis Cernuda
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Re: les poètes que nous aimons ....
Vers le matin des cerises
Plus jamais je ne détournerai les yeux
vers un vol de pigeons
quand quelque part on battra
un enfant devant sa mère
quand on lèvera les armes
contre la rumeur adolescente
répandue à travers les rues
pour crier ce que d'autres pensent
quand on fusillera un peuple
dans un tonnerre de bouches
et de poitrines innocentes
quand on mentira dans les journaux
plus jamais je n'aimerai la poésie poétique
tant qu'il y aura une lumière incarcérée
tant qu'il y aura un nouveau-né affamé
déjà rattrapé par les canines du néant
malgré les pleurs de la mère
malgré les hurlements du père
malgré les oiseaux et le ciel
et la graine chantant sous l'argile amoureuse
plus jamais je ne pourrai regarder en face
ceux qui vont les yeux bandés
à travers l'époque cruelle
rachetée par le sang de ceux qui luttent
et parfois loin de tous et de tout calmement meurent
André Laude
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Re: les poètes que nous aimons ....
Je ne suis pas le pilote
de ce bateau que les aubes
ont lavé à grande eau
Et les soirs, je n'ai pas
le droit de commander aux houles
ni mettre de côté
une peu d'écume pour mes vieux jours.
Toutes ces autres écumes, les mouettes,
obéissent à d'autres regards.
Je n'ai pas,
voyageur toléré sur le pont, en partage
avec vous, que le droit d'être jeté dessus
le bord, à l'achevé du cycle.
De ce droit ce n'est pas mon dessein d'user.
Je vous respecte marins et vous pilote,
je vous serre la main, commandant.
Sur ce pont vous êtes tous chez vous.
Oui, mais moi-même je ne suis pas d'ici
et me laisse laver par les aubes.
Je triche.
Je ne partage pas votre vie.
Ma sueur ne se joint pas à votre travail.
Mon visage est loin.
Oui, mais le soir sous la lampe
j'exprime le jus de la journée
sous mon pressoir.
Le temps est fini.
On commence un autre voyage.
Mais là nous voyageons ensemble
dans un poème dont je suis le pilote
en un temps, en un temps
où il n'y a pas de temps.
Benjamin Fondane
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Re: les poètes que nous aimons ....
Couvre-feu
Un coin au bout du monde où l'on est à l'abri
Les colonnes du soir se tendent
Et la porte s'ouvre à la nuit
Une seule lampe qui veille
Au fond il y a une merveille
Des têtes qu'on ne connaît pas
Au mur des plans qui se ressemblent
Ma figure plus effacée
Entre nous deux l'air chaud qui tremble
Un souvenir détérioré
Entre les quatre murs qui craquent
Personne ne parle
Le feu s'éteint sous la fumée
Pierre Reverdy
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Re: les poètes que nous aimons ....
Peut-être
Mais peut être
Ne reste t'il
Au temps caméléon
Plus de couleurs ?
Encore un sursaut
Et il retombera,
Sans souffle et rigide.
Peut être ...
Enivrée de fumées et de combats,
La terre ne relèvera t'elle jamais la tête ?
Peut être ...
Un jour ou l'autre,
Le marais des pensées se fera cristal
Un jour ou l'autre,
La terre verra le pourpre qui jaillit des corps,
Au-dessus des cheveux cabrés d'épouvante
Elle tordra ses bras, gémissante
Peut être ...
Vladimir Maïakovski