«Sorti de son contexte»
Dans un communiqué de presse, le ministère de l'Intérieur «dénonce une vaine et ridicule tentative de polémique». Il donne une autre interprétation de la phrase prononcée par Brice Hortefeux («quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes»), qui ferait en réalité «référence aux très nombreux clichés qu'il venait de prendre avec la délégation auvergnate». Le ministère précise que «pas un seul mot de Brice Hortefeux ne fait référence à une origine ethnique supposée d'un jeune militant».
Sur RTL, Brice Hortefeux s'est justifié, allant dans le même sens que le communiqué: «Il y a dans ma bouche aucune référence à une origine ethnique, maghrébine ou arabe», précise-t-il. «Dans une Université d'été, on prend énormément de photos, et je me dirigeais vers la sortie, lorsqu'après avoir pris beaucoup de photos, notamment avec la délégation auvergnate, un jeune m'arrête et me demande une photo. Quelqu'un dans le public fait des commentaires disant que l'Auvergne était très pressante puisque je venais de prendre des photos avec la délégation». Selon lui, les propos incriminés concerneraient donc «les Auvergnats». Brice Hortefeux précise ensuite «certains cherchent parfois la polémique à tout prix».
«Ça a été entièrement sorti du contexte, indique également Amin, cité par Lemonde.fr. Mon secrétaire départemental blaguait avec le ministre parce qu'il parle auvergnat et c'est de là que c'est parti.» «Je suis Arabe mais il m'a tout à fait respecté, continue-t-il, ce n'était pas du tout mal placé. Et je ne considère pas que c'est un dérapage.»
Réactions à gauche, rien à droite
A gauche, les réactions ne se sont pas faites attendre. Sur Twitter, Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë réagit par exemple en détournant les propos du ministre: «Ma réaction aux propos inadmissibles du Ministre de l'Intérieur: "Des Hortefeux, au premier, les problèmes commencent".»
Pas de réaction en revanche du cabinet de Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée, qui était présent au moment où cette vidéo a été tournée. Sur son profil Facebook, Alexandre Coutant, ancien responsable du pôle Web de la campagne européenne UMP, a posté le lien vers la vidéo sur son profil, sans y ajouter de commentaire. De même, le service de presse des Jeunes Populaires, joint par 20minutes.fr indique que Benjamin Lancar, leur chef de file, ne souhaite pas communiquer sur le sujet.
Pas le premier dérapage
De son côté, Le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) a immédiatement réclamé la démission du ministre de l'Intérieur. «Ce comportement et ces propos sont indignes d’un ministre de la République. Monsieur Hortefeux ne doit pouvoir s’en tirer avec de simples excuses. Il doit remettre sa démission», affirme le MJS sur son site Internet, demandant également des explications à Jean-François Copé, «témoin et acteur de la scène».
Ce n'est pas la première fois que Brice Hortefeux dérape. En présentant, jeudi 15 janvier, Fadela Amara, devenue sa nouvelle collaboratrice à l'occasion d'un mini-remaniement gouvernemental, Brice Hortefeux s'est senti obligé de «préciser» que celle-ci était une «compatriote», ce qui, selon lui, «n'est pas forcément évident». Voilà donc une nouvelle vidéo polémique du ministre, qui affirmait, dans un article publiée ce jeudi dans Le Figaro, au sujet de la vidéosurveillance «si vous n'avez rien à vous reprocher, vous n'avez pas à avoir peur d'être filmé.»
Certains soulignent également un timing particulièrement inopportun en évoquant la mise à la retraite forcée du préfet Girot de Langlade, soupçonné d'avoir tenu des propos racistes. Revenant sur cet épisode, l'association Les Indivisibles, qui lutte contre les discriminations, réclame la «mise en retraite anticipée» du ministre. «Par modestie probablement, il n’a jamais fait état de ses propres propos. Pourtant l’actuel ministre de l’Intérieur s’est souvent illustré par des allégations empreintes de lourds préjugés. Puisque Brice Hortefeux n’ose pas proposer sa démission, nous Les Indivisibles réclamons au nom de l’égalité que tous les représentants de l’Etat soient traités de manière équivalente», écrivent-ils.