L'absence de définition juridique
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Le terme "secte" n'existe pas juridiquement. En raison du principe de laïcité, mentionné dans la Constitution française, l'Etat n'a pas le droit de définir ce qu'est une religion, une secte ou un mouvement religieux.
Par la loi de 1905, le droit s'attache seulement à réglementer les associations et les congrégations religieuses en reconnaissant les associations cultuelles formées pour l'exercice d'un culte. Mais de nombreux mouvements sectaires ont renoncé à demander leur reconnaissance en tant qu'association cultuelle en raison des démarches et du contrôle administratif qui en aurait été la conséquence.
En l'absence de définition officielle, l'Etat ne s'attaque pas à l'existence des mouvements sectaires mais à certaines de leurs pratiques. La première Commission parlementaire sur les sectes, en 1995, a d'ailleurs défini une liste des dérives sectaires.
Les caractéristiques d'un mouvement sectaire
La commission recense 9 dérives sectaires, caractérisant un mouvement sectaire.
- la déstabilisation mentale : Elle se caractérise par la domination psychologique du groupe sur l'adepte, qui peut être assimilée à du harcèlement moral. Le culte d'un gourou peut traduire cette emprise psychologique.
- des exigences financières exorbitantes : Les adeptes doivent s'acquitter de contributions, de formations onéreuses, dont les montants sont souvent établis en fonction du revenu.
- la rupture avec l'environnement d'origine : Le groupe devient le centre de toutes les décisions. Souvent, il favorise la rupture avec la famille et les amis de l'adepte.
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- l'existence d'atteintes à l'intégrité physique : Certaines règles prohibent les transfusions sanguines, le recours à la médecine, etc.
- l'embrigadement des enfants : Les mineurs, considérés comme vulnérables, ne disposent pas de la faculté de choisir.
- le discours anti-social : Chaque groupe prône une idéologie proche de la Rédemption : le disciple, curieux, voire fasciné, acquiert un savoir réservé, avec un langage nouveau. Les certitudes péremptoires, impossibles à contester, exclusives et inaccessibles aux non initiés, demeurent imperméables à toute remise en question.
- les troubles à l'ordre public : Lorsque les mouvements enfreignent la loi pour recruter des adeptes : prosélytisme, envoi de DVD "éducatifs" sans mentionner les liens entre l'organisme expéditeur et le groupe sectaire, réutilisation de données privées, fraudes fiscales, entrisme, etc.
- l'importance des démêlés judiciaires : En raison de pratiques illégales et punies par la loi, certains groupes sectaires sont habitués des tribunaux pour différents motifs. Détention de stupéfiants, viols d'enfants, substitution d'enfants, mauvais traitements, refus de soin sur des mineurs, harcèlement moral en sont quelques exemples.
- les tentatives d'infiltration des organisations : Depuis plusieurs années, les entreprises sont la cible de mouvements sectaires. Des groupuscules, par le biais de formations dites professionnelles, tentent d'enrôler de nouveaux individus.
Les conséquences peuvent être nombreuses sur le comportement d'un adepte, notamment la transformation de sa personnalité. La prescription de postures particulières, la répétition de gestes identiques, une gestuelle effectuée rituellement et collectivement, certains exercices respiratoires ou d'expression corporelle, le recours systématique à l'hypnose, etc., en sont les causes. Le premier danger est l'absence de recul du jeune adepte qui connaît une phase de bonheur, au sein du groupe, dans les premiers temps. Certains auteurs ont qualifié cette phase "lune de miel sectaire".