L'idée peut paraître farfelue, mais elle n'est pas absurde. En cette période où les étals des librairies débordent de titres de la rentrée dont on a à peine entendu parler (et puis on ne peut faire confiance à personne), comment évaluer notre envie d'acheter ou de lire un livre inconnu ? Le plus souvent, en lisant ses premières lignes. Seulement, les écrivains se surpassant souvent dans les première pages pour capter l'attention du lecteur, celles-ci ne peuvent garantir la qualité de ce qui va suivre. Ainsi un livre qui démarre très fort peut très bien s'avérer creux, ennuyeux, écrit avec les pieds, au bout de quelques pages. (Qui ne s'est jamais fait avoir ?)
C'est donc pour cette raison que Ford Madox Ford (qui porte un super nom), en son temps, recommandait "d'ouvrir le livre à la page 99" : "et la qualité du livre entier vous sera révélée". Fidèle à ces conseils, le site page99test.com, dont le lancement est prévu pour le mois prochain, proposera aux écrivains et aux aspirants écrivains d'y publier la 99e page de leurs oeuvres. Les lecteurs de passage pourront quant à eux exprimer leurs impressions après le fameux test de la page 99.
Mais pourquoi la page 99 ? Pour un grand nombre d'ouvrages, elle se situe à peu près au tiers ou au quart du roman. A cet endroit-là du livre, les personnages sont censés être posés. Le rythme (à supposer qu'il y en ait un) aussi. On est assez avancé dans le livre pour obtenir quelques indices concernant l'intrigue. Pas assez loin pour être spoilé...
Evidemment, on peut s'empêcher de faire nous aussi le test avec les livres qui nous tombent sous la main.
En un monde parfait de Laura Kasischke : "Tandis que la pluie commençait de leur tomber sur la tête et les bras en grosses gouttes tièdes, les invités s'avancèrent prudemment autour de la tente affaissée et levèrent leur verre pour lancer à l'unisson, comme s'ils avaient répété : "A ce couple Parfait !"(...)"
En Attendant Babylone d'Amanda Boyden : "Joe vient de subir coup sur coup trois séries de séances de chimiothérapie. Philomenia ne croit pas l'homme qui a passé l'essentiel de sa paisible existence à dégoiser lors de longs déjeuners dans le Vieux Carré capable de survivre à ces épreuves. Elle imagine sa vie sans lui. (...)"
Le Réprouvé de Mikaël Hirsch : "La première de mes rencontres avec Céline eut lieu en juillet 1952. A l'époque, je n'avais pas encore de moto et prenais donc le train à la gare de Montparnasse pour me rendre à Meudon. Gallimard l'avait cueilli dès son retour en France."
Six mois, six jours de Karine Tuil : tiens, c'est une page blanche. Il faudrait demander à Ford Madox Ford si dans ce cas ça marche avec la page 98.
Reste à se lancer dans la lecture de ces livres et à vérifier si le jugement porté sur la page 99 correspond à celui que l'on se fait finalement du livre dans son intégralité. Allez. Faites vous aussi le test de la page 99 pour décider de sa fiabilité (il est vivement déconseillé d'appliquer ce principe à un film).
Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
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Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
Comme dirait Naulleau, la vie est trop courte pour lire des mauvais livres.
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
je savais que tu allais répondre
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
L'idée est pas mal quand même, mais intéressera surtout les gens qui ne savent pas quoi lire. Parce qu'un féru de SF s'impliquera même dans les mauvaises lectures afin d'étayer son univers de "à ne pas commettre", de saisir à force d'expériences les mauvais tours d'auteurs peu connus, les récurrences, les clins d'œil. Sachant qu'une lecture rapide est possible si le livre est vraiment mauvais.
Ou même des lecteurs comme moi, qui lisent rarement, savent déjà ce qu'ils voudront lire ou non en s'informant un minimum du contenu.
Après dans le cas où on ne voudrait pas perdre du temps à lire de la merde, alors il est presque conseillé de lire les auteurs connus, et du coup d'être à peu près sûr de ce qu'on va lire...
Ou même des lecteurs comme moi, qui lisent rarement, savent déjà ce qu'ils voudront lire ou non en s'informant un minimum du contenu.
Après dans le cas où on ne voudrait pas perdre du temps à lire de la merde, alors il est presque conseillé de lire les auteurs connus, et du coup d'être à peu près sûr de ce qu'on va lire...
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
Un essai en vraie grandeur. Je me suis tapé la copie de la page 99 et un peu 98 pour comprendre!
Alors???
L'heure est venue de peindre le portrait en pied du Lieutenant criminel Besson, dont nous avions esquissé dans notre première chronique la brutale trahison quand il changea d'armée au coeur de la bataille, passant du parti social au parti impérial et qu'il devint le singe de sa majesté. ce fut une jolie prise de guerre, l'homme était à la botte de Notre vénéneux monarque et dépendait de ses victoires.
L'art du retournement était inscrit dans son caractère. Né à Marrakech, le Transfuge Besson avait très jeune regardé les charmeurs de serpents à la sortie des souks, sur la grande place. Il avait étudié que ces reptiles n'obéissaient point à la musique mais aux coups de flûte qu'ils prenaient sur la tête; cette observation nourrit sa violence rentrée et ses futures colères. s'il apprit aussi à séduire, il ne savait point sourire, lorsqu'il s'y essayait sa bouche déformée exprimait plutôt une douleur. Du Maroc il avait tout aimé, du soleil à la semoule, mais son destin commença rudement. Son père un aviateur, était mort en vol avant sa naissance, aussi se retrouva t il très tôt et pour quatre ans dans un pensionnat catholique sévère, à Temasa, près de casablanca. Il y vécut solitaire, renfermé,fuyant la camaraderie, mais il découvrit comme le Comte Chatel les leçons des pères jésuites qui lui expliquèrent comment se mettre à la place de l'adversaire, pour dévoiler sa statégie avant de la tailler en brochettes; et mille autres roublardises.
lorsque plus tard le Transfuge Besson se maria, ...
Page 99 sur 175
Quatrième chronique du règne de Nicolas I
Patrick Rambaud
Alors???
L'heure est venue de peindre le portrait en pied du Lieutenant criminel Besson, dont nous avions esquissé dans notre première chronique la brutale trahison quand il changea d'armée au coeur de la bataille, passant du parti social au parti impérial et qu'il devint le singe de sa majesté. ce fut une jolie prise de guerre, l'homme était à la botte de Notre vénéneux monarque et dépendait de ses victoires.
L'art du retournement était inscrit dans son caractère. Né à Marrakech, le Transfuge Besson avait très jeune regardé les charmeurs de serpents à la sortie des souks, sur la grande place. Il avait étudié que ces reptiles n'obéissaient point à la musique mais aux coups de flûte qu'ils prenaient sur la tête; cette observation nourrit sa violence rentrée et ses futures colères. s'il apprit aussi à séduire, il ne savait point sourire, lorsqu'il s'y essayait sa bouche déformée exprimait plutôt une douleur. Du Maroc il avait tout aimé, du soleil à la semoule, mais son destin commença rudement. Son père un aviateur, était mort en vol avant sa naissance, aussi se retrouva t il très tôt et pour quatre ans dans un pensionnat catholique sévère, à Temasa, près de casablanca. Il y vécut solitaire, renfermé,fuyant la camaraderie, mais il découvrit comme le Comte Chatel les leçons des pères jésuites qui lui expliquèrent comment se mettre à la place de l'adversaire, pour dévoiler sa statégie avant de la tailler en brochettes; et mille autres roublardises.
lorsque plus tard le Transfuge Besson se maria, ...
Page 99 sur 175
Quatrième chronique du règne de Nicolas I
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
merci de ce test, franchement, je trouve que c'est concluant.
ces quelques lignes donnent envie d'en connaitre davantage.
enfin, c'est mon ressenti.
ces quelques lignes donnent envie d'en connaitre davantage.
enfin, c'est mon ressenti.
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l'étrange voyage de Monsieur Daldry passe le test de la page
Faut-il emporter en vacances le dernier Marc Levy? LEXPRESS.fr lui fait passer le crash-test de la page 99.
D'après l'éditeur anglais Ford Madox Ford, il est possible de juger de la qualité d'un livre sur le foi de sa seule page 99. Comment le dernier Marc Levy, vendu à plus de 200 000 exemplaires depuis sa parution (Source Edistat), passe-t-il ce test?
Le livre
L'ouvrage, paru en avril dernier, s'intitule L'étrange voyage de Monsieur Daldry. C'est le douzième ouvrage de Marc Levy, qui débuta sa carrière d'écrivain en 1999 avec Et si c'était vrai... L'étrange voyage... est un pavé de 422 pages, avec une couverture aux tons doux, illustrée d'une photo nostalgique.
La page 99
Soyons honnêtes. Le texte est écrit très gros, et personne ne se contentera d'une page pour s'en faire une idée. Dérogeons à la règle en lisant les pages 99 et 100.
Deux protagonistes, le fameux Daldry et une certaine Alice, dînent chez cette dernière en discutant. Voilà pour l'action. En voici deux extraits:
Ils dînèrent devant la malle, Alice avait ouvert une bouteille de gin. Daldry buvait volontiers, mais n'avait aucun appétit. Il se força à manger un peu d'omelette, par pure courtoisie.
- Je m'étais juré, dit-il au milieu d'un silence, d'aller un jour m'entretenir d'homme à homme avec lui.
Je me moquais bien de ce qu'il pouvait me léguer, je laissais ce genre de préoccupation à mes frère et soeur. La seule chose que j'espérais trouver était un mot, une lettre qu'il m'aurait laissée. Ma mère m'a pris dans ses bras et m'a dit : "Mon pauvre chéri, il ne t'en a écrit aucune."
Notre lecture
Malgré l'absence d'action, mise à part la dégustation d'omelette - on a connu plus excitant comme plat littéraire -, le texte livre beaucoup d'éléments.
On ne sait si Alice est une amie, une amante, une lointaine cousine... Elle endosse dès le début de la page 99 un rôle maternel : "Vous mangerez quand même, c'est nécessaire" répond-t-elle à Daldry qui rechigne. Elle lui prépare ensuite une omelette, plat simple mais convivial, qu'ils dégustent "devant la malle". Cette malle a-t-elle son importance ? C'est un mystère. Au milieu de la page, une bouteille de gin fait son apparition, à l'initiative de l'hôtesse : s'agit-il d'une scène de séduction ("La barbe vous va plutôt bien" dit-elle) ? Cherche-t-elle à délier la langue de Daldry qui semble subir un coup dur?
A grand renfort de gin, Daldry se livre, parle d'un "lui", mystérieux et disparu, avec qui il avait des comptes à régler. Alice, rassurante et maternelle, répond des phrases telles que : "Même s'il s'interdisait de vous le dire, je suis certaine qu'il vous admirait."
Résultat, à la fin de la page, les questions foisonnent : qui est cette gentille Alice? Qui est ce Daldry et quel est son mal-être? Qui est ce "lui" qui a bafoué la liberté d'être de Daldry? Que viennent faire ici cette malle, et cette omelette?
Et le suspense s'en fut
Si la page 99 laisse planer un peu de suspense, la page 100 fait de suite retomber le soufflé. Exit la malle et l'omelette, place au père, le "lui" disparu. Cette découverte intervient dès la 2e ligne, on aurait mieux fait de ne pas tourner la page.
Daldry s'épanche sur une page entière, une histoire triste d'incompréhension père/fils, rythmée par les interventions d'Alice: "Quoi que vous pensiez, vous étiez son fils", "Vous étiez redevenu un enfant, Daldry, vous veniez d'enterrer votre père". Un peu cliché?
Cette page 100 nous en apprend beaucoup -trop ?- sur Daldry et son arbre généalogique: le père, la mère, les frère et soeur passent en revue. On apprend que Daldry est peintre, et que s'arracher à son enfance et à la maison où il a grandi lui a tiré les larmes. Beaucoup d'infos en peu de place ...
Verdict
Malgré cette accumulation de frustrations et de déceptions de Daldry, malgré la gentillesse d'Alice, malgré le fait qu'on aime les hommes à barbe, non, vraiment, on n'accroche pas à ces deux pages.
Et ce n'est pas faute d'avoir essayé puisque nous avons été intrigués par la page 99. Mais l'écriture est bien trop mécanique, et le texte reste aussi plat que l'omelette. A cause un trop plein d'informations et de ficelles bien trop visibles, les personnages ne prennent pas réellement vie. Il est clair que le personnage d'Alice se transforme en faire-valoir avec des phrases bien-pensantes pour permettre de dérouler le récit de Daldry. Il est clair qu'on cherche l'émotion du lecteur avec une telle accumulation.
Après lecture de ces deux pages, vient à l'esprit une première conclusion: l"'étrange voyage" serait simplement celui d'un fils qui s'extirpe de l'enfance pour rejoindre le monde des adultes à la mort de son père. Et trouver aussi vite cette clé ne donne pas vraiment envie de lire la suite.
- axl
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
si un livre me prend pas aux tripes au bout de 10 pages,c'est mort!
RIEN NE DURE AU DESSUS DE LA CEINTURE...
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"Tuer le père" passe le test de la page 99
Faut-il emporter pour cette fin de vacances, le pari de l'été d'Amélie Nothomb? Tuer le père passe le test de la page 99.
D'après l'éditeur anglais Ford Madox Ford, il est possible de juger de la qualité d'un livre sur le foi de sa seule page 99. Amélie Nothomb, auteure chérie des Français, sortira-t-elle vainqueure du test de la page 99?
Premières impressions
Tuer le père. Un titre provocateur. Une couverture rouge sang qui interroge par l'expression faciale indéfinissable de l'auteur, dont le portrait est imprimé à l'encre noire. On pense à Dostoievski, à Shakespeare, puis évidemment à Freud. Le parricide est un thème récurrent dans la littérature auquel s'attaque une des auteures de langue française les plus électrisantes de ces 20 dernières années. Ca promet. Quoique, cela fait déjà quelques temps que Nothomb surprend plus par sa productivité intensive et son écriture automatique et trop explicitement provocatrice -sans oublier ses chapeaux-, que par son heureuse et intelligente marginalité innovante des débuts.
Tuer le père
Le livre -son 20e- paraît ce jeudi 18 août, un an jour pour jour après Une Forme de vie. Il se présente sous la forme d'un petit roman de 150 pages tout pile.
Il n'est pas facile de s'attaquer à une seule page d'un roman d'Amélie Nothomb puisqu'elle interroge et confronte toujours son lecteur, malgré les facilités auxquelles elle cède souvent depuis quelques années maintenant. En décortiquer une page peut s'avérer être un exercice surréaliste.
La page 99
Deux protagonistes, Christina et Joe, échangent à propos du LSD, se demandant qui, de ceux qui les entourent, en a consommé. Voici deux extraits:
"-Il a pris du LSD, lui aussi ? demanda Joe.
-Impossible, répondit Christina. Tu ne peux pas exercer un métier dangereux sous acide."
"Quand beaucoup de gens sont sous acide quelque part, même ceux qui ne le sont pas ont l'impression de triper".
La lecture
En théorie, il ne faut pas en attendre long en ouvrant un roman de Nothomb au hasard, tellement tous les éléments sont distillés. Et pourtant. On sait qu'il y a un Joe. Une Christina. Qu'il est question de drogue et de soda, d'un métier dangereux et d'une théorie incongrue sur le pouvoir de "contact high", sorte de contagion mentale collective provoquée par la prise de LSD. On apprend également que Joe souhaite garder le contrôle . "Il faut que j'évite ça. Je veux rester lucide". On déduit donc que les deux personnages ont pris de l'acide et qu'ils se rendent dans une boîte de nuit.
La lecture de cette page laisse un peu coi. Non pas qu'elle soit dénuée d'informations. Il faut savoir lire entre les lignes. Simplement, on comprend sans comprendre et la simplicité nothombienne frustre parfois. Le style est concis mais peu alléchant. Néanmoins, les phrases courtes apportent, d'une certaine manière, de la matière à l'ambiance énigmatique de la scène.
Vingt-quatre lignes c'est un peu court. Tournons la page.
La page 100... Notre verdict
Les quelques lignes qui suivent la page 99 nous en apprennent plus. Ouf! Le but n'étant pas de "spoiler" le livre, rien ne sert d'en faire un résumé. Un triangle amoureux pointe le bout de son nez, les effets de l'acide se font sentir, Joe fait preuve d'une fourberie intrigante, quelque chose se trame...
Les histoires tordues de Nothomb se retrouvent toujours en tête des ventes et ce n'est pas aujourd'hui que les choses vont changer. Si on peut lui reprocher son écriture quasi automatique qui refroidit nettement par moment, on peut saluer les thèmes abordés et s'impatienter quelque peu, à la lecture de ces deux pages, de voir le traitement qu'elle en a fait. On a envie de lire la suite, et c'est le principal.
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
Moi c'est quand je commence à en lire trois ou plus à la fois, c'est mauvais signe!axl a écrit : si un livre me prend pas aux tripes au bout de 10 pages,c'est mort!
Quand j'aime, je plie la lecture en 24 ou 48 heures au plus. Il y en a cependant que j'ai gardé plusieurs mois pour m'endormir; la lecture de une à deux pages me jettent dans les bras de Morphée comme on dit.
C'est mieux qu'un somnifère.
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
Cinquième chronique du règne de Nicolas I (Patrick Rambaud de l'académie Goncourt)
Ils arrivaient en foule devant les grilles du château qui tremblaient sous leurs coups. Il y avait des vieux, des jeunes, des hommes et des femmes, des employés, des paysans, des professeurs, des lycéens, des juges, des médecins, des précaires, des furieux des chômeurs des indignés et des fatigués. Sa majesté demanda ce qu'ils criaient. Le cardinal de Guéant, qui avait l'oreille fine, lui répondit: "Ils crient dégagez, Sire!"Tandis que l'équipage de son Falcon 900 séjournait une dizaine de jours à l'hôtel cinq étoiles Pyramisa, le duc et sa famille nombreuse (note: Le duc de Sablé)
98
furent hébergés dans la maison privée de l'hôtel Mövenpick, sur l'île Elephantine, puis, d'Assouan ils se rendirent en jet au temple d'Abou-Simbel pour s'émerveiller parmi des policiers égyptiens, puis ils bénéficièrent d'un tour en bateau sur le Nil et admirèrent un soleil orange se coucher sur les dunes. Dès qu'on critiqua ce voyage familial et gratuit, le duc répliqua qu'il avait rencontré le pharaon pendant au moins une heure et demie, et qu'ils parlèrent d'autres problèmes selon lui plus pressants, laissant ses employés du ministère imaginer de foudroyantes dérobades, qui furent piteuses : « Quand il vient en France, est-ce que M. Obama paie ses vacances ? » Non ? Sans doute, mais il logeait à son ambassade et pas au Ritz.
Nous arrivions de la sorte au plus grave de ces congés payés qui, s'ils ne coûtaient point au contribuable, coûtaient en image, en politique et en morale. Une fois encore, si elle n'avait pas ouvert la bouche, la duchesse de Saint-Jean-de-Luz s'en sortait indemne, mais elle crut bon de s'exprimer dans l'hémicycle devant les représentants. Pardonnez cette audacieuse comparaison, mais ce jour-là, cette ministre au mutisme proverbial qui lui valait une surprenante longévité, ressembla au Porthos de M. Alexandre Dumas ; à la fin du Vicomte de Bragelonne, ce gigantesque mousquetaire courait dans un souterrain miné, quand brusquement il s'arrêta net: "Pourquoi est ce que je mets un pied devant l'autre pour courir?" de demanda t il. Cette pensée le tua puisque la montagne s'écroula sur son dos. Ainsi le premier jour ou il se mit à réfléchir, Porthos en mourut.
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
le test est concluant, ça attise ma curiosité
quel esprit ce Rambaud .
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Re: Le test de la page 99 : pour savoir si un livre vous plaît
Pour bien saisir de quoi il s'agit j'ai mis 98 et 99.
Pour connaitre ce qu'ont fait les lapins? ma foi il faudra acheter le livre.
Ah! Le titre:
La Malédiction du Cloporte et autres histoires de parasites de Christine Cousteau et Olivier Hertel éditions Taillandier.
On y apprend que les parasites sont partout sur cette terre que bien souvent c'est une lutte terrible entre parasite et parasité sauf dans le cas où il y a une aide mutuelle. On nous explique aussi que parfois des interactions sont tellement étroites que l'un des associés est totalement et irréversiblement intégré à un autre organisme. Pire il peut ne plus exister en tant qu'être vivant quand seuls ses gènes se sont intégrés au génome d'un autre. D'où des interrogations sur la notion d'identité.
J'ai toujours ce livre avec moi qui sait? il m'a parasité?
Pour connaitre ce qu'ont fait les lapins? ma foi il faudra acheter le livre.
Ah! Le titre:
La Malédiction du Cloporte et autres histoires de parasites de Christine Cousteau et Olivier Hertel éditions Taillandier.
On y apprend que les parasites sont partout sur cette terre que bien souvent c'est une lutte terrible entre parasite et parasité sauf dans le cas où il y a une aide mutuelle. On nous explique aussi que parfois des interactions sont tellement étroites que l'un des associés est totalement et irréversiblement intégré à un autre organisme. Pire il peut ne plus exister en tant qu'être vivant quand seuls ses gènes se sont intégrés au génome d'un autre. D'où des interrogations sur la notion d'identité.
J'ai toujours ce livre avec moi qui sait? il m'a parasité?
La ruse des passiflores
Changement de décor. Cet exemple, comme celui des lions, n'est pas un cas de parasitisme, mais il nous aide à comprendre la notion de course aux armements. Cette fois la guerre se déroule dans nos jardins, autour des passiflores. Ces plantes sont très prisées des jardiniers pour leurs fleurs étranges. L'espèce Passiflora edulis est aussi très appréciée des amateurs de fruits exotiques pour sa production des fameux fruits de la passion. Mais les passiflores ne sont pas du goût de tous et en particulier des insectes. Elles produisent dans leurs feuilles des substances toxiques qui les mettent à l'abri des ravageurs les plus voraces. Seuls les Heliconius s'en sont plus ou moins accommodés. La chenille de ces papillons se moque du poison fabriqué par la plante. Elle le dégrade à l'aide d'une enzyme digestive. Une précaution tout de même : l'animal ne doit pas manger n'importe quelle passiflore. Car chaque espèce de chenille est adaptée à une espèce bien particulière de la plante.
Bien décidées à ne pas se laisser si facilement dévorer, les passiflores ont trouvé une nouvelle ruse pour détourner l'appétit des chenilles. Elles exploitent le comportement de l'insecte au moment de la ponte. Quand la femelle papillon doit déposer ses oeuf sur la plante, elle choisit habituellement des feuilles où ne se trouvent pas les œufs d'une autre femelle. Cela évite par la suite une compétition entre bandes rivales de chenilles pour savoir qui va manger la plante. Premier arrivé, premier servi. Un principe que les passiflores retournent à leur avantage. Elles sont capables d'exhiber sur leurs feuilles
LA COURSE AUX ARMEMENTS 99
des nectaires, tissus produisant la nectare, dont les excroissances ressemblent comme deux gouttes d'eau aux oeufs du papillon. L'animal, pensant que la place est déjà occupée, va donc déposer ses pontes plus loin.
En résumé, la coévolution de la plante et de l'insecte s'est déroulée en plusieurs étapes. D'abord les passiflores se mettent à produire des toxines pour éviter de se faire dévorer par les chenilles. Mais les chenilles s'adaptent en développant des enzymes qui neutralisent les toxines. L'adaptation se fait même par une extrême spécialisation, c'est-à-dire que chaque espèce d'Heliconius est adaptée à une espèce particulière de passiflore de façon que l'insecte soit le seul à exploiter sa ressource. Réaction de la passiflore : elle « invente» des nectaires qui ressemblent aux oeufs des Heliconius. La plante évite ainsi d'être systématiquement dévorée par l'insecte. Ce système de défense sera efficace jusqu'à ce qu'un papillon plus perspicace que les autres réalise la duperie et ponde quand même sur les feuilles à nectaires. Celui-là sera avantagé par une ponte plus facile. Il aura une descendance plus abondante et finira par s'imposer. Pas de triomphalisme toutefois, car il devra s'attendre à ce que les passiflores sélectionnent une nouvelle ruse pour contrer sa perspicacité et celle de ses descendants.
Cet affrontement sans fin rappelle la course aux armements à laquelle se livraient les Etats-Unis et l'URSS durant la guerre froide. Les deux rivaux ne cessaient d'améliorer et d'élargir leur arsenal respectif en réaction aux évolutions des armes du camp adverse. Entre les espèces, c'est toujours la guerre froide. Et entre les parasites et les parasités, la course aux armements, c'est la routine.
La guerre des lapins
Au début, en 1859, ils n'étaient que 24 lapins, ou plutôt 12 couples, enfermés dans des cages et débarqués sur les ....