la Grèce va demander une nouvelle aide internationale

[tisiphoné]

Athènes est dans l'embarras. Le plan d'aide de 110 milliards d'euros accordé par l'Europe et le FMI en 2010 n'y aura pas suffi. La Grèce va très probablement devoir une nouvelle fois faire appel à la solidarité européenne. 20 à 25 milliards d'euros pourraient être mis sur la table.

Après onze mois de rigueur drastique, les résultats de la réduction du déficit budgétaire sont "mitigés", estime l'économiste Thibault Mercier de BNP-Paribas. Malgré la réduction de 5 points de PIB du trou annuel de l'État, de 15,4 % en 2009 à 10,5 % du PIB en 2010, l'objectif fixé d'arriver à un déficit de 8,4 % n'a pu être atteint. En cause, des recettes budgétaires très décevantes. La rigueur s'est révélée très défavorable à la croissance, la récession ayant atteint 4,5 % du PIB en 2010. Si le gouvernement socialiste de Georges Papandreou a bien coupé dans les dépenses de l'État, il s'est surtout révélé incapable de faire diminuer significativement la fraude fiscale, un quasi-sport national en Grèce.

La dette explose

Les multiples efforts n'ont pas permis d'enrayer l'augmentation exponentielle de la dette publique. Celle-ci est passée de 127 % du PIB à près de 143 fin 2010, selon Eurostat. En 2011, elle pourrait atteindre les 150 % du PIB ! Si bien qu'en l'absence de toute nouvelle aide, Athènes aurait à trouver plus de 40 milliards d'euros en 2012 sur les marchés pour financer sa dette.

Mais les taux imposés par les investisseurs sont rédhibitoires. Ils ont dépassé le seuil des 20 % à court terme (deux ans), un taux supérieur à celui à 10 ans, qui tourne autour de 10,5 %, ce qui interdit pour l'heure tout retour sur les marchés. Une telle inversion de taux demandés pour les différentes maturités d'obligations souveraines reflète l'état d'esprit du marché. Il anticipe une restructuration de la dette, qui pourrait contraindre les investisseurs à patienter avant de se faire rembourser leurs titres voire à essuyer des pertes. C'est pour cette même raison que l'agence de notation Standard and Poor's a une nouvelle fois dégradé la note du pays de B à BB- dans la catégorie des emprunts peu fiables.

Les banques françaises, les plus exposées

Les grandes banques françaises seraient les plus engagées en Grèce devant les établissements suisses et allemands. Selon le quotidien Les Échos, leur part de la dette souveraine est de plus de 13 milliards d'euros au 31 décembre 2010. Mais si on ajoute l'ensemble des crédits à l'économie grecque elle-même, cette somme pourrait monter jusqu'à 60 milliards d'euros.

Voilà pourquoi les ministres de l'Économie et des Finances de l'Union européenne ne veulent pas entendre parler d'une restructuration. La Grèce négocierait donc avec ses partenaires européens non seulement pour une nouvelle aide, mais aussi pour une réduction des taux d'intérêt (déjà abaissés une première fois de 5 % à 4,2 %) qui lui sont demandés en échange des 110 milliards d'euros de prêts déjà accordés. En contrepartie, Georges Papandreou devrait avoir à accélérer les privatisations en cours pour limiter les besoins financiers du pays. La troïka (Union européenne, FMI et banque centrale européenne) évalue sur place depuis mardi les besoins d'Athènes.

[Jarod1]

C'est le tonneau des Danaïdes !

[dinosaure]

il s'est surtout révélé incapable de faire diminuer significativement la fraude fiscale, un quasi-sport national en Grèce.

Tout est dit !
En France on est beaucoup plus fort : on rend la fraude fiscale légale.

[scorpion3917]

Mais d'où viennent tous ces milliards ?

[dinosaure]

Mais d'où viennent tous ces milliards ?

De nulle part. C'est juste un cautionnement.

[miragen]

la crise d'Athènes n'est que la partie émergée de l'iceberg .
Pourra t on aider les Portugais, puis les Irlandais, puis les Espagnols aussi généreusement ?
J'ai l'impression que l'Europe a mangé son pain blanc en premier .
Autant l'Europe des 6 aurait pu se construire, autant y intégrer des pays moins nantis étaient une grave erreur .
Je voudrais me tromper mais je crains que la Grèce soit le début d'une hécatombe dont les plus fragiles ne se relèveront pas .

[Fonck1]

Nous y passeront aussi.avec les panier percés qui nous dirigent,on est pas loin du compte.....

[tisiphoné]

Après l'inculpation aux Etats-Unis du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le gouvernement grec perd un allié de poids à un moment crucial face à Berlin, la City et Wall Street qui poussent Athènes à procéder à une restructuration dure de la dette du pays.

Hué et conspué dans les manifestations à Athènes, le patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, a, en 2010, obligé l'Europe à vaincre ses querelles pour sauver la Grèce de la faillite et éviter alors une probable explosion de la zone euro, en échange de mesures d'austérité drastiques.

Dimanche, M. Strauss-Kahn, arrêté par la police new-yorkaise pour agression sexuelle, a raté un rendez-vous crucial qui devait être consacré à la Grèce, avec la chancelière allemande Angela Merkel, fortement réticente l'an dernier à mettre la main au portefeuille pour aider Athènes et maintenir l'unité de la zone euro.

Au cours de la réunion devait être évoqué un éventuel deuxième paquet d'aide en échange de nouvelles mesures d'austérité et de privatisations supplémentaires, DSK affirmant il y a quelques jours encore que la Grèce pouvait s'en sortir sans restructurer sa dette, si elle menait à bien tous ses projets.

Au contraire, les marchés tablent depuis des mois sur une restructuration de la dette grecque. Selon un sondage, 85% des investisseurs internationaux jugent un défaut de paiement de la Grèce inévitable.

Dès dimanche, les médias grecs ont estimé que le gouvernement socialiste grec de Georges Papandréou avait "perdu un allié".

La télévision publique Net a rappelé que le chef du FMI "avait aidé la Grèce" lors des négociations avec l'UE pour décrocher l'aide au pays, face au nein des Allemands qui ont traîné des pieds pendant plusieurs mois en 2010 avant d'accepter de participer à un plan de sauvetage.

Parfaitement germanophone, le patron du FMI avait fini l'an dernier par trouver un accord avec la chancelière, en contrepartie d'une participation à l'effort du FMI, qui a mis sur la table 30 milliards d'euros pour aider la Grèce, le plus gros prêt jamais débloqué par l'institution.

Lundi, la presse grecque s'accordait pour juger que l'affaire DSK allait compliquer les efforts du gouvernement pour obtenir un nouveau soutien de ses partenaires face à ses difficultés financières.

"Athènes en détresse", jugeait le libéral Kathimérini, relevant que le patron du FMI était "à l'avant-garde des discussions récentes sur une possible nouveau prêt UE-FMI à la Grèce". "L'arrestation du Français semble compromettre ces négociations", ajoutait le journal.

"La femme de chambre bloque la Grèce", titrait en une Elefthérotypia (gauche), pourtant d'habitude très critique de la férule du FMI sur le pays, prédisant désormais "une ligne plus dure du FMI envers la Grèce".

Ce journal reflète ainsi l'ambivalence des Grecs envers DSK, incarnant à la fois une institution honnie et un europhile social démocrate capable de tenir tête à la seule loi des marchés.

Le journal de droite populaire Elefthéros Typos, opposé au plan d'austérité dicté au pays par le FMI et l'UE, était du coup le seul à céder à l'ironie: "La femme de chambre a résisté ... au violeur du FMI".

Dès fin 2009, l'ancien ministre français des Finances socialiste, devenu numéro un du FMI, avait répondu présent aux sollicitations du fraichement élu Georges Papandreou qui cherchait une solution pour sauver son pays, plombé par d'énormes déficits cachés par le précédent gouvernement conservateur.

"La situation en Grèce aurait certainement été meilleure si l'UE et le FMI avaient pu aider la Grèce plus tôt", avait regretté DSK le 4 avril dernier.

A l'époque, la presse populaire allemande conseillait aux Grecs de vendre leurs îles pour résorber leurs dettes.