Pour les deux avocats de Dominique Strauss-Kahn, c'est une course de fond pour trouver la faille qui permettra à l'ancien directeur du FMI d'éviter la prison pour agression sexuelle et tentative de viol. D'après Libération (article payant), une erreur de procédure pourrait être exploitée dès la prochaine audience, le 18 juillet. Il s'agirait ainsi, pour les deux ténors, de contester la légalité de l'identification de DSK par la plaignante le 15 mai, au lendemain de son arrestation à New York.
Nafissatou Diallo, qui accuse DSK d'avoir tenté de la violer dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York, a formellement identifié le Français derrière une vitre sans tain dans le commissariat de Harlem, le dimanche 15 mai vers 16 heures. Mais d'après le compte rendu publié par le bureau du procureur le 16 mai, la femme de chambre aurait déjà identifié l'ancien patron du FMI par deux fois, la veille : une première fois le samedi, jour de l'agression présumée, après que le personnel du Sofitel lui a présenté une photo de l'ex-patron du FMI, et quelques heures plus tard, dans les locaux de la police, alors que le visage de DSK apparaissait à la télévision.
"IMAGE DE L'ACCUSÉ EN TÊTE"
Pour les avocats Benjamin Brafman et William Taylor, l'identification formelle de DSK est donc irrecevable car elle a été faussée. "C'est largement plaidable car ils peuvent souligner que la victime présumée avait déjà l'image de l'accusé dans la tête quand on lui a demandé de l'identifier", commente Bradley Simon, un avocat new-yorkais interrogé par Libération.
Selon le quotidien, le procureur semble déjà avoir devancé cet argument, expliquant que les deux premières identifications n'ont pas été "arrangées" par la police et ne pouvaient être évitées. Mais l'argument de la défense pourrait être suffisamment fort pour invalider la procédure.
"ENQUÊTE DÉONTOLOGIQUE"
Parallèlement, en France, le barreau de Paris a ouvert une "enquête déontologique" sur l'avocat choisi pour représenter la femme de chambre dans l'Hexagone. Selon Le Parisien, le bâtonnier de Paris s'interroge sur les méthodes utilisées par Me Thibault de Montbrial, parti à la recherche d'autres victimes potentielles de DSK en France. Pour le bâtonnier, un avocat n'a pas le droit d'aller à la recherche de clients, ce qui peut constituer un "appel à la délation".
L'hypothèse d'une "sanction" est toutefois "prématurée", a précisé le bâtonnier au quotidien. Me de Montbrial a de son côté précisé à l'AFP que l'expression "enquête déontologique" n'avait pas été employée par le secrétariat du bâtonnier lorsque celui-ci l'a appelé afin de fixer un "rendez-vous pour parler du dossier américain". Cette rencontre est prévue vendredi en milieu de journée, a-t-il indiqué.