Son visage est à la Une de tous les journaux du pays. Anders Behring Breivik a été identifié par les médias norvégiens comme étant le principal suspect dans la double attaque sanglante qui a frappé Oslo vendredi 22 juillet.
Entendu depuis son arrestation vendredi, Behring Breivik a reconnu les faits, estimant que les attaques étaient "cruelles" mais "nécessaires". Il a également affirmé avoir "agi seul"
"Il est coopératif", a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police d'Oslo, Viola Bjelland, sans toutefois expliquer son geste.
Fondamentaliste chrétien
Agé de 32 ans, le suspect est décrit comme un "fondamentaliste chrétien" par les enquêteurs ce samedi matin. Les médias norvégiens dépeignent un nationaliste, qui se démarque par ses déclarations hostiles à l'islam sur les forums internet. Proche des milieux d'extrême-droite, le suspect aurait des permis pour le port de trois armes, un pistolet Glock, une carabine et un fusil automatique.
L'homme "a certains traits politiques penchants vers la droite et antimusulmans", avait confirmé plus tôt le commissaire Sveinung Sponheim, "mais il est trop tôt pour dire si cela a été un motif pour son geste".
La chaîne de télévision Netavisen a cité un de ses amis qui affirme que le Norvégien avait eu une enfance très difficile notamment dûe au départ de son père du domicile conjugal. Selon la même source, Anders Behring Breivik aurait été un enfant très réservé avec peu d'amis. Il se serait alors rapproché de l'extrême-droite "parce qu'il avait besoin d'un sentiment d'appartenance".
Avertissement
Selon un manifeste de 1.500 pages mis en ligne moins de trois heures avant les faits, il préparait son opération depuis l'automne 2009. Une vidéo de douze minutes intitulée "Templiers 2083 - Une déclaration d'indépendance européenne" le met également en scène en uniforme, en tenue de franc-maçon et en nageur de combat.
Attention, ces images peuvent choquer. Les propos tenus dans cette vidéo n'engagent en aucun cas la rédaction du Nouvel Observateur.
Six jours avant l'attaque, Anders B. Breivik a posté un unique message sur son compte Twitter : ""Une personne avec une croyance a autant de force que 100.000 personnes qui n'ont que des intérêts". Une citation du philosophe anglais John Stuart Mill, qui sonne rétrospectivement comme un avertissement ce samedi matin.
Sur son profil Facebook, l'homme aux cheveux blonds mi-longs et aux yeux bleus, un Norvégien "de souche" selon la police, se décrit comme "conservateur". Il se présente aussi comme célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux vidéos tels que "World of Warcraft" et "Modern Warfare 2". Anders B. Breivik a aussi été membre d'un club de tir à Oslo, d'après le "Spiegel".
Hostile au multiculturalisme
Un ami d'enfance de Breivik a déclaré au tabloïd "Verdens Gang" que le suspect avait commencé à exprimer des idées radicales il y a plusieurs années, et commencé à afficher des statuts controversés sur Facebook. Le suspect serait aussi franc-maçon, selon le site Aftenposten.no.
Les interventions d'Anders Behring Breivik sur le site
www.document.no témoignent aussi de son refus d'une société multiculturelle.
"Les multiculturalistes seront très gênés si vous mentionnez que, à voir le Japon et la Corée du Sud (qui refusent le multiculturalisme, NDLR), il est tout à fait évident que l'immigration de masse est seulement le résultat de certaines doctrines marxistes, et très rarement la réponse à des besoins économiques ou culturels (...) La question intéressante : pourquoi les Japonais et les Coréens du Sud ne sont-ils pas diabolisés comme les nazis et les fascistes? La réponse, nous la connaissons...", écrit notamment le suspect.
Ou encore : "L'islam a historiquement mené à 300 millions de décès
Le communisme a historiquement mené à 100 millions de morts
Le nazisme a historiquement mené à 6-20 millions de décès
Toutes les idéologies de haine devraient être traités également."
Mais l'homme y prenait aussi ses distances à l'égard du néonazisme.
"Un garçon un peu timide"
Le suspect est également un ancien membre de la formation de la droite populiste, le parti du Progrès (FrP), et de son mouvement pour la jeunesse, a annoncé le parti samedi. "Cela m'attriste encore plus d'apprendre que cette personne a été parmi nous", a déclaré la présidente du FrP, Siv Jensen.
La formation précise que Breivik a rejoint ses rangs en 1999 et qu'il a démissionné en 2007. Il aurait également été un responsable local du mouvement des jeunes du FrP, le FpU, entre 2002 et 2004.
Toujours d'après le parti du Progrès, "ceux qui le connaissaient quand il était membre de l'organisation disent que c'était un garçon un peu timide qui prenait rarement part aux discussions".
Dans un message posté en 2009 sur les forums, Behring Breivik faisait part de ses frustrations à l'égard du parti. "Le problème avec le FrP dans la durée, c'est que dans sa soif de vouloir satisfaire les attentes multiculturelles et les idéaux suicidaires de l'humanisme, il a de bien des façons jeté le bébé avec l'eau du bain", écrivait-il.
"La résistance se limite à écouter les agences de relations publiques et à sortir deux ou trois déclarations avant chaque élection pour s'assurer les voix de la base", ajoutait Breivik.
A la tête d'une ferme
Breivik vivait avec sa mère, d'après le "Spiegel", et avait servi dans l'armée norvégienne. L'homme était apparemment à la tête d'une ferme biologique baptisée "Breivik Geofarm", fondée en 2009 dans la ville de Rena, au nord de la capitale. L'entreprise aurait pu lui donner accès à des engrais chimiques susceptibles d'être utilisés pour la confection d'explosifs.
Les listes fiscales, ouvertes à la consultation publique en Norvège, montrent qu'il n'avait aucun revenu pour l'année 2009 et des sommes extrêmement modiques au cours des années précédentes.
Rien ne permet d'indiquer qu'il y aurait d'autres auteurs que l'homme actuellement interrogé par la police. Mais l'enquête est toujours en cours, a précisé le commissaire Sveinung Sponheim samedi matin.